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Des Outre-Mer à l’Alsace, les régionalistes se réveillent-ils ?

Ci-dessous un papier signé Michel Le Lay et EXTRAIT du Bulletin hebdomadaire n° 1982 du lundi 7 août 2023 de l’ACIP, (Agence de Communication Interrégionale de Presse), que nous soumettons à nos lecteurs.

Si on met de côté l’Outre-Mer – Corse comprise – qu’on peut considérer comme un immense laboratoire de la décentralisation voire d’un pré-fédéralisme, seule échappe au carcan jacobin l’Alsace qui possède son propre laboratoire d’idée constitué par l’association Initiative Citoyenne Alsacienne dirigée par Pierre Klein et qui précise pour les esprits suspicieux « Nous ne sommes plus aux temps où la France avait à craindre pour son unité. Elle est acquise ». Est-ce à dire que l’exemple puisse être suivi par des régions qui ne peuvent exciper du même héritage historique ?

Depuis l’instauration des « grandes régions », et même depuis l’enterrement de la politique des pays issue de la « loi Pasqua », le débat sur la décentralisation s’était réduit à de technocratiques débats sur les politiques fiscales. Le mouvement des pays s’est essoufflé jusqu’à l’asphyxie orchestrée par le RPR et le PS malgré le travail de l’Association Nationale pour les Pôles Territoriaux et les Pays (ANPP) dirigée par Michael Restier. L’opposition France Urbaine/France Rurale actée par la suppression de la DATAR marquait le début d’une confrontation mortifère. La politique des Métropoles voulues comme une adaptation du territoire nationale au formatage européen et même planétaire a encore réduit la visibilité des régions plus ou moins traditionnelles.

Plus important encore les pressions de la doxa cosmopolite, les pressions migratoires, loin de provoquer un repli sur les identités régionales ont provoqué un recul du sentiment régional concrétisé par l’adoption du terme « Gaulois » englobant sous ce vocable les « Français de souche européenne ». Ce sont les Africains de France qui ont « réduit » les identités régionales et créée une « identité gauloise ».

Mais aujourd’hui ? Le formidable rejet du cosmopolitisme mondial, les besoins de relocalisation des industries, la mise à la mode des circuits d’économie circulaire, la volonté de maîtriser les flux migratoires, le retour des nationalismes dans bien des pays, concourent à la redécouverte des solidarités locales, régionales, nationales. Les signes en sont visibles, très puissamment en Outre-Mer, puissamment, en Alsace, plus ou moins significativement ailleurs. Mais L’Alsace ne sera en bonne voie qu’autant qu’elle cessera sera d’être l’exception qui confirme la règle jacobine pour devenir un exemple à suivre.

En Bretagne le site internet « Breizh info » surfe certes sur le politiquement incorrect, mais son succès étonnant repose d’abord sur un phénomène que l’essayiste Benjamin Morel, auteur de La France en miettes – Régionalismes, l’autre séparatisme (Le Cerf) caractérise, le 27 juillet dernier à l’hebdomadaire Le Point, par le fait que si « seulement 13 % des Bretons voient les sujets identitaires et culturels comme des priorités […] On a tout de même 40 % de Bretons qui se disent plus bretons que français ». Mais la fièvre régionale ne touche pas que la Bretagne, qui a vu la renaissance d’un ersatz de FLB (Front de Libération de la Bretagne) s’en prenant aux voitures et maisons secondaires de supposés colonisateurs français, mais également le Pays basque. Il semblerait aussi que l’influence du Vlaams Belang déborde la frontière belge. Dans le Sud-Ouest notamment on note de réelles résurgences occitanes. En Savoie se signalent des frémissements régionalistes évoquant un Mouvement Régionaliste Savoyard renaissant. En Normandie, qui mérite par certains côtés le qualificatif de périphérique, le Mouvement Normand incarné longtemps par Didier Patte témoigne d’une vivacité maintenue par son dynamique président Emmanuel Mauger…

Un autre marqueur de cette résurgence des identités régionales réside dans la timide renaissance des associations regroupant les originaires des différentes régions vivant hors de la région natale comme l’emblématique « Club de Bretagne » présidé par Pierre Bernard Lebeau.

La décentralisation pour toutes les régions – comme le demande le Mouvement Fédéraliste Français « La Fédération » – est peut-être le moyen le plus sûr d’empêcher certains de se servir de ce phénomène pour créer une fracture dangereuse et en faire une étape vers la sécession, des Caraïbes à la Corse, en passant par l’Alsace et la Seine-Saint-Denis !

Michel le Lay

(EXTRAIT du Bulletin hebdomadaire n° 1982 du lundi 7 août 2023 de l’ACIP)

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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8 réponses à “Des Outre-Mer à l’Alsace, les régionalistes se réveillent-ils ?”

  1. Therese Brare-wahl dit :

    Sortir de l’U.E est la priorité pour arrêter et inverser l’invasion extra européenne . Sans ce préalable, l’identité régionale n’a aucune chance, pas plus que l’identité nationale.

    • An dit :

      Quand on constate le nombre d’emplois occupés par les ressortissants de l’UE, dont une part non-négligeable de travailleurs de l’est, l’évidence est de conclure qu’en dehors de ce cadre, ceux-là auraient été occupés par des ressortissants extra-européens.

      Les faits sont têtus : avant l’UE et la libre-circulation communautaire européenne, l’immigration extra-européenne était la majorité écrasante en France, en Allemagne, au RU…
      Depuis le Brexit, l’immigration extra-européenne a augmenté au RU, seule l’européenne s’est effondré.
      Les rares pays qui assument refuser l’immigration extra-européenne font partie de l’UE.

      La France et son identité nationale sont arabophiles et afrophiles.
      C’est la France qui a détruit les identités régionales.
      Au contraire, l’UE les préserve. A minima. Dans la mesure où les Nations de l’UE, toutes souveraines, faut-il encore qu’elles le veuillent (voir le Danemark), sont d’accord.
      L’UE est essentiellement mondialiste et globalité parce que ses Nations constituves le sont.

      Alors les comiques qui prônent une sortie de l’UE par amour de la France sont des idiots utiles.
      L’UE n’est pas la tombe de l’Europe.
      La tombe de l’Europe, c’est l’OTAN.
      Et l’OTAN n’est pas l’UE mais des Nations totalement soumises aux USA (à l’exception de la Turquie).

      L’UE n’est qu’une institution économique gangrenée par des lobbies.
      Mais en soit, elle n’est pas grand chose.
      Tous ses pays membres sont souverains. Et s’ils choisissent de suivre les grandes lignes de l’UE, c’est par choix indépendant.

      Rien n’oblige à entrer dans l’UE (Suisse, Norvège). Rien n’empêche d’en sortir (RU). Rien n’oblige à suivre toute sa politique (Danemark, Hongrie etc.).

      A la limite, le seul carcan, c’est l’euro.
      Et la France s’est jetée dessus.
      Mais ca, c’est à cause de sa bêtise.
      Car la France est, depuis les Francs, peuple barbare à la remorque des autres peuples des grandes invasions, un État à la remorque un coup de l’Eglise, puis des états italiens, du Portugal, de l’Espagne, de l’Angleterre, de l’Allemagne…
      Toujours un coup de retard. Toujours cocu. Et ça serait selon elle toujours de la faute des autres.
      Mais yen a qui en redemande.

  2. Tepod Tudeg dit :

    An disrannerezh a zo arvarus evit Bro-C’Hall naren evit Breizh.

  3. Gaï de Ropraz dit :

    J’aime ! Encore un très bon article. Bravo Breizh-Info.
    Cela nous change des “merdes” qui pullulent dans nos ordis au réveil des matins sans soleil, et que l’on élimine sans lire, d’un doigt rageur. Mais il est une évidence : Michel le Lay est un Seigneur.

    • Michel Le Lay dit :

      Cher Monsieur
      L’article que vous avez la gentillesse apprécié est extrait d’une note plus étoffée que vous pouvez demander à l’adresse du Mouvement Fédéraliste Français “La fédération” : [email protected]
      Bien cordilement
      Michel Le lay

  4. Pierrick dit :

    40% des bretons se disent plus bretons que français ? Il serait peut-être raisonnable de nous donner les sources de ce sondage, et l’année. Pour ma part, dans le Pays de Retz on a été pendant 1000 ans Pictons, avec pour capitale Rezé et pendant 700 ans Bretons. Tout comme Anne de Bretagne et les nantais d’ailleurs, nous ne parlions pas le breton, mais une langue d’oïl nommée le poitevin ( Poitiers était la capitale de Pictons pendant plus de mille ans). Pourtant, les commerçants s’affichent volontiers bretons pour les touristes car le folklore est vendeur. Mais, vers chez nous, nos liens ont toujours été dicté non pas, par des frontières établies politiquement et historiquement “à la Poutine”, mais bien par le commerce qui à toujours été et de tous temps par Loire, C’est-à-dire vers l’est et non pas vers l’ouest. La Loire à toujours été une frontière, les tuiles et l’ardoise des habitations nous le montre. Alors…..franchement, sachant que les habitants du Pays de Retz connaissent un peu leur histoire, je doute vraiment que 40% de notre population adhérent au drapeau breton de Morvan Marchal.

    • An dit :

      Lol le discours best-of anti-breton !
      Tout y est.
      Et surtout approximation et mensonges.
      D’une, il est établi par l’étymologie des noms de lieux que la côte du Pays de Retz a connu des implantations bretonnes remarquables.
      De deux, sans même parler du concept de capitale, faut choisir… Rezé ou Poitiers ?
      Rezé, ville établie par les Romains pour récompenser leurs alliés Pictons et punir les Namnètes, alliés des Vénètes.
      Parce que la tendance profonde, naturelle, géographique, géologique, météorologique et j’en passe du côté de l’estuaire de la Loire est de regarder vers l’océan et non pas l’amont .
      D’ailleurs, on voit le résultat de cette implantation rezeenne bien plus tardive et artificielle comparé à la Nantaise. Rezé est la banlieue de Nantes. Et même devancée par Saint – Herblain, sa banlieue de l’ouest. D’ailleurs, les banlieues nantaises du nord-ouest sont plus importantes en moyenne que celle du sud et de l’est
      Curieux, non ? Sans doute suite au complot breton et ses affreux collaborateurs plus nazis qu’Hitler lui-même.
      Et vous n’êtes pas à une contradiction près…
      Selon vous, le Pays de Retz a son attraction du côté d’Angers, Tours, Orléans (jusqu’à Saint -Etienne?) mais sa capitale serait Poitiers…
      Quant à passer de vos “démonstrations” millénaires à vos histoires de tuiles et ardoises… Il n’y a rien de traditionnel à cela mais découle d’une décision technocratique (un peu comme Ratatium en son temps) et, histoire de goûts sans doute, mais la tuile du Pays de Retz est affreuse. Affreuse. Rien à voir avec les magnifiques toits de tuiles de ce qui est vraiment au sud.
      Sans doute une histoire de climat. L’ardoise va beaucoup mieux à nos météo, quand la tuile s’exprime pleinement sous le soleil des pays d’oc.
      Enfin, sauf mon respect pour le Poitou, si vous préférez être Poitevin que Breton… Bizarrement, et vous le soulignez vous-même, cela n’a pas l’air vraiment séduisant. Vous mettez ça sous le compte du tourisme mais franchement ? Même les Vendéens ne se réclament pas Poitevins, alors que eux le sont vraiment.
      Et puis si pour seule gloire vous voulez Gilles de Rais le pédophile assassin, grand bien vous fasse “Pierrick”.
      Mais n’oubliez pas que JAMAIS vous n’aurez d’arguments à même de convaincre la majorité que tout le 44 serait bien mieux en Bretagne.
      Pays de Retz inclus. Comme durant beaucoup plus de 700 ans, quand jamais d’épées, de feux ou de voix n’ont défendu vos propos délirants.
      Jamais le Pays de Retz n’a semblé être malheureux de sa situation bretonne, alors que conquis en même temps que d’autres territoires à l’est de la Bretagne actuelle. Comme des parties du Maine et de l’Anjou. Et bien figurez-vous que ces territoires ne sont pas restés bretons, car ce n’était pas viable. Pas naturel.
      Alors que la rive sud de l’estuaire de la Loire ne pouvait que s’épanouir avec la fiche nord. Et que cet estuaire ne pouvait que s’épanouir qu’avec un territoire résolument océanique (Nantes n’est d’ailleurs devenue une cité de premier ordre qu’à partir du moment où elle est devenue bretonne).

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