Alors que les médias ne cessent d’évoquer le possible retour en politique de Marion Maréchal – elle serait, parait-il, le « cauchemar » de certains leaders – l’ancienne députée du Vaucluse se concentre sur la mise en place de l’ISSEP, une école d’enseignement supérieur destinée à former les cadres de demain. Enquête sur un projet qui se définit, selon sa fondatrice, comme éminemment gramscien.
Lancé le 22 mai dernier, l’école fondée par Marion Maréchal, l’ISSEP (Institut de sciences sociales, économiques et pratiques), va ouvrir à Lyon à la rentrée. Son but ? Former les dirigeants de demain. Alors que le plan des formations a été publié et qu’une conférence de presse doit présenter ce vendredi le contenu des enseignements, nous avons obtenu en avant-première des révélations sur les enseignements et les objectifs de l’école.
« Nous voulons répondre à une double demande », nous explique Patrick Louis, co-président du conseil scientifique. « Du côté du monde professionnel, il y a une grande attente de cadres avec une solide charpente intellectuelle et une grande culture pour répondre aux enjeux actuels, et du côté étudiant il y a une forte demande de formation. Pour l’instant, ils foncent vers Sciences Po, est un cursus de bon niveau, certes, mais centré sur la pensée unique ».
« La formation de la personne, l’aide à la décision, qui est le propre de l’homme »
L’ISSEP quant à lui veut s’axer sur « la formation de la personne, l’aide à la décision, qui est le propre de l’homme ». Et se départir de la pensée unique : « on enseigne Bourdieu mais pas de Maistre, Thomas d’Aquin ou Bernanos, beaucoup d’auteurs essentiels ne sont pas enseignés ».
Du côté de la formation continue, les thèmes ont été présentés sur 10 week-ends par an, clos par un stage d’aguerrissement. Notamment le « management politique », le développement du leadership, la gestion de crise, la gestion de projets, les « modes d’action des minorités agissantes », la constitution d’une campagne électorale, la communication, le droit – notamment l’extraterritorialité du droit américain, que les entreprises françaises constatent à leurs dépens en Iran notamment – ou encore le mondialisme djihadiste.
Cette formation continue – de 990 € pour les étudiants, 1 980 € pour les actifs – est « destinée aux actifs, par exemple je suis spécialiste du Moyen-Orient, je peux expliquer à quelqu’un qui veut investir au Qatar comment s’y prendre, les pièges à éviter, etc. Elle peut aussi servir à des gens qui veulent se présenter à une élection. Ou apporter des compétences pointues à des entrepreneurs ou des cadres dans les collectivités », détaille Patrick Louis.
Les magistères de l’ISSEP, sur deux ans, ouverts à tous ceux qui ont validés une formation bac +3, ont eux aussi été définis. « Direction des hommes », « direction de projet », « politiques et sciences sociales » en sont les pôles dominants. L’école ouvre après l’été mais la sélection est déjà en cours, avec un premier jury et 80 étudiants inscrits. Une seconde session aura lieu à la rentrée. « On sélectionne sur dossier, avec un bac +3 validé et en jugeant la motivation. Puis il y a un oral devant trois personnes », confie Patrick Louis.
« Donner des clés d’opérationnalité aux individus et aux entreprises »
L’école souhaite « donner des clés d’opérationnalité aux individus et aux entreprises : la gestion d’un projet, le management des hommes, la gestion d’un budget… Il s’agit d’enseigner la capacité d’entreprendre là où on est, si l’on a un problème d’adduction d’eau, on crée une entreprise d’adduction d’eau, si l’on a un problème dans son village, on en devient le maire… on veut former des gens pour qu’ils attaquent les problèmes à bras-le-corps, qu’ils entreprennent ». En clair, « nous souhaitons transformer les convictions en réalités et donc en entreprises ».
Et ça fonctionne. « Nous avons reçu plus de 180 C.V. d’enseignants, y compris ceux d’énarques, de magistrats de la Cour des comptes, de chefs d’entreprise », mais « par principe, nous ne prendrons pas de gens qui n’ont pas d’expérience » en entreprise. Ni de politiques, « sauf pour des conférences », a décidé le conseil scientifique. La sélection des enseignants – ainsi que la définition précise des enseignements – a lieu en ce moment même.
Pour ce qui est du contenu des enseignements, Patrick Louis donne l’exemple de son domaine, « la géopolitique. La première année, on aura une approche géographique, les zones, les territoires, l’histoire, les phénomènes, les États. La seconde année, une approche transversale, l’information par exemple, l’énergie, les formes d’organisation – bilatéralisme ou multilatéralisme ». L’objectif est « d’ouvrir les intelligences à des problèmes qu’ils ne connaissent pas, améliorer la culture générale – par exemple qui contrôle l’internet, car la prise de décision doit concilier intelligence et volonté ».
A titre d’exemple, il explique comment il enseignera la Russie : « d’abord parler de l’histoire, la permanence psychologique, la culture, l’identité russe qui a toujours été forte. La Russie a certes vécu 70 ans sous un régime totalitaire, mais avec le challenge d’être le numéro 1 ou numéro 2 mondial. En 1989 les Russes se sont sentis humiliés, l’OTAN a avancé ses positions, le territoire a été amputé d’un tiers, Eltsine a laissé filer les actifs stratégiques. Il faut partir de la psychologie russe, la force et la sérénité de l’ours, mais qui se sait entouré de gens qui veulent l’empêcher d’accéder aux mers ». Conclusion logique : « l’Union européenne ne peut pas faire l’impasse sur la Russie. La meilleure solution est de s’associer aux Russes sans faire la guerre aux Américains »
« Permettre aux hommes de déployer leur volonté et leur donner de la connaissance »
L’ISSEP souhaite « permettre aux hommes de déployer leur volonté et leur donner de la connaissance. Il faut former les hommes et sauver les intelligences. Notamment parce que, comme disait Bossuet, en France on déplore les conséquences dont on chérit les causes. Par exemple on déplore le chômage alors qu’on chérit le dogme de la concurrence libre et non faussée, qui est un mythe ».
Le rôle de Marion Maréchal ? « Elle utilise ses savoirs et son expérience, elle a compris les phénomènes et elle agit. Elle assure la direction opérationnelle de l’école », explique Patrick Louis. Jacques de Guillebon (l’Incorrect) assure avec lui la direction du conseil scientifique, Patrick Libbrecht est président de l’association et responsable du respect du formalisme juridique. Gérault Verny (Mont Blanc composites) est l’ambassadeur de l’ISSEP auprès des entreprises. « Il y a un apport fait par les étudiants, 5 500 € à l’année, mais nous avons aussi des aides – par des conférences ou en argent – de la part d’entreprises », précise Patrick Louis. L’ISSEP dispose déjà de locaux à Lyon, dans le quartier Confluence, 82 rue Denuzière.
Louis-Benoît Greffe
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Une réponse à “ISSEP. L’école de Marion Maréchal : « apprendre à concilier intelligence et volonté » [exclusif]”
[…] Alors que les médias ne cessent d’évoquer le possible retour en politique de Marion Maréchal – elle serait, parait-il, le « cauchemar » de certains leaders – l’ancienne députée du Vaucluse se concentre sur la mise en place de l’ISSEP, une école d’enseignement supérieur destinée à former les cadres de demain. Enquête sur un projet qui se définit, selon sa fondatrice, comme éminemment gramscien. Lancé le 22 mai dernier, l’école fondée par Marion Maréchal, l’ISSEP (Institut de sciences sociales, économiques et pratiques), va ouvrir à Lyon à la rentrée. Son but ? Former les dirigeants de demain. Alors que le plan des formations a été publié et qu’une conférence de presse doit présenter ce vendredi le contenu des enseignements, nous avons obtenu en avant-première des révélations sur les enseignements et les objectifs de l’école. « Nous voulons répondre à une double demande », nous explique Patrick Louis, co-président du conseil scientifique. « Du côté du monde professionnel, il y a une grande attente de cadres avec une solide charpente intellectuelle et une grande culture pour répondre aux enjeux actuels, et du côté étudiant il y a une forte demande de formation. Pour l’instant, ils foncent vers Sciences Po, est un cursus de bon niveau, certes, mais centré sur la pensée unique ». « La formation de la personne, l’aide à la décision, qui est le propre de l’homme » L’ISSEP quant à lui veut s’axer sur « la formation de la personne, l’aide à la décision, qui est le propre de l’homme ». Et se départir de la pensée unique : « on enseigne Bourdieu mais pas de Maistre, Thomas d’Aquin ou Bernanos, beaucoup d’auteurs essentiels ne sont pas enseignés ». Du côté de la formation continue, les thèmes ont été présentés sur 10 week-ends par an, clos par un stage d’aguerrissement. Notamment le « management politique », le développement du leadership, la gestion de crise, la gestion de projets, les « modes d’action des minorités agissantes », la constitution d’une campagne électorale, la communication, le droit – notamment l’extraterritorialité du droit américain, que les entreprises françaises constatent à leurs dépens en Iran notamment – ou encore le mondialisme djihadiste. Cette formation continue – de 990 € pour les étudiants, 1.980 € pour les actifs – est « destinée aux actifs, par exemple je suis spécialiste du Moyen-Orient, je peux expliquer à quelqu’un qui veut investir au Qatar comment s’y prendre, les pièges à éviter, etc. Elle peut aussi servir à des gens qui veulent se présenter à une élection. Ou apporter des compétences pointues à des entrepreneurs ou des cadres dans les collectivités », détaille Patrick Louis. Les magistères de l’ISSEP, sur deux ans, ouverts à tous ceux qui ont validés une formation bac +3, ont eux aussi été définis. « Direction des hommes », « direction de projet », « politiques et sciences sociales » en sont les pôles dominants. L’école ouvre après l’été mais la sélection est déjà en cours, avec un premier jury et 80 étudiants inscrits. Une seconde session aura lieu à la rentrée. « On sélectionne sur dossier, avec un bac +3 validé et en jugeant la motivation. Puis il y a un oral devant trois personnes », confie Patrick Louis. « Donner des clés d’opérationnalité aux individus et aux entreprises » L’école souhaite « donner des clés d’opérationnalité aux individus et aux entreprises : la gestion d’un projet, le management des hommes, la gestion d’un budget… Il s’agit d’enseigner la capacité d’entreprendre là où on est, si l’on a un problème d’adduction d’eau, on crée une entreprise d’adduction d’eau, si l’on a un problème dans son village, on en devient le maire… on veut former des gens pour qu’ils attaquent les problèmes à bras-le-corps, qu’ils entreprennent ». En clair, « nous souhaitons transformer les convictions en réalités et donc en entreprises ». Et ça fonctionne. « Nous avons reçu plus de 180 C.V. d’enseignants, y compris ceux d’énarques, de magistrats de la Cour des comptes, de chefs d’entreprise », mais « par principe, nous ne prendrons pas de gens qui n’ont pas d’expérience » en entreprise. Ni de politiques, « sauf pour des conférences », a décidé le conseil scientifique. La sélection des enseignants – ainsi que la définition précise des enseignements – a lieu en ce moment même. Pour ce qui est du contenu des enseignements, Patrick Louis donne l’exemple de son domaine, « la géopolitique. La première année, on aura une approche géographique, les zones, les territoires, l’histoire, les phénomènes, les États. La seconde année, une approche transversale, l’information par exemple, l’énergie, les formes d’organisation – bilatéralisme ou multilatéralisme ». L’objectif est « d’ouvrir les intelligences à des problèmes qu’ils ne connaissent pas, améliorer la culture générale – par exemple qui contrôle l’internet, car la prise de décision doit concilier intelligence et volonté ». A titre d’exemple, il explique comment il enseignera la Russie : « d’abord parler de l’histoire, la permanence psychologique, la culture, l’identité russe qui a toujours été forte. La Russie a certes vécu 70 ans sous un régime totalitaire, mais avec le challenge d’être le numéro 1 ou numéro 2 mondial. En 1989 les Russes se sont sentis humiliés, l’OTAN a avancé ses positions, le territoire a été amputé d’un tiers, Eltsine a laissé filer les actifs stratégiques. Il faut partir de la psychologie russe, la force et la sérénité de l’ours, mais qui se sait entouré de gens qui veulent l’empêcher d’accéder aux mers ». Conclusion logique : « l’Union européenne ne peut pas faire l’impasse sur la Russie. La meilleure solution est de s’associer aux Russes sans faire la guerre aux Américains » « Permettre aux hommes de déployer leur volonté et leur donner de la connaissance » L’ISSEP souhaite « permettre aux hommes de déployer leur volonté et leur donner de la connaissance. Il faut former les hommes et sauver les intelligences. Notamment parce que, comme disait Bossuet, en France on déplore les conséquences dont on chérit les causes. Par exemple on déplore le chômage alors qu’on chérit le dogme de la concurrence libre et non faussée, qui est un mythe ». Le rôle de Marion Maréchal ? « Elle utilise ses savoirs et son expérience, elle a compris les phénomènes et elle agit. Elle assure la direction opérationnelle de l’école », explique Patrick Louis. Jacques de Guillebon (l’Incorrect) assure avec lui la direction du conseil scientifique, Patrick Libbrecht est président de l’association et responsable du respect du formalisme juridique. Gérault Verny (Mont Blanc composites) est l’ambassadeur de l’ISSEP auprès des entreprises. « Il y a un apport fait par les étudiants, 5 500 € à l’année, mais nous avons aussi des aides – par des conférences ou en argent – de la part d’entreprises », précise Patrick Louis. L’ISSEP dispose déjà de locaux à Lyon, dans le quartier Confluence, 82 rue Denuzière. Louis-Benoît Greffe Source […]