L’année 2024 marque un tournant pour l’artisanat en Bretagne administrative. Selon le dernier baromètre ISM-MAAF, la région a enregistré 10 900 créations d’entreprises artisanales, soit une hausse de 16 % sur un an, une progression nettement supérieure à la moyenne nationale. Une dynamique remarquable, qui confirme l’attractivité de l’artisanat breton, tout en faisant émerger de nouvelles interrogations sur la pérennité et la transmission des entreprises existantes.
Une dynamique entrepreneuriale nettement supérieure à la moyenne nationale
Avec 10 900 nouvelles entreprises artisanales créées en un an, la Bretagne signe une performance inédite. Après un léger repli en 2023, la région connaît un rebond marqué, alors même que le contexte économique reste incertain. L’artisanat représente désormais 26 % de l’ensemble des créations d’entreprises bretonnes, confirmant son rôle structurant dans l’économie régionale.
La progression concerne aussi bien les entreprises individuelles que les structures employeuses. Les créations d’entreprises individuelles progressent de 16 %, tandis que les sociétés susceptibles de créer de l’emploi (SA, SARL, SAS) augmentent de 14 %. Un signal positif pour le marché du travail local.
Les services en tête, mais tous les secteurs progressent
La croissance des créations concerne l’ensemble des secteurs artisanaux, avec toutefois des intensités variables. L’artisanat des services se distingue particulièrement, affichant une hausse de 19 %, porté par des activités accessibles, souvent issues de reconversions professionnelles.
Les autres secteurs suivent également une trajectoire ascendante :
- +16 % dans l’artisanat de l’alimentation
- +14 % dans le bâtiment et les travaux publics
- +12 % dans la fabrication
Parmi les activités les plus dynamiques figurent le nettoyage des bâtiments, les soins de beauté, la création artistique, mais aussi des métiers plus traditionnels comme la maçonnerie, l’électricité ou la menuiserie. Certaines activités enregistrent même des hausses supérieures à 30 %, notamment l’aménagement paysager, la coiffure ou la réparation automobile.
La dynamique entrepreneuriale bénéficie à tous les départements bretons de la Bretagne administrative (la Loire-Atlantique n’est pas intégrée dans l’étude). L’Ille-et-Vilaine arrive en tête en volume, avec environ 3 400 créations, suivie du Finistère (2 760), du Morbihan (2 650) et des Côtes-d’Armor (2 090).
En taux de progression, l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan se distinguent, avec respectivement +18 % et +17 %. Les Côtes-d’Armor affichent une croissance plus modérée (+12 %), mais restent néanmoins dans une trajectoire positive.
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L’artisanat, un terrain privilégié pour les reconversions professionnelles
Autre enseignement majeur du baromètre : un entrepreneur sur deux ayant créé une entreprise artisanale en Bretagne l’a fait dans le cadre d’une reconversion professionnelle. Ce phénomène est particulièrement marqué dans l’alimentation, la fabrication et les services, où plus de deux tiers des créateurs ont changé de métier.
À l’inverse, le bâtiment reste un secteur davantage marqué par la continuité professionnelle, les reconversions y étant nettement moins fréquentes. Cette réalité souligne le rôle de l’artisanat comme voie d’émancipation économique et de réorientation professionnelle.
Derrière cette vitalité apparente se cache toutefois une fragilité structurelle : la faiblesse des reprises d’entreprises. Moins de 6 % des créations résultent d’une transmission ou d’un rachat. Or, selon les estimations, 2 430 entreprises artisanales bretonnes pourraient être à céder dans les cinq prochaines années, leurs dirigeants ayant dépassé 60 ans.
Les secteurs de la fabrication, de l’alimentation et des services sont particulièrement concernés. Certaines activités clés du tissu local — commerce alimentaire sur les marchés, nettoyage, réparation automobile, menuiserie, maçonnerie — figurent parmi les plus exposées aux départs à la retraite.
La transmission des entreprises artisanales ne relève pas seulement d’un enjeu économique. Elle concerne aussi la préservation de savoir-faire, parfois rares, et l’équilibre des territoires, notamment ruraux. Une entreprise sur deux risque aujourd’hui de ne pas être transmise, faute d’anticipation ou de repreneur identifié.
Dans une région où l’artisanat joue un rôle central dans la vie locale, cette question devient stratégique. Si la création d’entreprises témoigne d’un dynamisme réel, la capacité à organiser et accompagner les reprises conditionnera la solidité du tissu économique breton dans les années à venir.
Méthodologie de l’étude
Le Baromètre de l’artisanat est réalisé par l’Institut Supérieur des Métiers avec le soutien de MAAF. Publié 4 fois par an, ce baromètre met en avant les grandes tendances d’évolution du secteur de l’artisanat dans ses différentes composantes économiques et sociales (caractéristiques des dirigeants, des entreprises, des emplois, selon les secteurs et les territoires).
Sources : les données du baromètre sont issues du traitement et de l’exploitation, par l’ISM, de fichiers de données nationaux de l’INSEE et des publications du BODACC A (ventes et cessions).
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.