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Gérard Authier (Moi Bob, curé de Saint-Frusquin) : « Des notes d’espoir, il y en a toujours dans l’Eglise » [Interview]

L’effondrement de l’Eglise en France est probablement l’un des événements les plus importants de l’histoire récente. Pendant des siècles, la vie des Français avait été rythmée par les sacrements et les fêtes religieuses – même pour les pratiquants occasionnels, voire pour les anticléricaux militants. Comment cet effondrement, qui suivit le concile Vatican II, a-t-il été possible ? C’est que Gérard Authier propose dans un livre intitulé Moi Bob, curé de Saint-Frusquin, édité aux presses de la Délivrance, de découvrir en décrivant de façon romancée la vie de quelques prêtres dans la tourmente des années 1960 et 1970.

Nous lui avons posé quelques questions.

Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Gérard Authier : Comme Obélix, je suis tombé tout jeune dans le bénitier et j’y suis resté, pourtant ce n’est pas l’envie qui m’ait manqué d’en sortir. Je suis marié, père de trois enfants et six petits enfants. J’ai travaillé en préfecture comme chef de bureau. + Responsable national du syndicat CFTC (branche ministère Intérieur). Vice président départemental MPF (Philippe de Villers) J’ai été engagé dans l’Eglise post conciliaire que je connais assez bien. (Secours catholique, fraternité franciscaine, animateur paroissial, catéchèse, groupe préparation au diaconat, formation aux ministères (2 ans), Président des AFC départemental, etc.)

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a amené à écrire ce livre ?

Gérard Authier : J’ai connu l’Eglise avant pendant et après le Concile. Comme dans bien des secteurs de notre société nous assistons à une dégringolade catastrophique. Il m’a semblé utile de dire tout ce qui n’allait pas et qui devait être corrigé afin d’entrevoir des jours meilleurs. C’est un témoignage juste qui devrait nous inviter à corriger nos erreurs avant de partir vers des horizons qui reculent toujours.

Breizh-info.com : Parlez nous du personnage principal de votre ouvrage, Bob. Est-il la synthèse des prêtres “modernistes” que vous avez rencontrés ? N’est-il pas un peu caricatural ?

Gérard Authier : Ce que je dis sur « BOB » est exact et très précis. J’ai rajouté à son personnage le fait qu’il était infiltré par le parti communiste. C’est une autre réalité qui n’appartient pas à Bob mais qui a réellement existé tel que je la raconte. Il n’est pas la synthèse de tous les prêtres modernistes, heureusement, mais il représente la synthèse des plus progressistes ou des plus enragés. Il serait caricatural si je le présentais comme le type même de tous les prêtres de cette époque, évidemment ce n’est pas le cas.

Breizh-info.com : Votre livre décrit, plus qu’une crise profonde, un changement total dans l’Eglise amenant aujourd’hui à un vide abyssale, à des églises qui se vident, et finalement, à une déconnexion totale d’avec la population. Comment en est-on arrivé là ?

Gérard Authier : Cette description est une évidence. Cette crise qui a explosé dans la période post conciliaire et dont nous connaissons les effets désastreux a plusieurs causes. Certains la font remonter après la guerre de 39-45 où un relâchement manifeste dans la formation des séminaristes a eu des conséquences confirmées. D’autres la font partir du début du XX° siècle où à la fin du XIX°. Pour ma part, je la positionnerais au milieu des années vingt avec entre autres la suppression des patronages des grands, l’invitation donnée aux jeunes par les aumôniers d’aller s’inscrire ailleurs qu’au syndicat de la CFTC, c’est-à-dire à la CGT marxiste puisqu’il n’y en avait pas d’autres à cette époque. Les réformes issues du Concile, appliquées avec rudesses et sans ménagement ont déstabilisé un grand nombre de catholiques qui n’avaient rien demandé. (Liturgie, catéchèse, abandon des vérités de foi et des pratiques traditionnelles qui portaient du fruit). J’avais 20 ans durant cette période et j’ai applaudi à tous les changements les trouvant trop lents et trop timides (depuis j’en suis revenu !), c’est une tautologie de dire que ce n’était pas le cas de la génération des parents et grands-parents. L’Eglise a ouvert grand les portes et les fidèles sont partis abondamment. A cela, s’ajoute une autre réalité dont on parle peu et qui est à mes yeux d’une grande importance c’est « la démission des clercs ». C’est justement cet aspect que j’ai voulu développer dans mon livre, l’étayant de faits réels et de situations vécues. J’ai changé les noms des personnages mais beaucoup de ceux qui ont lu mon livre de diverses régions de France me disent : «  Nous les avons connus et reconnus ainsi que leurs œuvres et leurs victimes ». Avec ce livre, nous ne sommes pas dans l’imaginaire ou le fantasme.

Breizh-info.com : Quelles sont toutefois les notes d’espoir, si il y en a, pour demain ?

Gérard Authier : Des notes d’espoir, il y en a toujours dans l’Eglise. Le Christ nous a dit qu’il serait toujours avec nous. Notre espérance est de voir la fin de cette terrible crise et de connaître une période de renouveau comme il y en eu dans toute l’histoire de l’Eglise. Les plus de 5400 baptêmes d’adultes à Pâques cette année, l’extraordinaire mobilisation des pèlerins de Chartres dont la moyenne d’âge est de moins de 25 ans en sont des exemples concrets et non exhaustifs. J’ai posé sur la table les dérives dont j’ai été le témoin afin de les examiner, les corriger et ne plus les revoir. Je pense que malgré la crise et toutes les turpitudes que l’Eglise traverse, elle reste chemin de salut pour l’éternité. Ce livre est aussi un hommage silencieux à ceux qui, dans la tourmente, surent rester fidèles à leur vocation et à l’Eglise.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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8 réponses à “Gérard Authier (Moi Bob, curé de Saint-Frusquin) : « Des notes d’espoir, il y en a toujours dans l’Eglise » [Interview]”

  1. Bohanne dit :

    Je pense que c’est plutôt le mouvement de mai 68 qui a vidé les églises et non pas le concile Vatican 2. Celui ci a été dévoyé par les prêtres et les fidèles suite à la révolution de mai 68. (Interdit d’interdire, jouir sans entrave, le communisme, le consumérisme…)

    Le contenu de Vatican 2 est 100% catholique, il a simplement été mal interprété. Et même certains prêtre qui ne l’avait pas lu, se sont mis à faire des choses en disant que c’était Vatican 2 alors que ça venait d’eux et de leurs idées progressistes.

    • Helene Venard dit :

      Tout à fait d’accord avec cette analyse ! Mais qu’on peut combiner avec les elements de l’article en considerant qu’il fallait alors une tres solide formation theologique et une vraie liberté pour ne pas suivre la pente generale

    • Octave Cotteret dit :

      Chère Madame, la vérité qui mène à l’erreur, tel serait Vatican II comme vous l’exprimez. N’est-ce pas plutôt l’erreur qui mène à l’erreur ? Ou en d’autres mots, l’erreur ouvre la porte à beaucoup d’autres erreurs.
      Pardon de vous contredire mais il ne faut jamais rester figé dans l’erreur.

  2. Labous an Ankou dit :

    Tout à fait, Bohanne a entièrement raison, l’Eglise c’est transformée après MAI 68. Toutes les lois sociétales proposées par la Franc maçonnerie et validées par nos politiques depuis la loi Veil sont le reflet de cette absence de contre pouvoir catholique depuis cette révolution bourgeoise.

  3. Helene Venard dit :

    Dans l’incapacité de savoir à qui s’adresse votre “chère Madame” je me permet de vous répondre pourtant.

    Oui, Vatican II est 100% catholique.
    C’est d’autant plus vrai que ce concile tend à nous indiquer comment passer d’une foi de tradition, d’éducation, d’habitude sociale pourrait on dire (qui avait toute légitimité jusqu’au XX°s où la société civile etait encore porteuse) à une foi issue de la rencontre personnelle avec le Christ qui me parait beaucoup plus adaptée à notre époque de transgressions en tout genre.

    Le “ça ne se fait pas” des siècles précédents (et qui se faisait pourtant) est remplacé par “je choisis de m’empêcher” par amour pour Dieu et malgré la pression sociale, même si je peux chuter puisque je me sais pêcheur.

    L’erreur étant à mon sens de croire que nous serons jugé sur notre bonne réputation plutôt que sur l’amour.

    Je vous concède que le pire est de rester figé dans l’erreur.

  4. JLT dit :

    Le Christ a dit « Je suis avec vous tous les jours «  mais pas nécessairement avec l’Eglise catholique

    • Helene Venard dit :

      Tu es pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église a-t-il dit aussi … serait il traître, voire adultère ?

  5. DEBERDT André dit :

    Nous sommes une Famille Chrétienne Pratiquante que nos aïeux nous ont incultes , c’est vrai , aujourd’hui nous sommes déçus de la dérive de la religion chrétienne , la faute à nous tous , au monde moderne sans valeur , liberté des mœurs , pauvre Monde , quelle déchéance , je plains les futures générations .
    Je suis entièrement d’accord avec les propos du livre de Gérard AUTHIER mon Cousin …
    André& DEBERDT

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