Le chanteur breton Denez Prigent vient de publier son treizième album, Toenn-Vor – Chants des sept mers (Artfolk). Une création inédite, présentée en avant-première au Festival du Chant de marin de Paimpol, où l’artiste explore un répertoire maritime revisité avec sa voix puissante.
Un hommage aux gens de mer et au patrimoine breton
Originaire de Santec, sur la côte du Léon, Denez explique avoir longtemps nourri ce projet : consacrer un album aux chants des marins. Il dénonce d’ailleurs la folklorisation de ce répertoire, trop souvent réduit à des clichés. Pour lui, il s’agit au contraire d’une part essentielle de l’identité musicale bretonne, nourrie de mémoire et de vécu.
Sur Toenn-Vor, il interprète des gwerzioù, complaintes, chants de bord et ronds côtiers, en breton comme en français. « Depuis l’enfance, la mer et la langue bretonne font partie de mon être », confie l’artiste, qui revendique cette double appartenance comme source d’inspiration.
Pour renouveler l’approche des chants de mer, Denez a invité des musiciens venus d’horizons très différents. Résultat : un mélange où l’on retrouve aussi bien les sonorités traditionnelles de Bretagne que des instruments rarement associés à ce répertoire – charango andin, saz turc, bandonéon argentin, oud arabe… Avec un résultat à découvrir.
Des reprises fortes : de Saint-Malo à Brel
L’album revisite des classiques populaires comme Le capitaine de Saint-Malo ou Les filles de Lorient, mais aussi des pièces oubliées, telle Ur vag a Montroulez, gwerz transmise par sa grand-mère et retraçant un naufrage en baie de Morlaix au XVe siècle.
Autre moment fort : A lano du (La marée noire), texte en breton du prêtre Visant Seité écrit après le drame de l’Amoco Cadiz, en 1978. Pour Denez, qui a vécu enfant cette catastrophe écologique à Portsall, ce chant est un devoir de mémoire.
Enfin, l’album surprend avec une reprise d’Amsterdam de Jacques Brel, que Denez décrit comme son « chanteur de langue française préféré ». Déjà, à seize ans, il avait remporté deux radio-crochets en interprétant ce titre. Ici, il en livre une version habitée, qui dialogue avec son univers maritime.
À 59 ans, Denez reste aussi engagé dans la défense de la langue bretonne. Il participera, le 6 septembre prochain, à la journée de mobilisation organisée à Carhaix en faveur du breton, aux côtés de nombreux artistes.
Pour accompagner la sortie de Toenn-Vor, plusieurs concerts sont programmés dont celui de carhaix mais aussi le 19 septembre à Lanvellec, le 20 septembre à Plougonven et le 27 septembre dans la cathédrale de Quimper. Avec cet album, Denez Prigent signe une œuvre à la fois ancrée dans la mémoire des côtes bretonnes et ouverte aux vents du large. Un disque qui, comme ses chants, semble vouloir rappeler que la Bretagne est faite de pierre, de langue et surtout d’océan.
Plus d’informations : www.denezprigent.com
Crédit photo : DR
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