Elle se nomme Keep It Real Online, et elle est la nouvelle campagne du gouvernement néo-zélandais pour alerter les parents sur les dangers encourus par leurs petits rejetons sur la toile.
Un acteur et une actrice porno, complètement nus, frappent à la porte. Maman ouvre. « Nous sommes ici parce que ton fils Matt est en train de nous regarder en ligne. Tu sais… sur son ordinateur portable, son Ipad, sa Playstation, son téléphone portable, ton téléphone portable, sur votre télé connectée.. partout quoi. Nous, nous récitons pour des adultes, mais ton fils n’est qu’un enfant. Il ne doit même pas savoir comment marche une relation. Ah, et on a pas non plus parlé de consentement, on l’a fait ? » et la publicité de terminer par une voix off : « Beaucoup d’enfants utilisent la pornographie pour en savoir plus sur le sexe. »
Le deuxième épisode évoque le thème du grooming, autrement dit le pédopiégeage, la séduction malintentionnée, une manipulation psychologique pratiquée en particulier sur les réseaux sociaux, ici sur Instagram et TikTok. Vrais comptes, mais faux profils, la plupart d’hommes beaucoup plus âgés qui se créent une identité pour établir une relation virtuelle et approcher enfants et adolescents. Dans le cas qui nous occupe, il ne s’agit que d’un raté de la cinquantaine qui se présente maladroitement à la porte avec une rose, mais de chacun sait ce qu’il peut réellement se cacher derrière : des prédateurs sexuels qui aguichent leurs proies pour, dans le meilleurs des cas, réussir à se procurer leurs photos de nus, dans le pire, les abuser ou les agresser physiquement. Le travail de la Team Moore est particulièrement éclairant à ce sujet et révèle l’ampleur d’un phénomène de société beaucoup trop minoré par de nombreux parents.
D’autres – une enfant regardant une vidéo sur Youtube clique sans le faire exprès sur une vidéo qu’elle ne devrait pas voir ; une fillette rend compte de la méchanceté des commentaires d’une adolescente à son père etc. – sont tout aussi caustiques.
Comme pour dire « Mamans et papas, surveillez ce que font vos enfants en ligne ! » C’est mis en scène avec humour, certes, mais le message est clair : le gouvernement néo-zélandais entend rappeler les parents à leur responsabilité. Un problème colossal dont on peut difficilement évaluer l’ampleur. Or, si effectivement trop de tuteurs laissent faire pour avoir la paix ou « parce qu’on doit bien vivre avec son temps », les États sont tout aussi défaillants, incapables de restreindre un accès absolument libre à toutes sortes de pornographies, même les plus violentes ou à caractère pédophile. Une impuissance récemment avouée par le gouvernement français :
« En juin dernier, le HCE alertait déjà sur la prolifération de ces millions de vidéos pornographiques diffusant des actes pénalement répréhensibles d’une violence souvent insoutenable. Sur 35 vidéos signalées par le HCE entre le 2 et le 7 juin 2023, aucun des contenus à l’illégalité flagrante n’a disparu. Zéro résultat. »
Alors que l’on tergiverse pour mette en place des systèmes de protection des mineurs, restreignant concrètement les possibilités qu’ils tombent volontairement ou par erreur sur des sites toxiques, la liste des pays qui parviennent à bloquer des plateformes comme TikTok, ne cesse de s’allonger. On est donc en droit de se demander si l’intention y est ou s’il ne s’agit que d’un énième coup de comm’.
Audrey D’Aguanno
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2 réponses à “Pornographie, racolage, harcèlement : la campagne néo-zélandaise sur la cybersécurité des mineurs est géniale [vidéo]”
Excellent : simple, direct, éloquent. Hélas, je doute un peu que la communication publique française soit capable de produire de telles vidéos. Un comité de validation réunissant des représentants des ministères de l’Intérieur, de l’Education nationale, de la Santé et je ne sais quoi multiplierait les objections afin d’émasculer la campagne : il faudrait impliquer les pères, introduire des « racisés », éviter les stéréotypes de genre, etc.
Oui, Kerloulou, vous avez parfaitement raison.
Ce qui m’amène à dire quelque chose du style « Macron – et toute sa bande de loufiats – démission ».
L’occident a perdu les valeurs du décalogue. A moins de la destruction d’un tiers de la population (Cf. Ap.), il y a aucune chance qu’elle les récupère.
Sans parler des vertus.