La gestion des déchets radioactifs en France reste un enjeu stratégique et polémique. Dans un rapport récemment publié, la Cour des comptes critique les retards, les incertitudes financières et les choix techniques de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). L’agence, en réponse, revendique sa rigueur et sa transparence.
Le projet Cigéo, destiné à l’enfouissement des déchets radioactifs les plus dangereux dans le sous-sol de Bure (Meuse), concentre à lui seul l’essentiel des préoccupations de la Cour des comptes. D’une ampleur inédite à l’échelle européenne, ce projet de stockage géologique profond cristallise les inquiétudes en raison de ses retards successifs, de son coût prévisionnel astronomique (33,8 milliards d’euros) et de ses défis techniques.
Des ambitions revues à la baisse
Initialement prévue pour 2025, l’ouverture de Cigéo ne cesse d’être repoussée. La Cour pointe une planification irréaliste dès le départ, associée à une lenteur dans l’instruction des autorisations, dans la concertation publique et dans la montée en puissance opérationnelle de l’Andra. Le dépôt officiel de la demande d’autorisation n’est intervenu qu’en janvier 2023, bien après les échéances prévues par la loi de 2006.
Dans sa réponse, l’Andra reconnaît ces décalages mais souligne que ceux-ci sont le fruit d’un processus de sécurisation progressif : études scientifiques rigoureuses, consultations locales, arbitrages budgétaires et instruction technique de l’ASN. Elle affirme que ce projet doit être mené « avec méthode, transparence et sens des responsabilités », soulignant que 50 % des déchets concernés par Cigéo sont déjà produits.
Financement : une charge intégralement assumée par les producteurs
L’agence revendique un modèle économique solide, fondé sur la responsabilité financière des producteurs de déchets (EDF, Orano, CEA). La Cour admet cette robustesse, mais recommande une meilleure lisibilité des coûts, notamment la séparation entre les dépenses de construction initiales (estimées entre 7,9 et 9,6 milliards d’euros) et celles de l’exploitation sur 150 ans (entre 16,5 et 25,9 milliards). L’Andra, dans sa dernière évaluation rendue publique en mai 2025, dit avoir intégré cette recommandation dans son chiffrage actualisé.
Au-delà de Cigéo, la Cour s’alarme de l’absence de solution concrète pour la gestion des déchets dits FA-VL, qui posent un dilemme technique : trop dangereux pour rester en surface, mais ne nécessitant pas forcément un enfouissement profond. L’Andra évoque des travaux engagés depuis quinze ans et la relance en 2024 d’un projet de stockage à faible profondeur dans l’Aube. Toutefois, elle admet que la complexité réglementaire et l’incertitude sur l’inventaire ralentissent considérablement la mise en œuvre d’une filière dédiée.
Une agence en mutation mais encore fragile
Dans sa réponse, la directrice générale par intérim, Gaëlle Saquet, insiste sur les efforts de transformation interne menés par l’Andra : montée en compétence, outils de gestion modernisés, structuration RH, et pilotage industriel renforcé. L’agence revendique une volonté de transparence et un dialogue continu avec les territoires concernés.
Mais la Cour, tout en saluant certaines avancées, estime que la gouvernance reste à consolider. Elle appelle à plus de clarté dans la programmation des opérations, à une meilleure traçabilité budgétaire et à une anticipation accrue des difficultés, alors que l’État relance massivement la filière nucléaire dans le cadre de la transition énergétique.
Le bras de fer feutré entre la Cour des comptes et l’Andra illustre la difficulté française à gérer de manière lisible, consensuelle et rigoureuse un enjeu aussi crucial que le stockage des déchets nucléaires. Entre ambitions industrielles, exigences de sûreté et acceptabilité territoriale, le chemin vers une solution pérenne reste long… et semé de doutes.
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5 réponses à “Déchets radioactifs : la Cour des comptes épingle l’Andra, qui se défend point par point”
Notre filière nucléaire française est à défendre et à encourager quel que soit son coût car c’est un investissement à long terme permettant une souveraineté énergétique.
Et encore une agence, bref une de plus et une directrice générale donc des directeurs de ceci de cela comme à la SNCF où on ne trouve plus que des directeurs de ceci de cela et pas d’agents pour l’entretien des voies ferrées…le beau Pays de France n’est plus qu’une république bananière!
Concernant la SNCF, Raymond a raison. Mon fils aîné ingénieur hyperactif devenu prof par nécessité familiale me citait le cas d’un collègue de fac de sciences qui bien que daltonien est devenu cadre à la SNCF et fort satisfait de sa situation: bonne paye, voiture de fonction …au statut bien protégé par les syndicats tout puissants.
Ce copain disait, comme Raymond: « Il y a des chefs partout…Les camarades syndiqués rentrent dans les bureaux des chefs à « coup de pompe » dans la porte »…Bref, l’ambiance est très conviviale.
C’est un autre monde, « un Etat dans l’Etat », semblable à des bastions du service public, conscients de leur pouvoir de nuisance, tels la RTV française, EDF (moyenne de retraites à 2 600 €/mois), les Services Fiscaux.
Jusqu’à sa retraite, un ancien copain cheminot continuera dans sa cellule communiste de la SNCF à produire des discours anti capitalistes, façon Arlette Laguillet, anachroniques.
Si Dominique Voynet n’avait pas arreté SuperPhenix, il n’y aurait pas de problème..
Très prochainement dans nos caves : le champagne fluorescent