C’est une scène qui en dit long sur l’état de la République et sur la lente agonie du principe d’égalité devant la loi. À Nantes, dans la déchèterie de la Prairie-de-Mauves, certaines personnes sont désormais autorisées, en toute légalité, à venir se servir dans les bennes de métaux… après la fermeture au public. Pourquoi ? Parce qu’il a fallu « préserver la paix sociale ». Autrement dit : céder à ceux qui ont su imposer un rapport de force.
Quand la menace devient un mode de négociation
Les faits sont simples, mais sidérants. Depuis trois ans, une médiation a été mise en place entre Nantes Métropole et des groupes venus « récupérer » dans les déchetteries. Des tensions, des dégradations, des conflits ont été constatés. Au lieu de faire respecter le règlement par la fermeté, les autorités locales ont choisi la voie de la soumission : autoriser provisoirement deux familles de récupérateurs à glaner dans les bennes… une fois les usagers partis, sous l’œil des agents.
Et ce n’est pas un cas isolé. À Rezé, une expérimentation de récupération de métaux aux heures d’ouverture est menée depuis 2018. Ailleurs, comme dans le pays d’Ancenis ou à Clisson, c’est l’octroi de cartes d’accès qui encadre désormais la collecte. Les collectivités cherchent à éviter les vols et les dégradations. Mais plutôt que de renforcer les contrôles et d’assurer la sécurité par le haut, elles préfèrent légaliser ce qui relevait autrefois de la fraude ou du pillage.
Un privilège conquis par la pression
Ce que montre cette affaire, c’est un renversement de logique. Ce ne sont plus les règles qui fondent les droits, mais l’intimidation, le trouble à l’ordre public, la pression constante. Ceux qui menacent, insistent, ou transgressent sont récompensés ; ceux qui respectent les règles n’ont qu’à se taire et observer. L’égalité ? Foutaise. L’autorité ? Dissoute.
Pendant que certains attendent patiemment que les encombrants soient traités par la filière officielle, d’autres récupèrent gratuitement — et revendent ensuite — des matériaux que la collectivité cède normalement à des prestataires comme Derichebourg, pour 100 à 180 euros la tonne. À raison de 4 à 5 tonnes de métaux collectées par semaine à Nantes, la question mérite d’être posée : qui profite vraiment de cette générosité publique ? Et à quel prix ?
Ce qu’il faut bien comprendre ici, c’est que ce type de « compromis » n’est pas un cas isolé, mais un symptôme. Celui d’une société où l’on renonce à faire respecter les lois au profit d’arrangements communautaires, clientélistes, ou de simple lâcheté. On ne veut pas de vagues ? Alors on accorde un privilège. On veut éviter les tensions ? On officialise le désordre. Et pendant ce temps, le citoyen ordinaire, qui respecte les règles, est tenu à l’écart, doit payer toujours plus, et surtout fermer sa gueule.
La sécurité des agents, nous dit-on, prime. Mais que reste-t-il de la justice quand on sacrifie l’équité au nom de la sécurité ? Que devient la confiance dans les institutions quand les autorités locales accordent des droits différenciés en fonction du bruit que vous faites ou du désordre que vous êtes capables de semer ?
L’affaire des déchetteries nantaises n’est peut-être qu’un détail. Mais elle révèle une fracture plus profonde. Celle d’un pays où les lois s’appliquent à géométrie variable, où la peur guide les politiques publiques, et où la paix sociale est négociée comme on achète un sursis. Pendant ce temps, le contribuable paie, observe et se tait. Demain, ce seront peut-être d’autres services publics qui céderont ainsi, en silence. Non pas parce qu’il le faut, mais parce que c’est plus facile. Et parce que ceux qui respectent encore les règles continuent de le faire…ou ne font pas assez de bruit.
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