Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Revue Conflits n°4 : qui tient la mer tient le monde

14/01/2015 – 08H30 Paris (Breizh-info.com) – Le 4ème exemplaire de l’excellente revue géopolitique trimestrielle « Conflits » vient de sortir dans les kiosques. Thème central pour ce trimestre, la mer et ses enjeux.

Au sommaire :

Actualités
Entretien avec R. F. Al-Rodhan : «la géopolitique du vivant»
Polémique : La France pérpétuelle non-puissance, par Georges Henri Bricet des Vallons.
Enjeux :
-Splendeur et misère des émergents, par Sylvia Delannoy.
– Géopolitique et économie : le risque pays, par Pierre Martin
– Que cherchent les Etats-Unis avec le pétrole de schiste ? Par Arnaud Leclercq
– Le Haut-Karabagh, un conflit pas si gelé que cela, par Tigrane Yégavian.
Grande-Stratégie : Un hégémon en échec ? L’Espagne de Philippe II, par Jean-Pascal Gay.
Bataille : le combat en trois dimensions – la bataille du golfe de Leyte, par Pierre Royer.
Idées : Stuart Elden et les métamorphoses du territoire, par Thibaut Mardin.
Enjeux : Le midterm aux USA, trois enjeux pour la France, par John Mackenzie
Evénement : 7ème festival géopolitique de Grenoble.
Géopo-Tourisme : Madrid, centre de l’Espagne, par Thierry Buron

Dossier :  « Géopolitique des mers et des océans » avec des articles de Martin Motte, Florian Louis, Pierre Royer, Michel Nazet, Alain Miossec, Jean-Louis Guilbert, Laurent Mérer, Gilles Fumey, François Pézard…

Editorial de Pascal Gauchon : 

« L’harmonie du monde fonctionne par tensions opposées. » L’intuition d’Héraclite a été systematisée par la dialectique platonicienne, puis par le dualisme cartésien. Depuis ce moment, la pensée occidentale repose sur des couples de contraires, bien/mal, vrai/faux, matière/esprit… La géopolitique n’échappe pas à cette règle.

Le couple terre/mer s’est rapidement imposé. Ratzel insistait pourtant sur l’opposition nomades/sédentaires qui retrouve, en notre époque de mondialisation, une modernité inattendue. Bien d’autres paires viennent à l’esprit, inspirées par la géographie, la diplomatie ou la stratégie : ami/ennemi, nous/les autres, ager/saltus, offensive/défensive, choc/feu, extension/concentration… Ils sont présents chez tous les grands géopoliticiens, mais en arrière-plan. Le devant de la scène appartient à la terre et à la mer.

On le doit sans doute au climat qui règne lors de la naissance de la géopolitique, à la veille de la Première Guerre mondiale, alors que les progrès techniques – navires à vapeur, chemins de fer – permettent de mieux maîtriser les éléments et de tracer de nouvelles routes maritimes et terrestres. Qui est le plus fort, celui qui contrôle les secondes ou les premières ? Et d’où naît la puissance, de la terre ou de la mer ? Beaucoup des premiers géopoliticiens sont des militaires. Ils pensent tout naturellement en termes de combat et ils savent que le front n’autorise guère les subtilités du diplomate. Le conflit est conçu comme l’épreuve de vérité suprême du rapport de force entre Nations. Même la géoéconomie n’échappe pas à cette ambiance martiale puisqu’elle popularise la notion de « guerre économique ».

La géopolitique n’échappe pas aux conditions de sa naissance ni à la civilisation occidentale dans laquelle elle s’est développée.

La pensée duale présente des vertus. Elle aide à comparer et contraint à choisir son camp, elle facilite dès lors la prise de décision. C’est une pensée de l’action et elle explique sans doute l’efficacité dont a fait preuve l’Occident au cours de son histoire. Le plan en trois parties n’est-il pas l’apanage des intellectuels de Normale Sup tandis que le plan en deux parties est pratiqué par les futurs hauts fonctionnaires de Science-Po et de l’ENA ?

Ménage à trois ?

En contrepartie, la pensée duale schématise et amoindrit. Elle met sur le même plan les deux éléments du couple. Mais comme Martin Motte le rappelait justement dans le numéro 3 de Conflits, nous sommes des animaux terrestres auxquels il manque des branchies. Les navires doivent s’abriter, se ravitailler, se réparer dans des ports. Ainsi la mer a besoin de la terre plus que la terre a besoin de la mer.

Elle essentialise chacune des deux notions, faisant oublier la diversité qui se cache derrière elles. Les eaux territoriales ne sont pas la haute mer, l’Adriatique n’est pas le Pacifique, le centre du continent n’est pas le littoral.

Elle tient pour négligeable le contact. Le « deux » fait oublier « l’entre-deux ». C’est le mérite de Spykman d’avoir montré que la puissance ne résidait ni au cœur du Heartland, ni au milieu des mers, mais dans le Rimland, la zone côtière qui borde l’Eurasie et qui peut viser l’horizon terrestre autant que l’horizon maritime (voir page 45). Sans doute le Rimland est-il moins un acteur à part entière qu’un enjeu disputé entre puissance du continent et puissance de l’océan. Mais un enjeu capital dont dépend la bascule du monde.

Nous l’avons dit, la géopolitique n’échappe pas aux conditions de sa naissance ni à la civilisation occidentale dans laquelle elle s’est développée. Ni à la conception de la guerre que nous ont léguée les Grecs selon V. D. Hanson, celle du combat d’hoplites et de la « bataille décisive » : deux colonnes de guerriers portant 30 kilos d’armes, épaule contre épaule, les derniers poussant les premiers, qui marchent les uns contre les autres dans le tumulte et la poussière. En face, les ennemis et leurs lances, à droite le bouclier de l’ami qui combat à côté de vous et vous protège.

Une autre façon de se battre pourrait-elle engendrer une autre géopolitique ? On se plaît à imaginer les conséquences que l’on pourrait tirer des stratèges chinois avec l’importance qu’ils attribuent au « non-combat », à la tromperie, à la démoralisation de l’adversaire ; il s’agit de faire de l’ennemi sinon un ami, du moins un non-ennemi. Cette géopolitique-là reste encore à inventer.

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine. 

 

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

Une réponse à “Revue Conflits n°4 : qui tient la mer tient le monde”

  1. Pat dit :

    Sûrement très intéressant…

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Sociétal

L’intelligence artificielle : un enjeu majeur pour la Chine, qui veut devenir le leader mondial

Découvrir l'article

International

Quel est le rapport de force militaire en mer noire entre l’Ukraine et la Russie ? Le point avec Dominique Delawarde

Découvrir l'article

A La Une, International

Comment l’OTAN prépare son entrée en Indo-Pacifique

Découvrir l'article

International

Emmanuel Macron ne devrait pas dire tout et son contraire !

Découvrir l'article

Politique

Dette mondiale, situation géopolitique mondiale…Ce qu’on ne dit pas est plus important que le bruit saturant

Découvrir l'article

Economie

Évolutions attendues des grands équilibres économiques mondiaux en 2022

Découvrir l'article

Tribune libre

Russie, OTAN, Union Européenne serpillère…Un autre point de vue sur la guerre en Ukraine [L’Agora]

Découvrir l'article

International

Les États-Unis violent à nouveau le territoire maritime de la Chine

Découvrir l'article

Sociétal

Le métier de grand reporter illustré par Régis le Sommier pour la revue Conflits.

Découvrir l'article

Sociétal

« Qu’est ce que la puissance ? » Frédéric Encel est l’invité d’Hadrien Desuin pour la revue Conflits.

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky