Coincé entre une présidence national-conservatrice et une majorité fragile, Donald Tusk ressuscite les fantômes du régime communiste en propulsant Włodzimierz Czarzasty au perchoir du Parlement polonais. Un symbole fort du divorce entre le libéralisme pro-européen et la souveraineté nationale.
La scène aurait été inimaginable il y a encore quelques années. Włodzimierz Czarzasty, ancien membre du Parti ouvrier unifié polonais (POUP) – relais fidèle de Moscou durant la guerre froide – a été élu maréchal de la Diète, équivalent du président de l’Assemblée nationale en Pologne. Et c’est Donald Tusk, figure de proue du camp europhile, qui a signé ce pacte aux relents nauséabonds.
Quand le cynisme prend le pas sur la mémoire
Sous la pression d’un président conservateur nouvellement élu, Karol Nawrocki, et d’un peuple qui penche de plus en plus à droite dans les sondages, Tusk agit en homme acculé. Loin du vernis idéologique, c’est le plus vieux réflexe politique qui parle : la survie.
Plutôt que de gouverner avec des personnalités indépendantes ou populaires, le chef du gouvernement choisit le docile. Et tant pis si celui-ci fut jadis proche d’un régime qui a écrasé la Pologne sous la botte soviétique, imposé la loi martiale, réprimé l’Église et abattu 91 citoyens pour avoir manifesté leur soif de liberté. Czarzasty n’a jamais quitté le parti lorsque les rues de Pologne étaient maculées du sang de Solidarnosc.
De Moscou à Bruxelles, la même méfiance envers la souveraineté
L’ironie est amère. Pendant des années, Tusk et ses alliés européens ont accusé les conservateurs polonais de replonger le pays dans l’autoritarisme. Aujourd’hui, c’est lui qui ressuscite les vieilles figures du totalitarisme rouge. Non par conviction, mais par nécessité. Czarzasty a promis d’être le bras du gouvernement dans l’hémicycle, pas un contre-pouvoir.
En vérité, les libéraux europhiles et les vieux communistes partagent une même vision : la souveraineté nationale est une gêne, un problème à contourner. Hier, le maître s’appelait Moscou. Aujourd’hui, il se nomme Bruxelles. Seules les couleurs ont changé. Le fond reste : la Pologne ne doit pas être gouvernée par elle-même.
Un homme aux réseaux troubles
Czarzasty n’est pas qu’un souvenir embarrassant du passé. Après avoir quitté le POUP, il rejoint son successeur, l’Alliance de la gauche démocratique (SLD). C’est via ce réseau qu’il intègre le Conseil national de l’audiovisuel dans les années 2000, en pleine affaire Rywin – scandale de corruption qui mêla presse, politique et affaires dans la Pologne post-communiste.
Jamais inculpé, mais toujours présent là où les coulisses l’emportent sur la transparence. En 2021, il n’hésite pas à suspendre des députés de son propre parti pour cause de désaccord. Le débat démocratique n’est pas sa tasse de thé. La discipline de parti, elle, lui va comme un gant.
Le choix de Tusk passe mal. Même dans son propre camp, des voix s’élèvent. L’ancien président libéral Bronisław Komorowski s’est dit « horrifié » et « offensé » par la nomination de Czarzasty. Les Polonais, eux, n’ont pas oublié les heures sombres du joug soviétique. Et voir à la tête de leur Parlement un homme issu de cette époque est vécu comme une insulte nationale.
Le plus révélateur, dans cette manœuvre, c’est ce qu’elle dit de Donald Tusk. Un Premier ministre fort n’aurait pas eu besoin de pactiser avec les fantômes du passé. Un chef sûr de sa majorité n’aurait pas cédé la discipline parlementaire à un apparatchik en costume neuf. Mais Tusk est faible. Et il le sait.
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