C’est tout un art d’en dire un peu… mais pas tout. L’information incomplète est la règle qui s’impose aux journalistes de Ouest-France. L’art de la fake news par occultation…
« L’info, c’est de l’urgent, mais pas seulement », tel est le litre d’un papier rédigé par Thomas Heng, journaliste à la rédaction de Nantes (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 23 décembre 2019). Il a effectivement raison de rappeler que les lecteurs attendent « une information sérieuse, charpentée et pas tapageuse ». Mais aussi précise, exacte et complète. Ce qui n’est pas toujours le cas à Ouest-France car les rédacteurs sont invités à respecter la ligne démocrate-chrétienne de la maison ; il y a donc des choses qui ne s’écrivent pas et certains sujets demeurent « tabous ». Bref, on fait volontiers dans la langue de bois et dans le politiquement correct.
Un exemple récent. L’affaire se déroule devant le tribunal de grande instance de Quimper. Deux « Lillois » (sic) comparaissent pour un trafic de drogue, accompagnés d’un « Finistérien » (sic). Des gens organisés puisqu’ils « allaient s’approvisionner à Lille en utilisant les services de jeunes femmes pour transporter les substances dans leurs corps, jusqu’à Quimper ». Le « Douarneniste de 36 ans » a déjà onze condamnations à son casier. Le jeune « Lillois » a été condamné six fois, et l’autre « Lillois » treize fois. Tous les trois écopent de peines de prison mais avec beaucoup de sursis (Ouest-France, Bretagne, 21 – 22 décembre 2019).
Le lecteur remarque tout de suite la volonté de la rédaction de ne pas divulguer l’identité des trois trafiquants ; le lecteur aurait également apprécié une enquête approfondie sur leur business à Douarnenez. Comme le lecteur n’est pas complètement idiot, il devine que les trois clients en question sont soit des immigrés, soit des « migrants », soit des « réfugiés ». Dès que Ouest-France cherche à cacher des noms, on sait que c’est de ce côté-là qu’il faut chercher.
Message à Thomas Heng et à ses confrères : le lecteur aime s’informer en temps réel, mais cela ne suffit pas. Travailler de « belles histoires » – comme celle de Douarnenez -, ça l’intéresse tout autant. Et là il est prêt à attendre 24 heures. À condition qu’on ne lui fasse pas des cachotteries liées à des choix politiques de la direction.
B. Morvan
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