Dans un paysage éditorial saturé d’essais technocratiques et de diagnostics hors-sol, Nicolas Vidal propose avec Lettre à mon fils – Tu es né dans la tempête un objet littéraire à part. Ni manifeste politique classique, ni confession intime désincarnée, ce livre prend la forme d’une lettre de transmission, écrite à hauteur d’homme, à destination d’un enfant à naître — mais aussi, en filigrane, à toute une génération appelée à vivre dans un monde instable, fracturé et désenchanté.
Dès les premières pages, le ton est donné : la France décrite par l’auteur n’est pas celle des plateaux télévisés ni des discours institutionnels, mais celle des campagnes, des ronds-points, des villages, de cette « France périphérique » souvent méprisée, caricaturée ou rendue invisible. Vidal ne s’adresse pas à son fils pour l’alerter d’un danger abstrait, mais pour lui transmettre une boussole morale, forgée dans l’expérience, les ruptures et les combats.
Une critique frontale de la caste politico-médiatique
Tout au long de l’ouvrage, Nicolas Vidal développe une critique sévère — mais structurée — de ce qu’il appelle la caste dirigeante : un ensemble composite de responsables politiques, de technocrates et de relais médiatiques, accusés d’avoir progressivement rompu avec le réel. L’auteur décrit un pouvoir éloigné du terrain, gouvernant par acronymes, normes et éléments de langage, incapable d’entendre la souffrance sociale autrement que comme un problème de communication.
Cette rupture se manifeste, selon lui, dans plusieurs séquences clés de l’histoire récente : le mouvement des Gilets jaunes, réprimé sans ménagement ; la gestion de la crise sanitaire, marquée par des restrictions inédites des libertés publiques ; ou encore la montée d’un mépris assumé à l’égard des classes populaires, rurales et modestes, souvent renvoyées à l’irrationalité ou au « populisme ».
Dans ce récit, l’État apparaît moins comme un protecteur que comme un appareil de contrainte, prompt à discipliner son propre peuple tout en se montrant impuissant face aux désordres qu’il prétend combattre.
Les ronds-points comme école du réel
Une large partie du livre est consacrée à l’expérience fondatrice des ronds-points, durant l’hiver 2018-2019. Nicolas Vidal y décrit ce qu’il considère comme une révélation politique et humaine : la découverte d’un peuple concret, digne, solidaire, bien éloigné des clichés véhiculés depuis Paris. Caissières, intérimaires, retraités, mères seules : autant de visages croisés, autant de récits de fin de mois difficiles, autant de vies broyées par un système devenu abstrait.
Ces pages constituent le cœur émotionnel du livre. Elles ancrent le propos dans une France vécue, faite de gestes simples, de paroles tenues, de solidarité spontanée. Pour Vidal, c’est là que subsiste encore une forme de souveraineté populaire, loin des hémicycles et des cabinets ministériels.
Covid, autoritarisme et mémoire collective
L’auteur consacre également un long développement aux années Covid, qu’il analyse comme un basculement autoritaire. Sans tomber dans la théorie, il insiste sur les fractures durables engendrées par les pass sanitaires, la mise à l’écart d’une partie de la population, et la normalisation de mesures d’exception. Ce moment, selon lui, a révélé une tentation profonde du pouvoir : gouverner par la peur, le contrôle et la culpabilisation.
À son fils, il transmet une consigne simple mais ferme : ne jamais s’habituer à l’exception, ne jamais considérer la liberté comme négociable. La mémoire, écrit-il, n’est pas une revanche, mais une condition de la dignité.
Autre axe structurant du livre : la critique de l’Union européenne telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. Vidal ne se revendique pas « anti-européen », mais profondément attaché à la souveraineté politique. Il décrit Bruxelles comme un centre décisionnel lointain, technocratique, où les choix majeurs s’imposent sans véritable contrôle démocratique.
À travers cette analyse, c’est moins l’Europe culturelle ou civilisationnelle qui est remise en cause que la dépossession politique ressentie par les peuples. Là encore, le fil conducteur reste le même : la distance entre ceux qui décident et ceux qui vivent les conséquences.
Une lettre d’héritage plus qu’un programme
Lettre à mon fils n’est pas un programme politique clé en main. C’est un livre de transmission, presque un manuel de tenue intérieure. Vidal y insiste sur des valeurs simples : la parole donnée, la lecture, le doute fécond, la tempérance, la loyauté familiale, l’enracinement. Il y célèbre la patience, la résistance quotidienne, la capacité à rester debout sans céder à la haine.
Dans un monde saturé d’injonctions et de slogans, ce livre fait le choix de la longue durée, de l’héritage, de la continuité. Il s’adresse autant aux pères qu’aux fils, à ceux qui cherchent encore à transmettre quelque chose dans un pays qu’on dit souvent en déclin.
En définitive, Tu es né dans la tempête s’inscrit à contre-courant de l’époque. Refusant le cynisme comme la résignation, Nicolas Vidal y affirme qu’un peuple ne meurt jamais tant qu’il transmet, tant qu’il se souvient, tant qu’il refuse de baisser la tête. Une conviction qui, au-delà de l’auteur, résonne fortement chez nombre de lecteurs en quête de repères, de cohérence et de fidélité au réel .
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