Un an après sa mise en service, le prototype chinois d’éolienne offshore de 20 MW, conçu par la société Mingyang Smart Energy, livre ses premiers enseignements. Et ils sont loin d’être rassurants. Avec ses dimensions hors normes – 242 mètres de haut, des pales de 128 mètres –, cette machine ne se contente pas de produire de l’électricité : elle modifie aussi le climat local.
Selon le site Comparatel, les chercheurs ont observé autour de l’installation des perturbations microclimatiques inattendues. Dans un rayon de plusieurs kilomètres, on note des variations de température, des changements dans les régimes de vent et même une redistribution des masses d’air. Plus surprenant encore, la surface de l’eau et les précipitations locales seraient directement impactées.
La menace d’un « Bretagne-Sud XXL »
Ces observations interpellent directement en Bretagne. À seulement 19 km à l’ouest de Belle-Île, le projet dit « Bretagne-Sud » prévoit l’installation de plusieurs dizaines d’éoliennes encore plus gigantesques que le prototype chinois. Le consortium Pennavel annonce des puissances de 24,5 MW, des pales atteignant 155 mètres et des hauteurs totales de 340 mètres, soit l’équivalent d’une tour Eiffel flottante.
Une telle concentration d’éoliennes au large des côtes morbihannaises pourrait reproduire, voire amplifier, les phénomènes observés en Chine. Or, ni les autorités publiques ni les porteurs du projet ne semblent avoir pris en compte ces impacts climatiques dans leurs études.
Appel au moratoire
L’association Gardiens du Large, qui suit attentivement ce dossier, estime qu’il est désormais impossible de continuer comme si de rien n’était. « Au vu des conclusions chinoises, aucune autorité responsable ne peut accorder une autorisation de construction à un tel projet », souligne-t-elle dans son communiqué du 14 août.
Pour les défenseurs du littoral, il devient impératif de décréter un moratoire. L’enjeu n’est pas seulement écologique, mais aussi social et économique : les microclimats locaux conditionnent la vie marine, la pêche, le tourisme et l’équilibre des écosystèmes côtiers.
L’expérience chinoise rappelle que la question des éoliennes géantes ne se limite pas aux chiffres de production ou aux promesses d’une énergie « verte ». Elle engage directement l’avenir de territoires entiers, en Bretagne comme ailleurs. Les habitants de Belle-Île, Groix et Quiberon pourraient en faire les frais, si le projet Bretagne-Sud se déploie sans prise en compte de ces risques climatiques.