Le domaine de Briord à Port-Saint-Père, en pays de Retz est la dernière mouture d’une châtellenie considérable attestée dès le XIII° siècle. Elle passe un temps entre les mains de Pierre Landais, trésorier général du duc de Bretagne François II. Favori du duc mais haï par les vassaux, il finit sur le gibet en 1485.
La Seigneurie passe ensuite d’une famille à l’autre jusqu’à son acquisition par Jean Charette de Briord, lointain cousin du général vendéen. En 1770, il y fait construire une « folie » dans l’esprit néo-classique. De riches nantais lui succèdent et Briord connaît un certain faste au XIX° siècle. Puis la propriété végète jusqu’à l’arrivée d’un homme d’affaires, Eric Peters, passionné par le patrimoine.
Réduite à 53 ha, tout de même, la Terre de Briord bénéficie d’une remarquable mise en valeur. Le château, la chapelle, le colombier, les communs sont restaurés avec goût et justesse.
Désireux d’étendre son emprise, Peters a ouvert un restaurant, place de l’Église, à Port-Saint-Père. La Table de Briord se veut un restaurant historique, inspiré par les cuisiniers, les gastronomes du XIX° siècle. Chaque plat est placé sous les auspices d’Alexandre Dumas, Carême, Escoffier, Gouffé, Monselet… De quoi s’en lécher les babines.
Que s’est-il passé, le jour de notre visite ? Le feu d’artifice promis s’est révélé un pétard mouillé.
Pour huit, le menu bistrot :
— Œufs cocotte à la cuisson très aléatoire.
— Dos de lieu jaune, sauce jaune, jugé correct.
— Échine confite, haricots verts quasi crus envahissants.
— Babas au rhum ancien. Atroce
Nous n’étions pas à la fête. Une morale ? On ne s’improvise pas restaurateur, surtout avec de telles prétentions.
Jean Heurtin
Crédit photo : DR
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2 réponses à “Mésaventure à Briord…”
Ca fait du bien une chronique vraie.
C’est possiblement à Briord qu’est né en 1531 François de La Noue « Bras-de-fer », fameux capitaine huguenot et moraliste, arrière-arrière-petit-fils de Pierre Landais par sa mère Bonaventure Lespervier. Certains prétendent qu’il est né à La Chapelle sur Erdre (château de la Gascherie), en fait il y fut baptisé. D’autres affirment qu’il est né à La Noue en Fresnay (en Retz) : « sa mère l’y apporta de Fresnay à la Gascherie peu après la naissance » (R. Joxe). Briord resta dans la famille du receveur général du Duché jusqu’en 1667.