A l’origine, les « Bouillons » sont des gargotes qui proposent, pour un prix très modique, un bouillon gras, épaissi à la gélatine de bœuf. On les mentionne à Paris, vers 1830. En 1854, un boucher, Adolphe-Baptiste Duval réserve ses plus bas morceaux pour en faire un consommé. Son fils Alexandre améliore la formule, plus de plats, de confort. En 1900, Paris compte 200 Bouillons Duval. Mais en 1896, un autre restaurateur, Chartier ouvre des Bouillons plus soignés encore. Le Bouillon Chartier, 7, rue du Faubourg Montmartre, témoigne de cet âge d’or.
Peu à peu, les Bouillons disparaissent, remplacés par des formules de restauration rapide, snacks, fast food qui en sont les avatars.
Les Bouillons sont désormais à la mode. Nantes en compte trois. Nous avons tâté du Bouillon de la Paix, dans la rue du même nom. Ce Bouillon ouvre à midi, sans réservation. Décor passe-partout, service jeune et attentif. Une salle au quart pleine. Nous étions sept convives.
— En entrée, œufs « mayo », salade de hareng fumé pommes de terre, terrine de saumon.
— Les plats. Blanquette de saumon aux petits légumes (rares) riz crémeux. Saucisse paysanne. Faux-filet, garniture.
— Les desserts, givre de framboise, parfait glacé café, soupe de fraises sorbet, pavlova.
— Sept cafés.
— Une bouteille de muscadet de chez Toublanc.
L’ardoise est de 182 euros, soit 26,57 euros par personne.
Que dire ? Une cuisine passable, sinon insignifiante que l’on fait mieux à la maison. N’attendre aucune émotion gustative.
La ville compte encore plusieurs dizaines de restaurants où l’on déjeune entre 20 et 30 euros. Une cuisine véritable, de qualité. J’en cite ici quatre :
— Les Pieds dans le plat qui, hélas, vient de rendre l’âme.
— La Mandale, rue Léon Jamin.
— La Reine Margot, rue de la Juiverie.
— L’Art’N Blum, rue Léon Blum.
Alors, ces néo-Bouillons ? Le dernier attrape nigaud d’une restauration qui n’est là que pour le fric. On peut passer son chemin…
Jean Heurtin.
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5 réponses à “Nantes. Prendre le bouillon…”
Je vous trouve dur envers cet établissement. Vous semblez en quête d’une cuisine ambitieuse, « véritable », dites-vous. La promesse d’un bouillon est celle d’un repas rapide, sans façon, pas cher, fait de plats simples (comme ceux que vous citez, d’ailleurs). Vous vous êtes trompé d’adresse.
La promesse d’un bouillon est de n’être pas cher. Or ici, vous citez un prix qui est loin de celui du bouillon Chartier que j’ai connu, à 5 Fr le repas dans les années 90.
Un vrai bouillon doit être moins cher qu’un fast-food et destiné à ce que les très faibles budgets puissent se nourrir loin de chez eux. Pas à 26,57€ le repas ! Et bien évidemment, pas de « riz crémeux » ou de « givre de framboise ». Deux menus standard pour tous, par exemple œuf mayo, consommé « comme avant » avec du pain et tarte au fromage blanc. Et radis ou céleri, bouillon de légumes avec ses légumes et un fruit, une pomme en dessert pour les adorateurs du Dieu « Véganius ». Boisson: eau du robinet. Le tout au prix du ticket resto et 1/2 h de présence, pas plus. Grandes tablées et le service est assuré par soi-même afin de limiter le personnel.
Bon, je m’égare. Je vais me rasseoir à ma table chez Bocuse où on déjeune. 😁
J’avais bien aimé l’article ce matin et je reviens et j’explose de rire en lisant Michel! Mais Mahault d’Artois aussi n’a pas tort. En principe un bouillon c’était du rapide bien de chez nous avant la malbouffe venue de chez les puritano-évangélistes (only bisness). Je relis les notes de ma mère, un bon bouillon se fait avec de bons bas morceaux de boeuf qui ensuite feront un bon pot au feu et le reste servira pour un hachis bien préparé avec un soupçon d’ail, des oignons, du râpé! De la simplicité!
Pas cher dites vous , 26,57 euros par personne quand même , ce n’est pas un prix de gargotte .
Comment faites-vous pour boire une seule bouteille de Muscadet à sept ? Avec ces fortes chaleurs (et si personne ne prends le volant, bien sur) ce serait plutôt 4 pour 7 chez moi.