Les résultats de l’étude Ipsos Global Advisor « Education 2024 », récemment dévoilés, dressent un tableau préoccupant du système éducatif français. Alors que les discussions sur l’éducation occupent une place centrale dans l’actualité, cette étude, réalisée sur un échantillon mondial, place la France parmi les pays les plus critiques envers leur système éducatif. Face à une rentrée scolaire marquée par l’absence d’un ministre de plein exercice, les inquiétudes des Français se font de plus en plus vives. Cet article explore les résultats de cette enquête et analyse les défis majeurs auxquels est confrontée l’éducation en France.
Une désillusion croissante vis à vis du système éducatif en France
L’une des données les plus marquantes de l’étude est la perception de la qualité du système éducatif français. Un Français sur deux (50%) estime que le système est de mauvaise qualité. Bien que ce chiffre soit en légère baisse par rapport à 2023 (52%), il reste alarmant. Plus encore, 73% des Français considèrent que la qualité de l’éducation s’est dégradée par rapport à leur propre expérience scolaire, un sentiment bien plus fort que dans les autres pays sondés, où la moyenne est de 47%.
Ce constat de dégradation est accompagné d’une critique sévère sur la capacité de l’école à préparer les enfants aux défis de demain. En effet, 66% des Français estiment que l’école ne prépare pas correctement les élèves aux métiers du futur, un pourcentage particulièrement élevé comparé à d’autres pays européens, plaçant la France juste derrière la Hongrie en termes de sévérité. Cette donnée souligne un profond malaise quant à l’adéquation entre le système éducatif actuel et les besoins du marché du travail en pleine évolution.
Pour l’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 14 ans
L’avancée des technologies numériques et de l’intelligence artificielle pose également question en France, notamment dans le cadre scolaire. Les résultats montrent que les Français sont largement sceptiques quant à l’impact positif de ces technologies sur l’éducation. Seuls 14% pensent que ces avancées auront un effet bénéfique, un chiffre en net recul par rapport à 2023 (22%). À l’inverse, 37% des sondés considèrent que ces technologies auront un impact plutôt négatif, une augmentation de 8 points par rapport à l’année précédente.
Cette méfiance s’exprime également sur des sujets plus spécifiques comme l’utilisation des réseaux sociaux et des smartphones à l’école. Une large majorité des Français (80%) est favorable à l’interdiction des réseaux sociaux pour les enfants de moins de 14 ans. De plus, 75% souhaitent que les smartphones soient bannis des établissements scolaires. Cette prudence vis-à-vis de la technologie se reflète aussi dans le rejet de l’outil d’intelligence artificielle ChatGPT par plus de la moitié des Français, qui préconisent son interdiction dans les écoles.
Outre les préoccupations technologiques, la sécurité dans les établissements scolaires est un autre sujet de mécontentement. Seuls 27% des Français estiment que l’école offre un environnement sécurisé contre la violence et le harcèlement. Ce chiffre traduit une inquiétude croissante sur la capacité des institutions éducatives à protéger les élèves dans un contexte où les incidents de violence scolaire sont de plus en plus médiatisés.
Les défis de l’enseignement : le retour aux fondamentaux et la fin des « pédagogues » ?
L’étude Ipsos révèle aussi une vision très classique du rôle des enseignants en France. Une écrasante majorité (82%) des Français attend des enseignants qu’ils se concentrent sur l’enseignement des compétences de base telles que la lecture, l’écriture et l’arithmétique. Cependant, 59% estiment que ces compétences ne sont pas suffisamment mises en avant dans le système actuel.
Les Français se montrent également critiques quant à l’encouragement de l’esprit critique et de la créativité, considérant que ces aspects sont trop souvent négligés dans les programmes scolaires. En effet, 62% des sondés pensent que l’éducation actuelle ne favorise pas assez l’esprit critique, et 58% estiment que la créativité est également trop peu développée.
L’un des paradoxes soulevés par l’enquête est la prudence des Français face à l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’éducation, alors même qu’ils reconnaissent que le système actuel ne prépare pas adéquatement les élèves aux défis futurs. En effet, alors que seulement 28% des Français pensent que le programme scolaire prépare correctement les élèves à leur future carrière, ils sont tout aussi réticents à voir l’IA jouer un rôle plus important dans l’éducation.
Ce paradoxe souligne une tension entre le désir de protéger les élèves des effets potentiellement néfastes des nouvelles technologies et la nécessité de les préparer à un avenir professionnel où ces technologies joueront un rôle central. La France se trouve ainsi à un carrefour décisif pour repenser son système éducatif afin de le rendre plus résilient, inclusif et adapté aux défis du XXIe siècle.
Les résultats de l’enquête Ipsos Global Advisor « Education 2024 » sonnent comme un véritable signal d’alarme pour le système éducatif français. Entre la perception d’une dégradation continue, l’inquiétude face aux avancées technologiques, et le besoin urgent de réformes pour préparer les élèves aux métiers de demain, la France doit impérativement repenser son modèle éducatif sous peine de devenir un tiers monde éducatif. Nos enfants ne pardonneront pas – et ils auront raison – à ceux qui les plongeront dans le néant.
FICHE MÉTHODOLOGIQUE
Enquête réalisée par Ipsos au cours de laquelle 23 754 personnes ont été interrogées en ligne dans les pays suivants entre le 21 juin et le 5 juillet 2024. Des quotas ont été fixés pour assurer la représentativité et les données ont été pondérées selon le profil démographique connu de chaque pays. L’échantillon se compose d’environ 2 000 individus au Japon, 1 500 en Allemagne et au Brésil, et 1 000 individus en Australie, au Canada, en France, en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne et aux États-Unis, ainsi que 500 individus en Argentine, en Belgique, au Chili, en Colombie, en Hongrie, en Indonésie, en Irlande, en Malaisie, au Mexique, aux Pays-Bas, au Pérou, en Pologne, en Roumanie, à Singapour, en Afrique du Sud, en Corée du Sud, en Suède, en Thaïlande et en Turquie. L’échantillon en Inde se compose d’environ 2 200 individus, dont environ 1 800 ont été interrogés en face à face et 400 en ligne.
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Une réponse à “80% des Français souhaitent que les réseaux sociaux soient interdits aux enfants de moins de 14 ans”
Question : « qui a payé cet institut pour effectuer ce « sondage » … Qui a payé et pourquoi voulait il ce sondage ….