Collégiens et sport : une génération de plus en plus sédentaire ?

Alors que la France multiplie les campagnes pour lutter contre l’inactivité physique des jeunes, une étude récente de l’INJEP (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire) dresse un constat préoccupant : près de 18 % des collégiens de 13 à 14 ans ne pratiquaient aucun sport régulier en dehors des cours en 2019. Ce chiffre, loin d’être anecdotique, reflète une réalité sociétale : la sédentarité gagne du terrain, et elle touche d’abord les filles et les enfants des milieux populaires.

Le profil type du collégien peu sportif

Les données issues d’un panel de 12 000 élèves mettent en lumière des disparités flagrantes : 22 % des filles sont concernées, contre 14 % des garçons. Le facteur social est également déterminant : 27 % des enfants d’inactifs et 21 % des enfants d’ouvriers sont peu ou pas sportifs, contre 10 % des enfants de cadres ou chefs d’entreprise.

Autre élément clef : la transmission familiale. Un élève dont aucun parent ne pratique de sport a trois fois plus de chances de ne pas en faire non plus. Plus qu’une simple affaire de goût, l’absence d’activité physique relève souvent de facteurs cumulés : manque d’exemple, de temps, de moyens, voire d’accès aux équipements.

Ce ne sont pas les cours d’EPS qui inversent la tendance

L’école ne parvient pas à compenser ce déficit. Près de 40 % des élèves peu ou pas sportifs estiment que les cours d’EPS ne donnent pas envie de pratiquer en dehors du cadre scolaire. Le sport scolaire est jugé compétitif, centré sur la performance, parfois inadapté aux élèves les plus fragiles ou isolés.

Parmi les freins exprimés :

  • 56 % jugent le sport désagréable à pratiquer seul ;
  • 45 % sont rebutés par la nécessité d’être performant ;
  • 31 % évoquent la peur d’exposer leur corps au regard des autres ;
  • Près d’un tiers pointent le coût, l’éloignement ou le manque de temps.

Pourtant, ces collégiens ne sont pas totalement réfractaires à l’activité physique : seulement 29 % affirment ne jamais avoir aimé le sport.

Des jeunes “empêchés” plus que désintéressés

L’étude distingue six profils de collégiens non sportifs, allant des « empêchés » (22 %, enthousiastes mais bloqués par des contraintes pratiques) aux « anti-sport » (10 %, dans un rejet quasi total). Entre les deux, on trouve les « isolés », les « partagés », les « non motivés » ou encore les « convaincus non intéressés » : ces catégories montrent que l’absence de sport est rarement le fruit d’un désintérêt pur et simple, mais plutôt d’un cumul de freins sociaux, culturels et émotionnels.

Derrière cette enquête se cache un enjeu lourd : la santé physique et mentale des adolescents. Selon l’OMS, la France se classe 119e sur 146 pays pour le niveau d’activité physique des 11-17 ans. 73 % des jeunes Français n’atteignent pas les recommandations minimales d’activité physique. Le sport est pourtant reconnu pour améliorer la santé mentale, l’estime de soi, la concentration et les résultats scolaires.

Faut-il repenser l’EPS ? Multiplier les équipements de proximité ? Subventionner les clubs pour les familles modestes ? L’étude de l’INJEP, bien que fondée sur des données de 2019, sonne comme une alerte, alors que l’après-Covid a encore renforcé la sédentarité.  La transmission, l’exemple, et l’accès concret à la pratique sont essentiels. Faute de quoi, c’est une génération entière que l’on condamne à la passivité, avec les conséquences sanitaires et sociales qui en découlent.

Crédit photo :  Pixabay (cc)
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Une réponse à “Collégiens et sport : une génération de plus en plus sédentaire ?”

  1. Jotglars 66 dit :

    Des SUV et 4X4 qui déposent les enfants à l’école quand on pourrait y aller à pied, les trottinettes qui évitent de marcher, l’addiction aux écrans et la perte du goût de l’effort sont aussi des freins à la pratique sportive. En dehors du côté de la santé, il serait souhaitable d’inciter les jeunes au sport plaisir et non à la contrainte. Le sport c’est aussi un état d’esprit qui permet de canaliser une part de violence et de vivre des instants avec d’autres partageant certaines valeurs qui manquent souvent dans notre société individualiste.

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