Rupture avec Molac et Chesnais-Girard, quel chemin pour Christian Troadec ?

Le mécontentement et le ressentiment couvaient depuis des mois, l’affaire du lycée Diwan aura été le déclencheur : Christian Troadec, le bouillant maire de Carhaix, s’est « mis en congé de la majorité régionale » en ces termes :

Je me mets en congé de mon groupe politique de la Région Bretagne et par conséquent de la majorité régionale en désaccord avec les propos tenus par Paul Molac sur Diwan, « il faut respecter la loi » et ceux de Loig Chesnais-Girard qui nie la réalité des conditions déplorables de vie et d’étude des lycéens Diwan de Carhaix. Je suis également en désaccord avec la politique clairement insuffisante du président de la Région face aux difficultés rencontrées depuis des mois par le monde culturel breton qui constitue pourtant l’âme de la Bretagne : disparition de Coop Breizh, d’Amzer Névez, problèmes financiers à Sonerien et Dastum et dans des dizaines d’associations et d’entreprises bretonnes. Le double discours de Loig Chesnais-Girard n’est plus tenable et contrairement à Paul Molac je pense que le fait précède la loi.

Les faits précèdent la loi

Bien souvent les faits précèdent la loi. Il en a toujours presque été ainsi dans la société française. Les plus grandes évolutions en témoignent comme la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IGV) qui a été obtenue grâce au combat exemplaire et admirable des femmes et au courage de quelques parlementaires…
En Bretagne, en 1977, les écoles Diwan sont nées de l’initiative de parents d’élèves pour se substituer à l’Etat français et offrir un enseignement par immersion en langue bretonne à leurs enfants. La loi française s’oppose à cela. Je ne ferai pas l’injure de le rappeler à Paul Molac qui a vu sa propre loi sur les langues régionales être partiellement censurée par le conseil constitutionnel. Respecter la loi, sans vouloir la changer, sans la précéder par les faits, c’est acter à terme la mort de la langue bretonne.
Je recommanderai enfin à Loig Chesnais-Girard, trop habitué, sans doute, aux moquettes épaisses du conseil régional à Rennes, de descendre sur le terrain, les pieds dans la boue s’il le faut, pour constater la réalité vécue par les lycéens Diwan de Carhaix, au lieu de la nier.

Le combat pour la Bretagne continue

Je continuerai mon combat pour la Bretagne en tant qu’élu non inscrit sur les bancs de l’assemblée régionale en défendant un réel aménagement du territoire, tout particulièrement dans le domaine de la santé et de l’hôpital public, où ma vision est clairement opposée à celle du président Chesnais-Girard qui plaide « pour la régulation des urgences partout et tout le temps », au détriment des plus fragiles et des plus humbles, en m’opposant à la métropolisation à outrance portée par la Région Bretagne et en réclamant plus de moyens pour la langue et la culture bretonnes.
Je vais aussi préparer, dès maintenant, avec des milliers de Bretonnes et de Bretons qui ont une réelle envie de changer de braquet et les choses pour la Bretagne, les futures élections régionales de 2028.
Les enjeux et les défis qui se présentent à nous sont trop importants pour se satisfaire d’une politique de simple gestion, sans réelle ambition.

Il faut reconnaître que Christian Troadec ne manque, ici, pas de panache ! Retrouvant des accents plébéiens et nationalistes, l’homme fort de Carhaix acte sa rupture avec Paul Molac qui, et cela se murmure de plus en plus fort dans le mouvement breton, aura « déçu » ses soutiens. Après l’audace de la loi qui porte son nom, l’homme de Ploërmel s’est, en effet, enfermé dans un ronron légaliste qui en surprend beaucoup. Le monde de la culture s’effondre, la cause de la Réunification n’avance pas et le député-conseiller régional n’a rien de plus à proposer qu’un vulgaire député lambda. Paul Molac aurait pu être un grand leader breton, il se contente d’être un honnête gestionnaire…. à la Loïg Chesnais-Girard ?

Mais derrière la fâcherie se dessinent, en toile de fond, les élections régionales de 2028 où Christian Troadec espère mener une liste bretonne. Comme à chaque fois ! Qui débauchera-t-il dans l’aventure cette fois-ci ? L’UDB ? Le Parti Breton ? Une liste nationaliste apolitique ? L’observateur habitué du cirque de l’Emsav se contentera de hausser les épaules et de prédire qu’il y aura encore une fois 3 ou 4 listes bretonnes, que l’unité est impossible et que Christian Troadec aurait avant tout intérêt à s’acheter une conduite et à délaisser une certaine influence gauchiste pour incarner ce grand leader populiste, nationaliste et ruraliste qui manque à la Bretagne.

Mais pour cela, il va falloir que Christian Troadec ouvre les yeux : Carhaix est de plus en plus touchée par la délinquance, la ruralité bretonne accueille de plus en plus de populations immigrées (moins qu’en ville bien entendu, mais les campagnes changent) et la Gauche est au plus bas dans toute l’Europe Occidentale car elle a abandonné Kevin et Nathalie pour Mohammed et Zaza Napoli.

Être à la tête d’une liste nationaliste bretonne de gauche ? Il se battra donc pour convaincre les 3-4% de l’électorat breton que représente ce courant en Bretagne. En concurrence avec 1 ou 2 listes concurrentes. D’ailleurs, en ce qui concerne l’Emsav traditionnel qui lui fournirait ses éventuels colleurs d’affiche, il est divisé comme jamais, numériquement groupusculaire et gangrené par l’extrême-gauche la plus hystérique de son histoire.

Quelle est le créneau d’un Christian Troadec en quête d’un troisième ou quatrième souffle là-dedans ? A 59 ans, l’homme est encore jeune mais est maire de Carhaix depuis 24 ans et traîne quelques « casseroles » impardonnables pour certains de ses adversaires du panier de crabe politique. Au niveau national breton, hormis l’épisode des Bonnets Rouges où il a été au sommet de son art, il n’a jamais réussi à vraiment percer.

Pour incarner un chemin en Bretagne, Christian Troadec doit être un leader nationaliste, ruraliste et populiste, sentant les lignes de fracture profondes dans la population bretonne, comme sur la question de l’immigration par exemple (score de Jordan Bardella aux dernières européennes à Carhaix : 30%) ou l’abandon des campagnes.

Sur ce dernier point, on peut lui faire confiance, sur le premier, on peut toujours rêver…ou espérer !

MLB

Crédit photo : DR
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3 réponses à “Rupture avec Molac et Chesnais-Girard, quel chemin pour Christian Troadec ?”

  1. JLP dit :

    Faudrait déjà que Troadec règle son addiction à l’alcool… tous ses ‘malheurs’ viennent de là !

  2. Raymond Neveu dit :

    Nous sommes loin de Le Balp qui monta au créneau jadis. S’il compte sur les maigres militants de l’UDB et du PB il finira à St Aubin du Cormier!!! Grande nouveauté la Région veut instauré un tout petit
    impôt de 0,15% sur toutes les entreprises y compris les hôpitaux qui vont mal (pour commencer O,15% mais l’appétit vient en mangeant) sans doute histoire de financer l’Islam et les ONG tout comme l’autre débile veut interdire le chalutage donc plus de pêche française! Nous louvoyons entre les crétins et les pires ceux qui se prennent pour des surdoués et les bistrotiers du Café du Commerce!

  3. MALKO dit :

    La fin sera pathétique pour Christian qui aurait pu avoir un tout autre destin politique s’il n’avait pas toujours été sur le mode « grande gueule » style forgeron du village d’Asterix
    la politique est l’art du compromis, de l’attente, de la stratégie et de la finesse sociale
    bon … avec Christian on est dans le mode « bourrin » renforcé par une consommation « festive et sociale » de l’alcool qui s’est transformé au fil des années par surement une addiction peu compatible avec certaines ambitions politiques.
    il a bien défendu et géré son canton pendant des années mais aujourd’hui c’est la descente et la démarquation qui va le perdre
    c’est dommage pour lui et pour les carhaisiens surtout qui ont besoin d’un leader pour défendre les intérêts de leur canton qui subit des régressions économiques, sociales et de services public

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