Une fois de plus, l’immigration économique contribue à faciliter l’installation de migrants extra-européens en Espagne.
Madrid a en effet décidé d’assouplir ses critères de régularisation pour les sans-papiers en lançant d’ici peu un permis dénommé « Arraigo Sociolaboral », qui sera donc un titre de séjour destiné aux clandestins disposant d’un contrat de travail.
En ce qui concerne les critères à respecter pour les sans-papiers afin d’obtenir ce titre de séjour, il leur faudra être en situation irrégulière en Espagne lors de leur demande tout en étant capable de justifier de leur présence continue sur le sol espagnol depuis au moins deux ans. Par ailleurs, ils ne devront pas faire l’objet d’un avis d’expulsion et avoir un casier judiciaire vierge en Espagne au cours des cinq années précédentes. Enfin, ils devront être en mesure de présenter un contrat de travail signé par un employeur et d’une durée minimum de trois mois.
Sur ce critère du contrat de travail, les autorités espagnoles se montrent très souples puisqu’elles ont décidé d’abaisser le nombre d’heures de travail minimum de 30 heures par semaine à 20 heures.
À noter qu’un clandestin souhaitant régulariser sa situation en Espagne peut utiliser un autre moyen : le pays propose depuis l’été 2022 des titres de séjour de 12 mois aux individus suivant une formation dans les secteurs confrontés à une pénurie de main-d’œuvre. Des secteurs comprenant l’agriculture, les transports, la construction et le tourisme.
En pratique, sur une période comprise entre l’été 2022 et la fin de l’année 2023, un peu plus de 23 000 migrants alors en situation irrégulière ont pu bénéficier du titre de séjour après avoir suivi une formation en Espagne selon les chiffres du ministère espagnol de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations. Cependant, sur ce nombre, seulement 1 347 de ces nouveaux « formés » auraient ensuite effectivement obtenu un contrat de travail.
Quoi qu’il en soit, ce nouveau dispositif mis en place par Madrid pour faciliter davantage les régularisations de sans-papiers intervient quelques mois seulement après le vote de la chambre basse espagnole en faveur d’un projet de loi ayant pour objectif de régulariser un demi-million d’immigrés clandestins. Avec toujours ce prétexte d’une main-d’œuvre immigrée qui encouragerait la croissance économique du pays.
Au printemps dernier donc, l’agence de presse Reuters, s’appuyant sur les données de Funcas, un groupe de réflexion économique basé à Madrid, rapportait que l’immigration aurait représenté 64 % des nouveaux emplois créés et la moitié de la croissance économique de l’Espagne en 2023.
En attendant, ce nouveau moyen d’obtenir une régularisation par l’intermédiaire d’un contrat de travail risque de faire également les affaires des réseaux de malfaiteurs présents en Espagne. Au mois de juin 2024, un vaste réseau criminel dont l’activité principale consistait à favoriser l’immigration clandestine avait été démantelé. Les voyous exerçaient leurs activités en créant de faux contrats de travail en échange d’importantes sommes d’argent qu’ils réclamaient aux migrants concernés. Une autre forme de contribution au développement de l’économie espagnole qui a malheureusement de beaux jours devant elle…
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