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Louis Le Duff n’est pas obligé de faire une fixation sur Liffré

Le groupe Le Duff (La Brioche dorée, Pizza del Arte, Le Fournil de Pierre…) souhaite construire une usine de viennoiseries à Liffré (près de Rennes), au bord de l’autoroute qui relie la Bretagne à la Normandie (A 84). Sur un site de 21 hectares, l’investissement atteindrait 250 millions d’euros et 500 emplois sont prévus à terme. Le projet est soutenu par les élus, en particulier par ceux de la communauté de communes de Liffré-Cormier qui possède la compétence économique. Mais les écolos y sont hostiles ; ils soulignent la bétonisation de 21 hectares d’emprise bocagère, le problème de la ressource en eau, les rejets de gaz à effet de serre, les nuisances sonores ou encore la création, selon eux, « d’emplois précaires » (Le Télégramme, Bretagne, mercredi 10 mars 2021). Réponse de Loïg Chesnais-Girard, ancien maire de Liffré, à l’origine de la venue de Bridor dans la commune, aujourd’hui président de la Région Bretagne : « Il faut être fier des entreprises qui font le choix de la Bretagne. Opposer l’écologie et les usines n’a aucun sens, ma ligne est au contraire de les rapprocher. Les emplois de production sont au cœur de ce qu’est la Bretagne » (Le Télégramme, Bretagne, mercredi 10 mars 2021). Le combat démarre donc. Et les écolos d’attaquer le principe même de la construction de cette usine : « C’est un projet du passé. EELV se mobilise contre, puisqu’il ne répond à aucun objectif de protection de l’environnement et de création d’emplois pérennes » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, jeudi 11 mars 2021).

Manifestations et recours contre le plan local d’urbanisme et le permis de construire compliquent la vie de Louis Le Duff en retardant la construction de l’usine. Vu la saturation de l’usine de Servon-sur-Vilaine et de celle de Changé (Mayenne), le PDG est très embêté par cette situation : « Nous sommes responsables devant nos employés et nos clients. Il y a une surpression pour nos employés, actuellement, qui doivent produire encore plus pour répondre à la demande de nos clients. On travaille sept jours sur sept, jour et nuit. Nous devons penser à nos employés, qui sont là depuis vingt ou trente ans et qui m’ont aidé à construire l’entreprise. Ils ne doivent pas être des otages. » (Le Télégramme, Bretagne, mardi 8 novembre 2022). Mais il y a aussi ce qui va bien puisque le groupe vient de faire l’acquisition d’une usine au Portugal, d’une autre aux Etats-Unis et de procéder au doublement de l’usine de Montréal. Et une usine est en construction à Düsseldorf.

Evidemment, Louis Le Duff s’énerve : « Nous ne pouvons pas rester dans l’incertitude. Nous avions commencé à étudier ce projet d’usine Bridor à Liffré en 2017 et nous sommes en 2022. Nous espérions ouvrir en 2021. Mais avec les droits de recours de deux ans minimum des opposants, ça nous amène en 2025. Et en espérant qu’ils ne fassent pas appel. Il faut compter ensuite deux années de construction. » Beaucoup trop long pour ce patron. « Je ne vais pas encore attendre dix ans. J’ai rencontré des chefs d’entreprise qui m’ont demandé pourquoi je m’accrochais encore à ce projet ? Ils auraient abandonné depuis longtemps » (Ouest-France, Bretagne, mardi 8 novembre 2022)

 Il n’y a pas que Liffré en Bretagne

Finalement, le groupe décide de suspendre le projet. « Le combat politique et idéologique en Bretagne depuis les deux dernières élections a bloqué le démarrage de l’usine Bridor à Liffré », indique un communiqué. Et Louis Le Duff de répéter son problème : « Il n’y aura pas d’ouverture avant 2027 au plus tôt ! Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre dix ans pour que nos projets industriels aboutissent, alors que nos concurrents allemands mettent deux ans à construire une usine » (Les Echos, jeudi 10 novembre-vendredi 11 novembre-samedi 12 novembre 2022). Une lectrice d’Ouest-France, Ghislaine Robert, fait une proposition qui devrait intéresser ce grand patron : « conserver le site naturel de Sévailles au lieu de le détruire pour installer l’usine Bridor, trouver un site breton déjà artificialisé pour que l’usine puisse s’installer, fabriquer en Bretagne des produits alimentaires destinés à notre continent plutôt qu’à l’autre bout du monde. Ainsi, on aurait lutté contre l’artificialisation des sols, préservé l’environnement naturel existant, créé des emplois en Bretagne, réduit l’impact environnemental d’un modèle économique ravageur » (Jeudi 24 novembre 2022).

A Chartres-de-Bretagne (près de Rennes), la solution existe. En 2015, la Région Bretagne, Rennes métropole et le Département d’Ille-et-Vilaine ont acheté à PSA Peugeot Citroën 53 hectares sur le site de La Janais – qui en compte 250 – pour le prix de 13,3 millions d’euros. En 2021, Rennes métropole achète à Stellantis un bâtiment de 2,6 hectares et 7,8 hectares de terrain pour 6 millions d’euros. Certes, 6 115 m2 ont été revendus à la société Euro-Shelter, spécialiste français de la construction d’unité mobiles (des centres médicaux, par exemple), mais il reste encore beaucoup de terrain pour accueillir Bridor – ainsi Louis Le Duff participerait à la création de ce « pôle d’excellence industrielle », le grand rêve de Nathalie Appéré. Quatre avantages : pas de destruction de terres agricoles, pas d’opposition des écolos, démarrage rapide des travaux et Loïg Chesnais-Girard serait content puisqu’il aurait son usine Bridor.

Bernard Morvan

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
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2 réponses à “Louis Le Duff n’est pas obligé de faire une fixation sur Liffré”

  1. Pschitt dit :

    Le problème est qu’il revient en général moins cher de bétonner un site naturel que de réaménager à sa guise un site industriel abandonné et potentiellement pollué. Sans parler de la desserte : il est probable que Liffré s’empresserait de créer une voie exactement adaptée aux besoins d’une nouvelle usine, tandis qu’à Chartres-de-Bretagne, il faudrait s’accommoder de la voirie existante. Tant que le principe de “zéro artificialisation nette” ne sera pas appliqué strictement (“vous voulez vraiment construire dans la campagne ? Alors ramenez à l’état de nature un site artificialisé équivalent”), on continuera à consommer des espaces naturels.

    • filassss dit :

      La voie existe déjà avec un accès direct à l’autoroute A84, alors que le secteur sud de Rennes est déjà saturé niveau circulation, ce qui n’est pas le cas de l’A84 dans le sens vers CAEN.
      Et penser que les écolos Rennais ne s’opposeraient pas un projet sur Chartres-de-Bretagne, c’est bien mal connaitre leurs positions.

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