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Avec Notre-dame-des-Landes, Jean-Marc Ayrault complique la tâche de Johanna Rolland

30/12/2013 – 06H00 Nantes (Breizh-info.com) – « On sait où on va et on sait comment on y va », martèle Jean-Marc Ayrault lors de son récent voyage en Chine, la veille de son départ pour Paris (Le Figaro, 16/12/2013). Affirmation martiale qui fait l’impasse sur l’essentiel, à savoir la destination à emprunter.
Fragilisé, affaibli, assiégé, le Premier ministre doit supporter la machine à rumeur. Exemple : à la fin de l’émission de Michel Drucker « Vivement dimanche » (France 2), Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, venu présenter son spectacle avec Marc Jolivet, fait un pronostic : Jean-Marc Ayrault quittera Matignon au lendemain des élections européennes prévues en juin (dimanche 22/12/2013). Là, on dépasse le stade des dîners en ville, c’est dans une émission de variétés grand public que le travail de déstabilisation se poursuit. A la satisfaction de tous ceux qui rêvent de prendre sa place (Michel Sapin, Manuel Valls, Stéphane Le Foll etc.).
Une heure plus tard, nouvelle mauvaise nouvelle. Interview de Christian Troadec qui annonce qu’il soutient le mouvement anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Tout simplement parce que le projet est onéreux et que ça ne sert à rien. On remarquera au passage que la médiatisation du maire de Carhaix est passée du stade régional (FR3 Bretagne) au stade national (France 2). Voilà qui n’arrange pas les affaires de Jean-Marc Ayrault. Traiter les mécontentements bretons séparément, Paris sait faire. Mais en cas de jonction des deux mouvements contestataires, la partie apparait plus difficile à gérer. Surtout avec deux leaders aussi décidés que Christian Troadec et Julien Durand. Autrefois, dans le mouvement breton revenait un leitmotiv qui arrangeait tout le monde : unvaniezh. L’unité a parfois du bon.
Etait-ce la réponse du berger à la bergère ? La veille, la préfecture de Loire-Atlantique avait publié quatre arrêtés concernant les espèces protégées et la loi sur l’eau. Signés vendredi 20 décembre, ils ont été mis en ligne samedi après-midi par la préfecture au recueil des actes administratifs, qui a valeur juridique. Réponse de l’ACIPA à ce qui ressemble à une provocation : une manifestation de grande envergure pour le samedi 22 février, à un mois des élections municipales. Jean-Marc Ayrault avait-t-il besoin de cette complication à un moment où rien ne va ? Ce n’est pas certain. D’autant plus que les militants anti-aéroport ont annoncé depuis longtemps que, pendant la campagne des municipales, ils comptaient harceler les candidats : « Etes-vous pour ou contre la construction de l’aéroport ? » On imagine la tête de Johanna Rolland si elle doit s’expliquer sur ce dossier dans chaque réunion publique ! Merci monsieur Ayrault !
En attendant cinq associations environnementales – en particulier Eau et rivières de Bretagne et Bretagne vivante – ont annoncé leur intention d’attaquer ces arrêtés en justice. Mais cette signature ne fait pas que des mécontents. C’est le cas de Jacques Auxiette (PS), président du conseil régional des Pays de la Loire, qui se félicite que « le calendrier et l’Etat de droit sont respectés. Désormais, plus rien ne s’oppose au lancement des travaux de l’aéroport du grand Ouest. » (Dimanche Ouest-France, 22/12/2013). Un optimiste.
Un optimiste qui oublie la présence, dans sa majorité, des élus EELV. Lesquels annoncent la couleur : « Cela relève du chantage politique, mais notre position est arrêtée. Notre place dans la majorité est conditionnée à la non-réalisation de ce projet. Si l’Etat passe en force, la rupture sera inéluctable. Or, avec un groupe de dix-huit élus, on détient la minorité de blocage. » (Le Monde, 22-23/12/2013).
Un autre écolo persifle : « On est dix-huit élus écologistes à la Région. On a la minorité de blocage. Pas sûr que Jacques Auxiette souhaite finir sa carrière avec un budget mis à mal au moment du vote. ». Jean-Philippe Magnen (EELV), troisième vice-président du conseil régional, parie sur « une forme de moratoire. Pour moi, l’Etat cherche à sauver la face. Avec ses arrêtés, il s’agit d’envoyer un signal au monde économique avant les élections et de prouver que le projet est défendu. Mais le début des travaux n’est pas pour demain. » (Presse-Océan, 21/12/2013).
L’inauguration était prévue en 2017, la Direction générale de l’aviation civile parle maintenant de 2020. Il est vrai qu’à cette date, Christian de Lavernée, le patron de « la maison des grands mensonges » – c’est ainsi que Julien Durand désigne la préfecture – aura disparu de la scène bretonne ; muté ailleurs depuis longtemps et son patron, Jean-Marc Ayrault, redevenu député – ou en retraite, selon le cas.
On devine et on comprend l’impatience manifestée par Jean-Marc Ayrault, Jacques Auxiette et compagnie à vouloir leur bel aéroport. Une solution pratique, économique et rapide s’offre à eux pour que leur bonheur soit complet dans les plus brefs délais. Du clés en main, ça existe. La solution s’appelle Ciudad Real, un aéroport fantôme, situé dans la province de Castille-La Manche, à deux cents kilomètres au sud de Madrid. Il est à vendre. Son prix est bradé : 100 millions d’euros, alors que sa construction aura coûté un milliard d’euros, soit dix fois plus ! Fermé depuis avril 2012, faute de trafic suffisant, cet aéroport est un vestige de la bulle immobilière espagnole (Le Figaro Economie, 10/12/2013). Une affaire pour le contribuable alors que le coût de l’« aéroport du grand Ouest » est annoncé à 800 millions d’euros. Evidemment, Ciudad Real, c’est un peu loin de Nantes…

Photo : jmayrault/Wikimedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2013, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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9 réponses à “Avec Notre-dame-des-Landes, Jean-Marc Ayrault complique la tâche de Johanna Rolland”

  1. Flagoo dit :

    La comparaison systématique avec Ciudad Real est pénible et hors-sujet. Avec les vents forts de sud et d’ouest de cette deuxième quinzaine de décembre, les avions survolent le centre-ville de Nantes à très basse altitude dans des turbulences et sans visibilité. Cela ne peut plus durer ! Pourtant ça va empirer dans les années à venir. Or il va falloir au moins 6 ans avant que tout change, ou jamais si l’aéroport actuel est conservé. Les Nantais seront donc tentés d’aller vivre hors de la ville loin des nuisances, favorisant l’étalement urbain et les trajets domicile-travail, alors que l’aéroport est au profit d’une grande région ouest.
    De toutes façons, les élus écolos de la Mairie de Nantes ont implicitement voté pour NDdL car il sont favorables au nouvel hôpital sur l’Ile de Nantes. Il ne pourra se faire que si l’aéroport déménage car on en construit pas un hôpital neuf sous une finale d’aéroport (international). Ce n’est pas une question de PGS ou de PEB, c’est la loi et le principe de précaution (si cher aux écolos d’habitude)…

    • steph dit :

      On dirait que la dernière campagne de propagande “officielle” à 600000 € a parfaitement fonctionné sur vous.
      Faut-il vous rappeler que l’actuel aéroport est classé SANS risque par les organismes compétents ?
      Faut-il vous apprendre que l’aéroport de Genève, exemple comparable, transporte 4 fois plus de passagers sans être saturé ?
      Je reviens ce jour de Nice, par avion bien sûr, et je n’ai ressenti aucune crainte à l’atterrissage, malgré le vent fort qui souffle aujourd’hui.
      J’ai habité à Nantes centre, où on entend effectivement les avions, mais j’étais beaucoup plus gêné par les bruits de la circulation routière, accompagné par son cortège de klaxons et d’émanations des moteurs diesel.

    • Miranda dit :

      Je suis à Nantes plusieurs fois par mois et je n’avais pas encore remarqué le bruit des avions.
      Quant au passage à “basse altitude”, ça reste quand même assez haut, de toutes façons comparable à ce qui se passe dans les autres villes.
      Vous pouvez vérifier leur altitude en temps réel sur:

      http://www.openskymap.com/LFRS.html

      Vous verrez, ils sont loin de raser les toits!

      NDDL est inutile, un aménagement de l’actuel aéroport suffit, par exemple avec un arrêt de train, la ligne pour Pornic longe l’aéroport. Pourquoi cela n’a pas été fait? Pour permettre peut être à VINCI d’avoir plus de bénéfices sur les parkings et la navette bus aéroport.

  2. Marie Labat dit :

    Non ça ne va pas empirer. Le trafic aérien est appelé à décroître dans les dix prochaines années. On a passé le pic pétrolier, les transports utilisant cette énergie fossile vont reculer. Ce n’est plus le moment de construire des aéroports, ni des autoroutes, d’ailleurs. C’est fou de faire l’autruche comme ça et de refuser de comprendre que notre mode de vie, qui n’a que cinquante ans à peine d’existence, d’ailleurs, va changer !

    • pascal dit :

      Il est même inutile de respirer , car dans quelques années vous sucerez les pissenlit par la racine (c’est le sort de tout un chacun…)

  3. E. Blanchet dit :

    Il est vrai que la comparaison avec Ciudad Real correspond plus à un effet journalistique. Cependant, le projet de NDDL reste inspiré par la même mégalomanie …

  4. Jean Fevrier dit :

    Ras le bol de ce débat idéologique qui oublie le problème de base: une partie des Nantais souffre du bruit. Parmi les détracteurs de NDDL, combien souffre de ce problème?
    Alors, ras le bol de ces écolos (pour qui j’ai voté dans le passé mais on ne m’y reprendra plus) qui sont dans des postures idéologiques en méprisant le bien être et la santé des personnes.
    Ras le bol aussi de ces individus qui récupère ce débat pour ce faire un nom en politique: Mr Troadec, souffrez vous du bruit des avions qui nous survolent?

  5. Louis dit :

    Le bruit ! Bah voyons. “Une partie des nantais souffre du bruit”. Ils habitent en ville et souffrent du bruit. Non mais allô quoi !?
    Alors le bruit. J’ai vécu plusieurs années à Nantes, j’y ai fait une partie de mes études. Le bruit en centre-ville, c’est la circulation routière, les bus et les trams, avec leurs sonneries. Les avions, on les entend à peine. Évidemment, depuis que le cours des 50 Otages n’est plus une autoroute urbaine, mais une espèce de square et de parking à bus, les avions, on les entend plus. Réouvrez le cours aux bagnoles, les commerçants nantais ne demandent que ça, et vos avions on ne les entendra plus.
    Et puis s’il y a toujours du bruit? Allez à la campagne. Dans la “république de la centrale électrique de Cordemais” (Le Temple, Saint-Etienne, Cordemais), il y a des terrains à lotir pas cher, vous serez accueilli à bras ouverts. Et y aura pas un bruit.

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