Saint-Nazaire n’a jamais brillé par sa gastronomie, pis, la ville portuaire traîne une réputation de désert culinaire dont elle a grand-peine à se défaire. Est-ce la résultante de son héritage de ville industrielle ? L’activité des chantiers navals, cyclique par nature, a toujours fait peser une chape d’incertitude sur la prospérité économique de la région, fragilisant de fait le tissu commercial de la cité portuaire. Alors quand le guide Michelin décerne un satisfecit ( 1 assiette) au skipper, l’événement attise forcément la curiosité du gourmet désireux de connaître la cuisine du restaurant ayant réussi à faire bouger les lignes.
Le Skipper est situé au droit de la base sous-marine dans le quartier animé par le centre commercial du Ruban Bleu. Son atout est de proposer une vue imprenable sur le bassin qui permet de contempler la silhouette majestueuse des paquebots en voie d’achèvement. La salle du Skipper se présente sous une décoration très sobre dans une ligne monochrome noire assez austère, renforçant le côté « select » du lieu, aux limites du glacial…
Le Skipper annonce la couleur par l’absence de menu et la mise en avant des propositions du jour suggérées avec insistance lors de la présentation de la carte. Un choix fidèle à la culture des grandes brasseries qui peut tout à fait se défendre à condition de se montrer au niveau des prix assez salés revendiqués par la carte. Avec des entrées flirtant entre 12 et 15 euros et des plats oscillant entre 19€ et 24€, le droit à l’erreur est difficilement pardonnable, attendu que le prix d’un plat équivaut à des menus de très bon niveau sur Nantes.
Afféteries et cuisine cistercienne
Le choix de l’entrée se porte sur les saint-jacques snackées. L’assiette joue sur le graphisme, peut-être un peu trop… Cela devient de plus en plus horripilant de voir ces afféteries décoratives, boursouflures de mayonnaise et autres petits ronds de crème au vinaigre balsamique s’inviter de manière inopportune dans des plats qui n’appellent pas leur présence ! Fort heureusement, la cuisson précise des saint-jacques et leur appréciable fraicheur donnent une certaine caution au professionnalisme des fourneaux. Pour autant, cette entrée déçoit en terme d’originalité car la sauce au fromage frais parfumé d’aneth et de yuzu (toujours là pour le côté fun) est loin de révolutionner le genre…
Le plat parachève la déception. L’aile de raie et son bouillon thaï prend des accents de cuisine diététicienne digne de figurer sur la carte d’un restaurant de thalassothérapie. Certes l’assiette ne souffre d’aucune faute technique, les saveurs sont présentes mais la gourmandise est cruellement absente de ce plat dépourvu de toute appétence.
Coup de fusil tarifaire
L’addition approchant les 40 euros, le dessert subit inévitablement la défiance née des déconvenues de l’entrée et du plat. Encore que le travail du chef pâtissier s’affairant en mode cuisine ouverte soit de nature à rassurer sur la fraicheur de ces derniers. Mais au risque de faire grimper l’addition finale presqu’au niveau d’un menu du midi chez Eric Guérin à la Mare aux oiseaux.
La cuisine du skipper n’est pas fautive sur son savoir-faire mais l’impression d’ensemble qui se dégage est une prestation passable à l’accès tarifaire très élevé. Une adresse destinée avant tout à une clientèle peu regardante sur les prix qui ne constitue certainement pas la bonne affaire pour les gastronomes en quête du fameux rapport qualité/plaisir.
Raphno
Le Skipper, 1 boulevard René Coty, 44600 Saint-Nazaire
Tel : 02.40.22.20.03
Crédit photo : Breiz-info.com
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