Un échange récent entre Éric Zemmour et l’abbé Raffray a remis sur la table une question centrale, trop souvent évitée dans le débat public français : le christianisme est-il une foi, une culture, une identité, ou tout cela à la fois ?
Derrière ce dialogue dense et parfois heurté, se dessinent des fractures profondes — religieuses, politiques, civilisationnelles — qui traversent la France contemporaine.
Une France déchristianisée face à une islamisation assumée
Le point de départ du débat est un constat partagé, bien que formulé différemment par les deux interlocuteurs : la France n’est plus chrétienne dans les faits, et les catholiques sont désormais devenus minoritaires sur leur propre sol. Une rupture historique, inédite depuis plus de quinze siècles.
À cette déchristianisation s’ajoute un phénomène nouveau, que plusieurs observateurs jugent structurant : l’islamisation visible de l’espace public, portée par une immigration massive et par une affirmation religieuse assumée, notamment chez les jeunes générations musulmanes.
Pour Éric Zemmour, cette double dynamique — recul du christianisme d’un côté, affirmation islamique de l’autre — crée un déséquilibre civilisationnel majeur.
Christianisme : foi personnelle ou socle civilisationnel ?
C’est sur ce point que s’installe le cœur du désaccord.
L’abbé Raffray rappelle que le christianisme est d’abord une foi, une adhésion personnelle à une vérité spirituelle, orientée vers le salut et la vie éternelle. Selon lui, réduire le christianisme à une identité culturelle ou à un outil politique revient à en trahir la nature profonde.
Éric Zemmour, sans contester cette dimension spirituelle, avance une autre lecture : la foi relève de l’intime, et nul pouvoir politique ne peut la décréter ou la restaurer par décret. En revanche, l’identité chrétienne, faite de paysages, de rites, de fêtes, de symboles, de mœurs et d’héritage historique, peut et doit être défendue collectivement.
Ce n’est pas, selon lui, instrumentaliser le christianisme, mais préserver un cadre civilisationnel sans lequel la foi elle-même risque de disparaître à terme.
La laïcité : arme contre le catholicisme, bouclier contre l’islam ?
Autre point de friction majeur : la laïcité.
Tous deux reconnaissent qu’historiquement, elle fut une arme de combat contre le catholicisme, notamment au début du XXe siècle. Églises fermées, congrégations dissoutes, clergé marginalisé : la République s’est construite contre l’Église.
Mais là où l’abbé Raffray se montre réservé, Éric Zemmour plaide pour un changement de logiciel : utiliser aujourd’hui la laïcité non plus contre le catholicisme, mais contre l’islam politique, afin de cantonner les religions minoritaires à la sphère privée, tout en redonnant une visibilité culturelle au christianisme, considéré comme constitutif de l’identité française.
Il ne s’agirait pas d’inégalités entre citoyens, mais d’une hiérarchie culturelle assumée, fondée sur l’histoire.
Immigration, démographie, transmission : les angles morts du débat religieux
Le débat déborde rapidement la seule question religieuse pour toucher à des sujets plus larges : immigration de masse, démographie, famille, transmission.
Pour les deux intervenants, le déclin chrétien ne s’explique pas seulement par des causes théologiques, mais aussi par un effondrement de la transmission familiale et culturelle.
La jeunesse occidentale, souvent décrite comme la première génération sans héritage, cherche des repères. Dans ce contexte, l’affirmation identitaire musulmane agit parfois comme un électrochoc, poussant certains jeunes Français à redécouvrir leurs racines chrétiennes — par la culture, les pèlerinages, la liturgie, avant même la foi.
Foi et identité : opposition ou complémentarité ?
Au fil de l’échange, une ligne de crête se dessine.
L’abbé Raffray insiste sur le danger d’un christianisme réduit à une coquille identitaire, vidée de sa substance spirituelle. Éric Zemmour, lui, assume une stratégie de défense des formes, convaincu que sans formes, la foi ne survit pas, et que l’identité peut parfois précéder, voire préparer, un retour du spirituel.
Le désaccord n’est pas total, mais porte sur la hiérarchie des priorités et sur les moyens d’action dans une société devenue largement sécularisée.
Au-delà des postures, ce dialogue met en lumière une interrogation fondamentale : peut-on encore parler de France sans parler de christianisme ?
Et si oui, sous quelle forme : foi vivante, héritage culturel, mémoire collective, ou tout à la fois ?
Dans une époque marquée par l’effacement, la fragmentation et la perte de repères, ce débat révèle moins une querelle personnelle qu’un malaise profond, auquel ni la politique ni l’Église ne semblent, pour l’instant, apporter de réponse pleinement satisfaisante.
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
2 réponses à “Christianisme, identité, foi : un débat Zemmour-Raffray révélateur des fractures françaises”
Bonjour,
Le désaccord est total et tant mieux. Cet habillage culturel de la société française en parangon du catholicisme, cache le manque de profondeur intérieure de ceux qui le portent. Ceux-là nous incitent encore à nous battre contre des Mohamétans qui sont plus proches de nous que tous ces laïcistes sans qui, nous n’en serions pas arrivés là.
Il y a 10 ans, nous nous faisions une remarque avec une mère abbé, que les gauchistes regretteraient bientôt l’Eglise, et qu’ils le regretteraient avec amertume. Nous y sommes. Ce sont des canards, Zemmour compris, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur bec mais qui ont la prétention de régir un pays.
Pour y voir loin, il faut la foi, la culture et l’intelligence, ce même coktail qui animait le général de Gaulle, quoi qu’on puisse penser de ses trahisons en algérie. Malgré tous ses défauts, le catholique fervent et cultivé a toujours été à la proue de ce pays pour le faire avancer depuis 2000 ans. Et je ne vois pas une autre foi faire mieux chez des individus qui auront à gouverner ce pays. Regardez d’ailleurs le ridicule de cette élite sans foi. : https://www.lecourrierdesstrateges.fr/v-2veerledaens/
Ridicule comme le film éponyme. Le monde appartient aux petits.
Cdt.
M.D
Finalement, Zemmour est pascalien.