Les test-matches d’automne ont offert ce week-end une nouvelle salve de confirmations, de doutes et de bascules. Une journée dense, marquée par la montée en puissance impressionnante de l’Angleterre, la solidité sud-africaine malgré une nouvelle infériorité numérique, le réveil irlandais à Dublin, un succès arraché par le pays de Galles… et une équipe de France encore loin de ses standards.
L’Angleterre change de dimension
Twickenham n’avait pas rugi comme ça depuis longtemps. Le XV de la Rose a signé une victoire qui dépasse largement le cadre du score (33-19) : battre les All Blacks, qui plus est avec maîtrise, dit beaucoup de la trajectoire actuelle des hommes de Steve Borthwick.
Menés 12-0, les Anglais n’ont jamais paniqué. George Ford, un an après avoir quitté cette même pelouse sous les sifflets, a livré une partition majuscule : deux drops pour relancer son équipe, un 50-22 décisif, une gestion chirurgicale. Derrière lui, Ben Earl, Sam Underhill ou Fraser Dingwall ont incarné une équipe qui avance et frappe en seconde période comme rarement ces dernières années.
Dixième victoire d’affilée, trois cadors battus en novembre, une dernière marche face à l’Argentine… L’Angleterre n’a peut-être jamais semblé aussi en contrôle depuis la génération 2003. Et surtout : elle s’installe, clairement, parmi les nations les plus dangereuses du moment.
Les Springboks insubmersibles
Une semaine après Paris, les champions du monde ont remis ça à Turin en maîtrisant l’Italie (32-14). Ce qui frappe, ce n’est pas seulement leur puissance : c’est leur capacité à rester dans leurs standards même en infériorité numérique.
Expulsés dès la 12e minute, puis réduits à treize à l’heure de jeu, ils ont malgré tout verrouillé le match. Les Italiens ont proposé, bousculé, inquiété… mais à chaque fois, la deuxième mi-temps sud-africaine a rappelé l’écart.
Le banc, les automatismes, la froideur clinique : les Boks restent les Boks.
Pays de Galles : un sursis plus qu’un déclic
Au Millennium Stadium, les Gallois ont évité le naufrage in extremis contre le Japon (24-23). Une pénalité à la dernière seconde les a sauvés d’une humiliation qui aurait encore aggravé une série noire : 20 défaites sur leurs 21 derniers matches.
Le résultat compte, bien sûr — notamment pour se maintenir dans le chapeau 2 du Mondial 2027. Mais le contenu reste fragile, brouillon, fébrile. Le pays de Galles sort la tête de l’eau, mais pas encore de la tempête.
L’Irlande déroule, l’Australie sombre
À Dublin, l’Irlande a offert ce qu’elle sait faire de mieux : étouffer. Une pluie d’essais — six au total — pour un large succès (46-19) contre une Australie en chute libre depuis un an.
Mack Hansen a signé un triplé express, Caelan Doris a encore été monumental, et l’ensemble du XV du Trèfle a déroulé son rugby de contrôle.
L’Australie, elle, n’y arrive plus : trois matches, trois défaites, une défense en souffrance, et un déplacement en France qui s’annonce compliqué.
Les Bleus gagnent, mais les Bleus doutent
Bordeaux n’a pas offert la sérénité attendue. Si la France s’impose contre les Fidji (34-21), la performance ne dissipe pas les questions. Après vingt minutes lumineuses — trois essais, de la vitesse, de l’efficacité — les Bleus se sont complètement délités.
Perte de duels, fautes, absence de maîtrise au centre après les sorties de Barassi et Gailleton, défense trop tendre : les Fidji sont revenus à 21-21 sans forcer.
Il a fallu les pénalités de Ramos et un sursaut de Depoortere pour recréer un écart. Une victoire utile, mais pas rassurante, avant la venue de l’Australie au Stade de France.
Le scénario fou venu de Murrayfield : l’Argentine renverse l’Écosse en vingt minutes
L’Écosse, devant 21-0 après une heure de jeu, a fini par s’écrouler sous la charge tardive des Pumas. Une défaite 24-33 qui risque de hanter longtemps Finn Russell et les siens.
Le XV du Chardon avait pourtant démarré la rencontre avec un rythme et une précision rarement vus ces derniers mois.
Jack Dempsey d’abord, lancé dans l’intervalle sur une passe aveugle splendide de Finn Russell ; puis Ewan Ashman, concluant une séquence collective d’école : la mécanique écossaise semblait huilée, sûre d’elle, parfaitement dans le tempo.
Privés de Ben White au dernier moment, les Écossais n’en montraient rien. La domination territoriale, la vitesse, l’occupation : tout était au rendez-vous face à des Pumas apathiques, sans ballon et sans idée. Le score grimpe : 21-0. Murrayfield chante, confiant.
Il aura suffi d’une passe interceptée.
Rodrigo Isgro surgit sur une transmission trop ambitieuse de Russell et file en contre. L’action ne va pas au bout, mais Blair Kinghorn prend un carton jaune. Dans la foulée, Montoya réduit l’écart. Et c’est toute l’équipe d’Argentine qui se réveille d’un coup : énergie, vitesse, agressivité, tout change.
Trois minutes plus tard, Isgro aplati lui-même. Puis Rubiolo ramène l’Argentine à hauteur, à dix minutes de la fin. Les Écossais ne touchent plus le ballon. Ils reculent, subissent, se désorganisent.
À la 75e, Pablo Matera transperce le rideau défensif et fait passer les Pumas devant : Murrayfield se fige. Justo Piccardo en rajoute une dernière couche dans le temps final. Silence écossais. 24-33. Les visiteurs viennent d’inscrire cinq essais en vingt minutes, une performance dantesque au cœur d’un stade incrédule.
Pour Gregor Townsend, cette défaite n’est pas seulement un revers : c’est une alerte. Son équipe maîtrise de grands passages… mais s’effondre mentalement en fin de match, comme contre la Nouvelle-Zélande la semaine précédente. L’Argentine, elle, montre qu’elle n’est jamais vraiment battue. Cardiff la semaine dernière, Murrayfield cette semaine : les Pumas voyagent bien, jouent juste, et montent clairement en puissance avant un rendez-vous corsé face à l’Angleterre invaincue.
Une journée aux allures de clarification
L’Angleterre confirme son retour au premier plan, l’Irlande déroule son rugby de certitudes, les Springboks restent un roc. Derrière, la France cherche encore ses repères, le pays de Galles survit, l’Australie coule.
Le paysage se redessine : le XV de la Rose prend désormais une place centrale dans le concert mondial, et ce n’est plus une surprise pour personne.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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