Président du think tank Nazione Futura, Francesco Giubilei s’est imposé en quelques années comme l’un des visages les plus influents du conservatisme italien. Historien et essayiste, il incarne cette nouvelle génération d’intellectuels pour qui la question européenne ne se limite plus aux négociations institutionnelles, mais touche aux fondements civilisationnels du continent. Sa présence à Bruxelles, lors de la conférence Battle for the Soul of Europe, n’avait rien d’anodin : pour lui, le terrain du débat doit être tenu là où se prennent les décisions — et là où certains cherchent encore à restreindre la parole dissidente.
Bruxelles comme symbole et défi
Giubilei rappelle que le choix de Bruxelles n’est pas neutre. Capitale de l’Union européenne, elle est aussi devenue le théâtre d’une confrontation idéologique entre un projet post-national défendu par les institutions et la vision d’une Europe fidèle à ses nations et à ses racines.
Il souligne que les tentatives passées de perturbations violentes contre des conférences conservatrices — notamment par des mouvances d’extrême gauche — prouvent l’importance de maintenir ces débats au cœur du dispositif bruxellois : défendre la liberté de pensée là où elle est la plus contestée.
Pour Giubilei, l’alternative est désormais claire :
– soit une confédération respectueuse des identités nationales ;
– soit une recentralisation bruxelloise inspirée du modèle « États-Unis d’Europe ».
Le premier modèle préserverait la subsidiarité, principe ancré dans la tradition chrétienne et dans l’histoire européenne ; le second accélérerait l’alignement idéologique observé dans les politiques migratoires, écologiques ou numériques.
Selon le penseur italien, vouloir « plus d’Europe » pour résoudre les échecs actuels revient à renforcer les causes mêmes du problème.
Reconquérir la jeunesse et les espaces culturels
Giubilei insiste sur ce point : la bataille idéologique se gagne d’abord dans la culture.
Et la gauche, selon lui, l’a compris depuis longtemps.
L’influence ne passe plus seulement par les médias traditionnels, mais par les séries télévisées, les réseaux sociaux, les plateformes qui façonnent l’imaginaire des jeunes générations. Si les conservateurs veulent peser, ils doivent investir ces terrains plutôt que les déserter.
Ce n’est pas uniquement une lutte politique. Elle s’étend au domaine judiciaire, où décisions et jurisprudences façonnent les frontières du débat démocratique.
Passer de la défensive à l’offensive
Aux jeunes militants qui cherchent leur place, Giubilei adresse un conseil simple : cesser de s’excuser.
Selon lui, trop de conservateurs se sont laissé enfermer dans des justifications permanentes face aux accusations habituelles — fascisme, racisme, phobie.
Il appelle à reprendre l’initiative sur :
– l’environnement, en revendiquant un conservatisme « vert » ;
– la culture, en retournant les outils gramsciens ;
– l’Europe, en distinguant civilisation européenne et institutions bruxelloises ;
– et même la question féminine, citant l’exemple italien d’une femme dirigeant le gouvernement.
Giubilei résume ainsi son credo : la victoire politique ne se construira qu’après une reconquête culturelle, assumée, volontaire et offensive.
Pour lui, la défense de l’Europe ne se limite pas à préserver une souveraineté abstraite, mais à maintenir vivantes des traditions, des racines et un héritage que le projet post-national cherche à relativiser. Et ce combat ne se gagnera ni en retrait ni en s’excusant d’exister.
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine