Alors qu’il préside depuis février 2024 l’une des institutions les plus emblématiques d’Irlande, la Gaelic Athletic Association (GAA), Jarlath Burns est aujourd’hui au cœur d’une polémique politique de grande ampleur. En cause : sa participation et son discours prononcé le 30 novembre lors de la commémoration du 105e anniversaire de l’embuscade de Kilmichael, événement phare de la guerre d’indépendance irlandaise.
Un discours qui ravive les plaies
Le discours de Burns, teinté de mémoire républicaine, a été très mal accueilli du côté unioniste. Le groupe Let’s Talk Loyalism, dirigé par le commentateur Moore Holmes, a exigé publiquement la démission du président de la GAA, estimant qu’il ne peut à la fois diriger un organisme financé par des fonds publics et célébrer des attaques meurtrières contre des forces de l’ordre.
« Ce n’est ni de la neutralité, ni de l’inclusion, encore moins du leadership éducatif », ont dénoncé les militants loyalistes. Selon eux, « glorifier des assassinats de policiers » au nom de la mémoire historique trahit les valeurs que la GAA prétend incarner, et sape la légitimité de son président, par ailleurs directeur d’un établissement scolaire dans le sud de l’Armagh.
Entre commémoration et militantisme
L’embuscade de Kilmichael, dirigée par le célèbre commandant républicain Tom Barry, s’était soldée en 1920 par la mort de 17 membres des forces auxiliaires britanniques. Trois volontaires de l’IRA y avaient également laissé la vie. Si l’événement est considéré dans le camp républicain comme une victoire stratégique majeure, il reste perçu dans le camp unioniste comme un épisode sanglant d’une guerre dont les échos n’ont jamais totalement disparu.
Dans son discours, Burns a lié cette mémoire historique à la répression britannique dans le stade de Croke Park, quelques jours plus tôt en 1920, au cours de laquelle 14 civils avaient été tués par les forces de la Couronne. Il a évoqué « une campagne de terreur » à l’encontre de spectateurs innocents, fustigeant les violences d’État et l’impunité.
Mais c’est surtout le ton du discours, insistant sur le devoir d’admiration envers ceux qui se sont battus pour la liberté irlandaise, qui choque de l’autre côté de la ligne communautaire. Les adversaires de Burns dénoncent un usage politique de la mémoire, d’autant plus gênant que la GAA bénéficie de subventions publiques venues de Dublin, de Londres, mais aussi de fonds européens pour la paix.
Let’s Talk Loyalism affirme que « l’idéologie républicaine continue d’infuser dans la culture de la GAA, sous couvert d’éducation ou de patrimoine », et accuse Burns de légitimer la violence paramilitaire en ne posant aucune distinction claire entre mémoire et célébration.
Autre point d’irritation : Burns a profité de son intervention pour évoquer le « génocide en cours à Gaza », multipliant les parallèles entre les violences subies par les Palestiniens et celles vécues dans l’Irlande occupée. Il a aussi dénoncé l’assassinat de figures du monde gaélique comme Sean Brown ou Aidan McAnespie, attribués aux forces loyalistes ou à l’armée britannique, sans un mot sur les nombreuses victimes civiles des campagnes de l’IRA.
Pour ses opposants, cette rhétorique alimente une mémoire sélective, qui efface la souffrance de l’autre camp et ravive les tensions communautaires à l’heure où l’Irlande du Nord tente tant bien que mal de maintenir un équilibre fragile.
Un président en sursis ?
Le groupe loyaliste estime qu’un responsable d’organisation sportive nationale et d’un établissement éducatif ne peut participer à des événements “honorant les meurtres de policiers” sans conséquences. Il exige sa démission immédiate, évoquant une perte totale de crédibilité.
De son côté, la GAA n’a pas encore officiellement réagi, mais des sources internes indiquent que Jarlath Burns avait “longuement réfléchi” avant d’accepter l’invitation, et que son discours visait à évoquer la complexité de son vécu personnel dans le sud de l’Armagh, région historiquement marquée par les Troubles.
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