Ukraine : la guerre révèle une Europe spectatrice – et une puissance américaine qui dicte le tempo

Alors que les combats se prolongent en Ukraine, que les drones russes frappent encore les villes et que la ligne de front se modifie au prix de dizaines de milliers de vies, un autre front s’est joué loin des tranchées : celui de l’influence politique. Et là, le constat s’impose, net, brutal, implacable.
L’Union européenne ne pèse plus. Ou du moins, plus assez pour prétendre infléchir seule le destin de la guerre ni celui du continent.

Depuis deux ans et demi, Bruxelles proclame sa « centralité » dans le soutien à Kiev. Déclarations en rafales, conférences, communiqués martiaux, drapeaux azur étoilé à chaque sommet. Mais lorsque se sont multipliées les discussions sur une éventuelle sortie de conflit — projets successifs, variantes diplomatiques, hypothèses sur le statut de la Crimée —, ce n’est pas vers la Commission que les regards se sont tournés.

C’est Washington qui a ouvert les portes. Et l’Europe qui est restée dans le couloir.

Une paix discutée, mais pas négociée par l’UE

La Maison Blanche a pris l’initiative : propositions directes à Kiev, contacts discrets avec Moscou, menace de sanctions pétrolières massives pour forcer la discussion. Ce levier économique, les Européens ne l’avaient ni actionné ni maîtrisé. L’idée même de ramener la Russie à la table vient de là – d’une stratégie américaine, pas d’un consensus bruxellois.

Les capitales européennes, elles, donnaient l’impression de commenter un match auquel elles n’étaient pas invitées à jouer.
Quelques suggestions ajoutées en marge, des responsables expliquant que « l’accord doit être amélioré » comme des correcteurs pédagogiques, tout en sachant pertinemment qu’ils n’avaient pas la plume entre les mains.

Dans les faits, l’Union n’a cessé de parler d’un rôle majeur qu’elle n’exerçait pas.
Un discours de puissance… sans puissance derrière.

Guerre réelle contre puissance imaginaire

La contradiction est violente :

  • l’Europe a armé, financé, accueilli des réfugiés,
  • mais elle n’a jamais dicté le rythme du conflit, ni son cadre politique.  Elle a soutenu. Elle n’a pas dirigé.

La preuve la plus flagrante : même l’utilisation des avoirs russes gelés fait l’objet de querelles internes interminables. Si l’UE peine à s’accorder sur une ligne budgétaire, comment pourrait‑elle conduire une sortie de guerre ?

À côté, la fameuse « coalition de volontaires » censée incarner une réponse militaire européenne n’a existé que sur l’affiche.
Macron et Starmer, très à l’aise sur les plateaux internationaux, beaucoup moins sur le terrain logistique, ont surtout incarné une volonté… dépourvue de moyens. Résultat : pas un centimètre de territoire ukrainien n’a été défendu directement par ce dispositif.

Une crise du pouvoir, mais aussi de sens

Ce déclassement n’est pas seulement militaire ou stratégique.
Une question plus profonde surgit, posée publiquement par plusieurs responsables américains :

Qu’est‑ce que l’Europe défend, au juste ?

Pendant des années, l’élite politique européenne a déconstruit ce qui faisait mouvement, adhésion, identité :
frontières, souveraineté, fierté nationale, continuité historique.
Aujourd’hui, elle tente d’invoquer le patriotisme qu’elle a elle‑même vidé de substance. À qui demander de se sacrifier dans ce contexte ?
Quel jeune ira risquer sa vie pour un sigle administratif à Bruxelles ?

Une armée européenne sans peuple désireux de la porter n’est qu’une fiction.

Le modèle occidental bascule… d’Est en Ouest

Pendant que l’Ouest doute, l’Est s’organise.

Hongrie, Slovaquie, Pologne hier, Balkans demain : une autre vision de l’Europe s’affirme, moins naïve, plus attachée à l’enracinement, aux frontières, à la culture majoritaire. Une Europe qui ne veut pas finir comme les métropoles multiculturelles britanniques ou françaises plongées dans la perte de contrôle migratoire.

Et cette tendance n’est plus marginale :

  • Au Royaume‑Uni, le courant politique le plus dur sur l’immigration progresse.
  • En Allemagne, l’AfD est donnée en tête dans plusieurs Länder.
  • En France, l’hypothèse Bardella président n’a plus rien d’irréel.

L’Europe des nations n’est plus un slogan. C’est un mouvement tectonique.

Ce que montre la guerre d’Ukraine

Les bombes n’ont pas seulement brisé Marioupol et Bakhmout. Elles ont fissuré une illusion : celle d’une Union européenne actorielle, leader moral et stratégique du continent.
La guerre a révélé ce que beaucoup soupçonnaient – parfois sans oser le dire :

L’UE parle la langue des empires mais ne possède ni l’armée, ni la vision, ni le courage politique d’un empire.

Peut‑être est‑ce la fin d’un cycle. Peut‑être l’heure d’un retour au réel.

Non pas une Europe administrative et idéologique, mais une Europe charnelle : faite de frontières, de peuples, de souverainetés.

Une Europe capable de s’allier aux États‑Unis sans se mettre à genoux devant eux. Une Europe qui protège au lieu de sermonner.

La guerre en Ukraine décidera du sort de Kiev. Elle aura peut‑être décidé, déjà, du sort de Bruxelles.

Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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2 réponses à “Ukraine : la guerre révèle une Europe spectatrice – et une puissance américaine qui dicte le tempo”

  1. Pschitt dit :

    L’Europe a eu le tort de considérer, au début de la guerre, qu’une attitude commune serait « naturellement » définie par les Etats-Unis. Il en avait été ainsi depuis 1945. Il y a eu des exceptions comme le refus de la France de s’engager dans la guerre d’Irak mais le cas de l’Ukraine répondait à la logique de l’OTAN, alliance défensive contre l’URSS, et donc contre une tentative de résurgence d’un impérialisme « soviétique ». Simplement, l’Europe n’avait pas imaginé que Donald Trump allait rompre soudain avec la démarche otanienne et avec les alliances historiques pour développer une vision ploutocratique dans laquelle seul compte le profit économique à court terme des Etats-Unis (et peut-être sa prétention personnelle à obtenir le prix Nobel de la paix), quitte à racketter ses anciens alliés avec une offre de « protection moyennant finances » façon mafia sicilienne. L’Europe s’est trouvée prise à contre-pied. Etant donné la nouveauté radicale de la situation, il n’est pas étonnant qu’elle ait pataugé, car non seulement ses institutions sont peu flexibles mais en outre la stratégie trumpienne est d’autant plus difficilement analysable qu’elle change de jour en jour.

    Que l’Europe n’ait pas « dirigé le conflit », c’est évident. Et n’est-ce pas souhaitable ? Son rôle est d’aider l’Ukraine, dans la mesure où l’Ukraine a la volonté de continuer à exister, pas de s’inviter dans une partie de ping-pong entre Etats-Unis désotanisés et Russie resoviétisée.

  2. kaélig dit :

    Ah Ah Ah…L’UE, lâchée dans le conflit RU/UK par le Grand Frère US Patron de la Cour de Récrée Occidentale, teste ses petits bras musclés: « Cà va Ch…., Nous les 3 Pays « Volontaires » (France, GB, Allemagne) allons organiser la résistance à l’invasion de l’Ukraine. ! ».
    Le budget cumulé de la Défense des 27 pays de l’UE est le triple de celui de Poutine, d’ici là à en faire une unité combattante efficace contre Vlad, il y a une marge…Déjà en 14/18, Britanniques et Français peinaient à coordonner leur offensive de la Somme, alors coordonner des actions militaires avec 27 pays au sein d’une Europe qui n’a rien de fédérale en matière de Défense sauf à reconduire le système de l’OTAN, sans les Américains.
    Bon, pour moi qui ai toujours révé d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural (1ere Puissance Mondiale), ne comptez pas sur moi pour alimenter les guerres entre cousins.

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