Le statut de micro-entrepreneur, qui séduit chaque année toujours plus de Français, continue d’occuper une place de choix dans le paysage économique hexagonal. Mais derrière l’apparente simplicité administrative, que cache réellement ce régime en termes de revenus ? Le dernier rapport de l’Insee, commenté par l’expert-comptable Pascal Ferron, met en lumière des réalités contrastées, parfois éloignées des promesses d’autonomie et de liberté financière.
Un succès populaire… à revenus modestes
Depuis la création du régime en 2009, le nombre de non-salariés n’a cessé de croître. En 2022, la France comptait 1,8 million de micro-entrepreneurs actifs, soit près de la moitié des indépendants hors agriculture. La simplicité des démarches, l’allégement fiscal et l’absence de charges fixes ont fait du statut un choix privilégié pour beaucoup.
Pourtant, les chiffres du revenu moyen laissent songeur : 670 euros nets par mois en moyenne pour un micro-entrepreneur actif. Une progression de 43 % en dix ans certes, mais bien loin du revenu décent promis à ceux qui souhaitent vivre de leur activité.
Des écarts de revenus vertigineux
Sous cette moyenne se cachent en réalité des disparités immenses. Les 10 % les mieux rémunérés perçoivent plus de 1 750 euros mensuels, tandis que les 10 % les moins bien lotis ne dépassent pas… 20 euros par mois. Une fracture qui traduit la diversité des profils : retraités cherchant un complément de pension, étudiants, salariés arrondissant leurs fins de mois, ou passionnés espérant vivre de leur savoir-faire.
Certaines professions permettent tout de même de tirer leur épingle du jeu, notamment dans la construction, l’immobilier ou les services techniques, avec des revenus dépassant parfois les 1 000 euros mensuels. À l’inverse, les domaines culturels, éducatifs ou artistiques restent marqués par la précarité, avec des revenus inférieurs à 500 euros.
Une étape, pas un aboutissement
Le statut de micro-entrepreneur est souvent utilisé comme un tremplin vers l’indépendance. Mais dès que l’activité s’intensifie, les limites du régime apparaissent rapidement : plafonds de chiffre d’affaires (72 600 € pour les services, 176 200 € pour le commerce), impossibilité de déduire les charges réelles, fiscalité forfaitaire peu avantageuse à haut niveau de revenus.
Nombre d’entrepreneurs sont ainsi contraints, au fil du temps, de changer de statut — vers l’entreprise individuelle classique ou la société unipersonnelle — pour optimiser leur fiscalité et pérenniser leur activité. Cette évolution, souvent mal anticipée, nécessite un accompagnement stratégique et comptable.
Une vigilance politique nécessaire
L’idée, récemment évoquée, de rabaisser les plafonds de chiffre d’affaires a heureusement été mise en suspens. Car selon Pascal Ferron, une telle mesure risquerait de fragiliser un écosystème déjà fragile. « Le régime reste une formidable porte d’entrée vers l’indépendance, mais il repose sur un équilibre subtil. Le malmener par des réformes mal pensées serait une erreur », prévient-il.
Alors que trois micro-entrepreneurs sur dix cumulent plusieurs activités pour s’en sortir, et que l’inflation rogne sur les revenus, la question du statut ne peut plus être abordée uniquement sous l’angle de la simplification. Il en va de la survie économique de milliers de Français, pour qui l’auto-entrepreneuriat n’est pas un hobby, mais une nécessité.
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Une réponse à “Auto-entrepreneurs en France : entre tremplin vers l’indépendance et précarité silencieuse”
Simple information recueillie par voie détournée de Beauvau lors de la Covid le 93 a vu fleurir les micro-entreprises…à vous de vous faire une opinion! VOUS AVEZ VU OU TRAVAILLER POUR 20 €??? arrêtez votre délire de nature « petits commerçants Poujadistes de 1956 »!