C’est le feuilleton breton de ce début d’automne : le “troidigate” !
Nous avons traité le sujet deux fois pour nos lecteurs brittophones, nous ferons donc un court résumé pour nos lecteurs francophones.
Inès Léraud est l’auteur à succès d’une BD consacrée au problème des algues vertes en Bretagne. Succès confirmé par un film réalisé par Pierre Jolivet et qui a attiré les foules dans les cinémas bretons cet été.
Grisée par son succès, Inès Léraud a initié une traduction en breton et en gallo de son oeuvre et travaillé, pour ce faire, avec Le Temps éditeur, un professionnel bien connu dans le mouvement breton, installé à Pornic (44) dans le sud Bretagne.
Hélas, la collaboration entre les deux compères aura vite tourné au vinaigre : Inès Léraud reproche à son éditeur d’avoir changé la traduction en breton et d’avoir ainsi saccagé le travail de son traducteur attitré, Tugdual Carluer, un journaliste radio. Le Temps éditeur rétorquant que celui-ci n’a pas rendu son travail à temps et a utilisé un breton trop local pour les bretonnants actuels.
Le plus cocasse de la situation est que la polémique convoque tous les ingrédients de ces querelles dont le mouvement breton a le secret : breton “local” contre breton “unifié”, caprices de diva des traducteurs dont “l’oeuvre” est “dénaturée”, attitude d’une journaliste ayant bénéficié d’une mise en lumière médiatique, gauchisme des différents acteurs. La cerise sur le gâteau étant l’arrivée dans la mêlée du collectif de journalistes “Splann” (collectif très gauchiste proche d’Inès Léraud mais qui produit un travail fouillé sur le problème de l’agrobusiness en Bretagne, nous le reconnaissons) qui menace l’éditeur de façon à peine cachée d’une “enquête” sous prétexte que le collectif aurait apporté une modique somme au projet de traduction.
Le petit monde du mouvement breton se passionne pour ce “Troidigate” (du breton “troidigezh” -traduction- et de l’anglais “gate” -suffixe issu de l’affaire du Watergate) avec les “pour” et les “contre”. D’aucuns jugent que Le Temps éditeur n’avait pas à privilégier une traduction en breton “unifié” contre le breton “local” de Tugdual Carluer alors que d’autres soupçonnent Inès Léraud d’avoir pris la grosse tête suite à son succès éditorial et cinématographique, sans compter les discussions sans fin sur la langue bretonne “unifiée” ou “dialectale”. Un vrai Dallas à la sauce armoricaine !
Ce lundi soir, Le Temps éditeur à décidé de tuer le match en publiant les dessous de l’affaire :
On s’aperçoit ici qu’Inès Léraud et Tugdual Carluer ont fait preuve d’une certaine légèreté dans le processus aboutissant à la production d’un ouvrage imprimé. On peut cependant s’interroger sur le rôle de Splann dans cette affaire privée. Splann sera-t-il le bras armé d’Inès Léraud à chaque fois que cette dernière aura un problème avec son plombier ou son garagiste ?
En attendant le prochain épisode !
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Une réponse
Vraiment étonnante cette propension à toujours achever ses aventures dans le grotesque. Le syndrome de bécassine ? Y a plus qu’à envoyer le FLB…
Pendant ce temps-là, les algues se portent bien, les autres espèces invasives aussi.