Le scandale de corruption qui éclabousse le Parti socialiste espagnol (PSOE) prend une nouvelle ampleur. Après plusieurs mois de révélations en cascade, l’affaire a désormais atteint le sommet du pouvoir avec la mise en cause directe de Santos Cerdán, numéro trois du parti et proche de Pedro Sánchez. Ce dernier a dû se résoudre à lui demander sa démission, tout en assurant ne rien avoir su des faits reprochés.
Selon un rapport de près de 500 pages de la Garde civile, Santos Cerdán aurait orchestré, aux côtés de l’ancien ministre socialiste José Luis Ábalos et de son conseiller Koldo García, un système de commissions occultes sur des marchés publics. Les agents évoquent notamment des « compensations économiques émanant supposément d’Acciona », chiffrées à 620 000 euros, selon un article du Figaro du 13 juin. Ces pratiques s’inscrivent dans le cadre d’une enquête ouverte sur des contrats liés à la pandémie de Covid-19.
Des aveux à contrecœur et une pression croissante
Mis devant l’évidence, Pedro Sánchez a présenté publiquement ses excuses, déclarant : « Nous n’aurions jamais dû lui faire confiance, j’étais convaincu de son intégrité jusqu’à aujourd’hui ». Lors de sa conférence de presse du 13 juin, retransmise en direct sur plusieurs chaînes, le Premier ministre espagnol a promis un audit externe des comptes du PSOE et des changements dans son comité fédéral.
Peu avant, Santos Cerdán avait annoncé sa démission « de toutes [ses] responsabilités » ainsi que de son siège de député, en précisant vouloir se consacrer à sa défense. Il a rejeté les accusations, affirmant son innocence.
Mais la polémique ne s’arrête pas là. D’autres proches du chef du gouvernement sont également cités dans des affaires en cours, notamment son épouse, son frère et d’anciens collaborateurs. « Quand font l’objet d’une enquête la femme du président du gouvernement, le frère du président, l’ancien numéro deux du président et le numéro deux actuel du président, c’est que le problème, c’est le président », a dénoncé Alberto Núñez Feijóo, leader du Parti populaire.
Santos Cerdán. Source : rtve.es
La rue gronde, l’opposition exige des élections
La réaction populaire n’a pas tardé. Le 8 juin, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Madrid pour dénoncer un « gouvernement corrompu » et réclamer des élections anticipées. Des slogans comme « Pedro Sánchez, démissionne ! » ont été scandés sur la place d’Espagne, dans un rassemblement organisé par le Parti populaire, rapportait CNews le même jour. Selon le Parti populaire, plus de 100 000 personnes étaient présentes, contre 45 000 à 50 000 selon le représentant du gouvernement central à Madrid.
Le scandale vient rappeler un douloureux précédent pour le PSOE. Sánchez lui-même était arrivé au pouvoir en 2018 en dénonçant les pratiques du Parti populaire de Mariano Rajoy, fragilisé par l’affaire Gürtel. À l’époque, le socialiste fustigeait les « manquements dans la sélection des collaborateurs » de Rajoy selon Le Figaro. Aujourd’hui, ces accusations se retournent contre lui.
Malgré les appels à la démission, Pedro Sánchez exclut toute dissolution du Parlement. Il affirme vouloir « poursuivre les transformations » et mener son mandat à son terme, en 2027. Mais selon le quotidien espagnol El País, cette crise est « d’une ampleur colossale » et le PSOE pourrait « en payer le prix dans les urnes » s’il ne fournit pas « des explications précises ».
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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2 réponses à “Espagne : Pedro Sánchez rattrapé par les affaires de son propre parti”
Les espagnols ont bien de la chance si la corruption est sanctionnée chez eux !
Pour reprendre les propos d’un ami… »Ceux qui sont honnêtes ce sont ceux qui n’ont pas encore été gaulés! » Chez nous pas de Justice sauf pour sanctionner les Identitaires! Aux autres on distribue bons points et sucettes! Et une prime pour venir en deuxième semaine.