En Suède, le gouvernement réfléchit à l’idée d’interdire l’alphabet runique et d’autres symboles liés à l’imagerie des vikings. En somme, un grand coup de balai politiquement correct dans un pays faisant office de laboratoire multiculturel.
Suède : des runes qui dérangent ?
L’usage des runes nordiques bientôt interdit en Suède ? C’est une possibilité qu’envisage le gouvernement suédois. Le motif invoqué étant le détournement de ces symboles par des groupes politiques considérés comme « néo-nazis ». Une écriture runique qui trouve par ailleurs son origine il y a plus de 2 000 ans. À une époque où le qualificatif de « nazi », même en vieux norrois, n’existait pas encore…
Une source suédoise rapportait ainsi il y a quelques jours que le ministre de la Justice Morgan Johansson réfléchissait actuellement à la pertinence de cette interdiction des runes. Il devrait faire part de ses conclusions avant la fin de ce mois de mai. Mais si interdiction il y avait, celle-ci pourrait aussi frapper tous les symboles, images et bijoux traditionnels nordiques.
Vent de colère nordique
Toutefois, cette proposition n’est absolument pas du goût de certains Suédois, qui considèrent à juste titre les runes scandinaves comme faisant partie de leur patrimoine culturel. En première ligne de la contestation, la Nordic Asa-Community, le plus grand groupe religieux païen de Suède, interprète une possible législation contre les runes comme une atteinte à la liberté de religion. La constitution suédoise garantit d’ailleurs cette liberté.
Une pétition intitulée « Ne touchez pas à nos runes » a déjà été lancée par la Nordic Asa-Community et a recueilli plusieurs milliers de signatures. De plus, une manifestation était prévue devant le Parlement suédois à Stockholm le 24 mai afin de faire entendre la voix des opposants face à cette volonté d’interdiction.
Vieux norrois contre multiculturalisme
Chez les défenseurs de l’alphabet futhark (ou runique) et de la culture nordique, on affirme, à l’instar de la Nordic Asa-Community, que « les préjugés et les malentendus sont mieux combattus par la connaissance et les faits ». L’organisation a par ailleurs mis en garde contre une interdiction des runes scandinaves en Suède qui « détruirait une partie de notre histoire, de notre culture et de nos croyances – et de notre liberté d’expression ».
Cette volonté politique d’effacer un héritage autochtone bimillénaire interpelle quand, dans le même temps, le gouvernement suédois prône avec acharnement une société multiculturelle qui, comme le prouvent les nombreux faits divers dans le pays, connaît de nombreux ratés.
Outre leur rôle important dans l’écriture, les runes ont souvent été utilisées comme symboles de protection et ont été retrouvées sur des objets sculptés dans le bois, l’os ou la pierre. Encore aujourd’hui, des écritures runiques sont encore visibles en Scandinavie.
Bluetooth nazi ?
Pour l’anecdote, ces runes désormais combattues par le gouvernement suédois pour leur caractère politiquement incorrect prétendu sont visibles dans votre quotidien d’individus connectés : le logo de Bluetooth, du nom de Harald Blåtand (Harold Bluetooth en anglais), un roi danois du Xe siècle, est une combinaison de l’équivalent runique des lettres « H » et « B ». La Suède va-t-elle aussi interdire le partage de données ?
Bluetooth was named after the 10th Scandivavian King Harald I. His runic initials can also be seen in the Bluetooth logo. #FunFactSunday pic.twitter.com/1YwHYAhXWZ
— Festo US (@Festo_US) 5 février 2017
Crédit photos : Wikimedia Commons (CC/Jnmasek)
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