Une grève générale était organisée le 26 février sur certaines îles grecques pour protester contre la construction de nouveaux camps de migrants mais aussi contre la répression policière suite à des manifestations des autochtones face à ces projets.
La Grèce entre grève générale et affrontements
La situation s’est encore dégradée davantage en Grèce ces derniers jours tandis que le pays n’a toujours trouvé aucune solution face au problème des migrants. Une nouvelle grève générale était organisée le 26 février sur les îles de Lesbos, Chios et Samos par les autochtones, voulant marquer là leur vive opposition à la construction de nouveaux camps pour les migrants en provenance de la Turquie toute proche.
Dans la nuit du 24 au 25 février, des affrontements violents ont eu lieu entre les habitants et la police anti-émeute à Lesbos et Chios. Les autorités grecques semblent débordées face à cette colère populaire. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser les foules rassemblées sur les sites désignés pour les installations controversées. À Chios, un maire et un prêtre ont été conduits d’urgence à l’hôpital après s’être effondrés à cause des fumées toxiques.
Les insulaires ayant exprimé leur consternation face à l’ampleur de la violence, les syndicats locaux ont riposté en organisant une grève générale. Selon le syndicat central de Lesbos avant la journée de mobilisation, « personne ne devrait aller travailler, personne ne devrait aller à l’école, aucun magasin ne devrait ouvrir ». Son ambition ? Appeler « tous les travailleurs, les habitants de Lesbos, les organismes et les associations à s’opposer aux plans du gouvernement visant à transformer notre île, et d’autres îles de la mer Égée, en une vaste prison d’âmes humaines ». Les autorités insulaires se sont également jointes à l’appel à la grève, signe de l’exaspération générale sur ces îles où la vie est devenue un enfer depuis le début de la crise migratoire en 2015.
Un camp de 7 000 migrants et des blessés
À Lesbos, au moins deux personnes ont été emmenées à l’hôpital suite aux affrontements de la journée de mardi, après que de nouvelles violences aient éclaté aux barrages routiers mis en place pour empêcher les bulldozers et autres engins d’atteindre les parcelles expropriées par le gouvernement pour ces installations.
Sur l’île, c’est un camp de 7 000 migrants qui est en projet près de la ville de Mantamados tandis que les problèmes d’insécurité et de santé publique engendrés par la présence massive et prolongée d’extra-européens en situation illégale a fini par faire exploser la colère des insulaires, désespérés de ne pas être entendus par Athènes tandis que des terres sont réquisitionnées pour construire ces installations.
Dans ce contexte, l’arrivée par bateau le 24 février d’engins de chantier et de la police anti-émeutes envoyés par le gouvernement grec sur les îles pour débuter les travaux de ces nouveaux camps a mis le feu aux poudres, les pourparlers entre les autorités locales et Athènes n’ayant pas abouti. « Même la junte n’a pas fait de telles choses », a déclaré Konstantinos Moutzouris, gouverneur de la région nord de la mer Egée, en se référant à la dictature militaire au pouvoir à Athènes entre 1967 et 1974. Plus de 43 000 personnes sont actuellement bloquées à Lesbos (qui en abrite 20 000 à elle seule), Samos, Chios, Leros et Kos, les principales portes d’entrée de Grèce.
AK
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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