L’Europe traverse une crise silencieuse, mais profonde : celle d’États qui ne gouvernent plus vraiment. Les gouvernements existent, les ministres se succèdent, les lois s’empilent. Pourtant, la capacité à décider, à anticiper et à trancher semble s’être dissoute dans un jeu d’alliances fragiles. À force de bâtir des coalitions dont le seul objectif est d’écarter les forces nationales et conservatrices de l’exercice du pouvoir, le continent s’est enfermé dans une gestion du quotidien, incapable d’affronter les grands défis.
Des gouvernements qui administrent au lieu de gouverner
Budget en déficit chronique, croissance à l’arrêt, désindustrialisation, vieillissement démographique, immigration incontrôlée, tensions géopolitiques : l’Europe cumule les urgences. Mais les exécutifs sont trop faibles pour y répondre. Au lieu d’assumer un projet politique, ils se contentent de gérer la pénurie et d’éviter les crises internes.
Pourtant, il faudrait des équipes soudées, assumant un cap. Le contraire de ce qui se produit aujourd’hui.
En France, en Allemagne, en Belgique, en Autriche et ailleurs, les gouvernements se construisent non pas autour d’idées communes, mais autour d’un objectif négatif : empêcher l’entrée des partis nationaux-conservateurs dans les majorités.
Le résultat ?
- des compromis incohérents ;
- des budgets impossibles à équilibrer ;
- un refus d’aborder les sujets explosifs ;
- une instabilité chronique.
Les tensions idéologiques entre partis de gauche et de centre-droit obligés de cohabiter rendent toute réforme quasi-impossible : la gauche veut plus de dépenses sociales, la droite, plutôt des baisses d’impôts ; personne n’assume la réalité économique.
Les décisions ne servent plus l’intérêt général, mais l’obsession de tenir jusqu’au prochain vote de confiance.
Le symptôme : une Europe en stagnation
Cette mécanique a un coût.
- croissance faible,
- dettes publiques massives,
- investissements en berne,
- recul industriel,
- fracture sociale grandissante.
Et dans le même temps, les formations ostracisées — du RN en France à l’AfD en Allemagne, en passant par le Vlaams Belang en Belgique — profitent du spectacle. Reléguées dehors, elles ne portent pas la responsabilité du déclin et gagnent des électeurs déçus par le statu quo.
En France, l’incapacité à stabiliser une majorité a conduit à des réformes improvisées et à des dégradations financières répétées. En Allemagne, la coalition actuelle se divise sur l’avenir du modèle social, tandis que l’économie ralentit. En Belgique, l’exclusion systématique des nationalistes flamands coûte la possibilité d’un gouvernement durable. En Autriche, la peur d’associer le FPÖ conduit à des palliatifs fiscaux temporaires, faute de consensus réel.
Partout, le schéma se répète : des coalitions artificielles incapables de regarder au-delà du lendemain.
Combien de temps l’Europe peut-elle se permettre ce blocage ? Jusqu’où ira la paralysie avant que les élites politiques acceptent enfin d’intégrer les forces populaires qu’elles disent combattre ?
Pour le moment, elles persistent dans une stratégie de contournement, quitte à sacrifier la croissance, la souveraineté et la cohésion nationale.
Le cœur du problème est simple :
- soit l’Europe accepte des gouvernements réellement représentatifs, capables d’assumer des choix clairs ;
- soit elle reste prisonnière de coalitions de circonstance, et laisse se poursuivre le déclin lent mais certain de ses économies et de ses États.
L’exclusion systématique des partis nationaux-conservateurs peut flatter une morale de façade, mais elle prive les peuples d’un débat honnête et d’alternatives politiques crédibles.
L’Europe n’a pas un problème d’idées. Elle a un problème de courage. Tant que ses dirigeants préféreront l’équilibre précaire à l’autorité, la gestion comptable à la vision, la mise à l’écart des opposants à la représentation démocratique, le continent s’enfoncera dans l’impuissance.
La question n’est plus théorique. Elle est historique : choisir la stabilité par des coalitions artificielles, ou renouer avec la souveraineté populaire.
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