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Rentrée scolaire : la Suède revient sur le tout numérique à l’école qu’elle juge responsable de la baisse du niveau scolaire

Les pays nordiques passent pour être à la pointe dans bien des domaines. Leur système éducatif est ainsi souvent loué dans le reste de l’Europe. Après avoir très tôt introduit des appareils numériques dans les salles de classe, la Suède fait un retour en arrière et revient aux bons vieux manuels scolaires. Un moyen de sanctifier le retour de la lecture à l’école, au détriment du temps d’écran.

La raison d’un tel revirement ? L’enquête internationale PIRLS – Progress in international reading literacy – qui paraît tous les cinq ans. La dernière, datant de 2021, mettait en évidence un recul des compétences en lecture et en compréhension chez les jeunes Suédois. Coupable : l’’utilisation excessive de dispositifs numériques qui interfèrent avec le temps de réflexion nécessaire à l’apprentissage en profondeur. En outre, depuis leur introduction dans les classes, les élèves lisent de moins en moins et les parents peinent de plus en plus à aider leurs enfants.

Si les études sur les dommages neurologiques et l’impact négatif  sur la concentration des enfants des écrans sont légion, les pro-écrans se focalisent sur l’argument démocratique : tous les élèves doivent avoir la possibilité de développer des compétences numériques et un accès garanti à des dispositifs. Argument absolument légitime, il faut bien « vivre avec son temps » et il serait complètement contre-productif de renoncer à de tels outils. Or, la numérisation semble être devenue un objectif en soi, quel qu’en soit le contenu : trop souvent, les éducateurs n’ont aucune vision d’ensemble et ignorent les dangers, les problématiques et les inconvénients qu’entraînent l’utilisation des écrans et la connexion au vaste monde d’Internet. 

Cela n’a pas échappé au nouveau ministre de l’éducation, Carlotta Edholm. Elle en est sûre : « les étudiants suédois ont besoin de plus de manuels scolaires et de moins d’ordinateurs« . En août, elle annonçait que le gouvernement entendait annuler la décision de l’agence nationale pour l’éducation de rendre les tablettes tactiles obligatoires dans les écoles… maternelles !

Mais il ne s’agit pas d’un choix personnel. Il est soutenu par la Karolinska Institutet, une des plus éminentes universités médicales au monde, dont les dernières recherches soulignent que les instruments avec écrans compromettent l’apprentissage. « Nous croyons que l’accent devrait être mis sur l’acquisition de connaissances au moyen de manuels imprimés et de l’expertise des enseignants, plutôt que d’acquérir des connaissances principalement à partir de sources numériques disponibles gratuitement qui n’ont pas été vérifiées pour leur exactitude. »  Selon le Programme international pour le suivi des acquis des élèves 2015 (PISA), l’utilisation du numérique pour faire ses devoirs porte à de moins bons résultats, notamment en mathématiques et en compréhension de textes. Ce point de vue est également partagé par l’UNESCO, qui a récemment appelé à une utilisation équilibrée de la technologie dans l’éducation.

Pour le Ministre, il ne s’agit pas de renoncer aux connexions internet dans les écoles, mais de bien faire comprendre que le support numérique n’est pas qu’un simple instrument puisque c’est lui qui fourni le contenu. L’outil n’est donc pas toujours calibré et il ne peut substituer des méthodes éprouvés par le temps, telle la pratique de calligraphie, qui a perdu de sa superbe devant la saisie au clavier, dès l’école élémentaire.

Les critiques n’ont évidement pas tardé, à titre d’exemple The Guardian qui déplace le problème sur le plan politique : « Critiquer les effets de la technologie est un mouvement populaire auprès des politiciens conservateurs, c’est une belle façon de dire ou de montrer un engagement envers les valeurs traditionnelles. »

Pourtant, acter la baisse de niveau scolaire et agir pour y remédier – sans avoir peur de prendre des mesures impopulaires qui plus est -, a de quoi faire rêver les autres pays du continent. En premier lieu la France, dont le niveau d’instruction décline inexorablement quand celui des Suédois reste, malgré la baisse enregistrée, bien au-delà de la moyenne européenne.

 

Audrey D’Aguanno

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

 

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2 réponses à “Rentrée scolaire : la Suède revient sur le tout numérique à l’école qu’elle juge responsable de la baisse du niveau scolaire”

  1. Mathilde Azorin dit :

    7 x 3 = 25 et 10 + 4 = 11
    En France, un très grand nombre d’élèves à l’entrée en 6eme écrit en charabia sans queue ni tête, ne sait ni lire ni compter, et on ne parlera pas de ceux qui ne pratiquent aucunement le français.
    Il fut une époque où l’on apprenait au primaire les tables de multiplication, où l’on savait compter mentalement et faire facilement les quatre opérations élémentaires.
    Aujourd’hui, au collège, il faut une calculatrice pour trouver 7 x 3 ou même 10 + 4.
    La faute essentiellement aux incompétents qui se sont succédés pour saborder intentionnellement l’Education Nationale, en faire un véritable cloaque et une fabrique de crétins où l’éducation à la sexualité et à la théorie du genre sont plus importants que les savoirs élémentaires.
    Triste France de la décadence intellectuelle et culturelle.
    Pauvres enfants entre les mains de criminels.

  2. anonyme dit :

    A L’ECOLE ELEMENTAIRE
    -droit au bonheur-
    Il est permis d’imaginer une école où la société des adultes resterait au portail de la cour et la récréation des enfants à la porte de la classe.
    Classe, précieux temps collectif consacré uniquement aux développements intellectuel et physique des élèves.
    « droit au bonheur » oui à la condition de ne pas faire des élèves des imbéciles heureux et malléables, mais plutôt « droit à l’enfance » sous l’autorité bienveillante des enseignants. Les élèves seront toujours plus durs entre eux que la plus sévère des maîtresses.
    -empathie-
    Ceux qui préconisent des cours d’empathie pris sur le temps scolaire ont-ils seulement songé à ce que peut être la journée d’un élève qui ne comprend rien à ce qu’il ne sait pas lire et qui d’année en année voit son calvaire se renouveler jusqu’à ses seize ans. Un ou deux par classe, mais multipliés par le nombre de classes vous avez là un vrai problème de société. Les coûts humain et économique de ces scolarités ratées ont-ils été évalués ?
    La finalité de l’école n’est pas d’être aimée mais de permettre à tous les élèves d’affronter leur future vie d’adulte dans une société où ils ne seront pas exclus parce qu’illettrés et démunis.

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