À l’heure où nos nuits sont parfois de plus en plus éclairées par les écrans, les veilleuses et les lampadaires urbains, des chercheurs tirent la sonnette d’alarme : même une faible lumière durant le sommeil pourrait nuire à notre santé. Et pas seulement au sommeil lui-même, mais à l’équilibre global de l’organisme.
Lumière nocturne : une ennemie insidieuse
De nombreuses études convergent vers une même conclusion : s’exposer à de la lumière artificielle pendant la nuit dérègle l’horloge biologique, diminue la production de mélatonine – l’hormone du sommeil – et nuit à la qualité du repos. À long terme, cela pourrait favoriser des maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète, les troubles cardiovasculaires et même certaines formes de cancer.
Le simple fait de laisser une lumière douce allumée ou de regarder son téléphone au lit active un état d’alerte dans le cerveau. Ce dernier retarde alors l’entrée dans les phases profondes et réparatrices du sommeil.
Un sommeil réparateur dépend de l’obscurité
La mélatonine, sécrétée naturellement le soir, est non seulement essentielle pour s’endormir, mais elle agit aussi comme un puissant antioxydant. L’exposition à la lumière bleue ou blanche durant la nuit inhibe sa production. À l’inverse, un environnement sombre permet au noyau suprachiasmatique – le « maître horloger » du cerveau situé dans l’hypothalamus – de synchroniser efficacement les rythmes biologiques.
Dormir dans une chambre sombre permet donc à l’organisme de fonctionner à son rythme naturel. À l’inverse, la lumière nocturne provoque une confusion biologique, un peu comme si le cerveau croyait qu’il faisait encore jour.
Les personnes âgées exposées à la lumière pendant leur sommeil sont davantage sujettes à l’hypertension, au surpoids et au diabète. Même une exposition modérée, équivalente à celle d’une lampe de chevet, peut suffire à perturber le rythme cardiaque, diminuer l’activité parasympathique et perturber le métabolisme du glucose.
Des études menées aux États-Unis et au Royaume-Uni ont établi un lien entre l’exposition nocturne à la lumière extérieure (par exemple l’éclairage public) et une augmentation significative des maladies coronariennes. Ces effets seraient liés à une stimulation chronique du système nerveux, empêchant le corps de se réparer efficacement pendant la nuit.
Santé mentale : un équilibre fragile
Un sommeil de mauvaise qualité est aussi associé à des troubles mentaux tels que l’anxiété, la dépression ou les troubles de l’humeur. Chez les jeunes, le fait de dormir avec des lumières allumées ou d’utiliser un écran avant de s’endormir est fortement corrélé à des problèmes de sommeil et à une fragilité émotionnelle.
La lumière artificielle maintient le cerveau dans un état d’hypervigilance. Résultat : un sommeil fragmenté, moins profond, et une récupération mentale incomplète.
À long terme, ce déséquilibre peut entraîner une baisse des capacités de concentration, une irritabilité accrue, et une plus grande vulnérabilité au stress. Chez l’enfant et l’adolescent, une bonne hygiène du sommeil, incluant l’obscurité, favorise une meilleure régulation émotionnelle et des performances cognitives accrues à l’âge adulte.
Des études récentes ont montré que même une lumière très faible pendant le sommeil (5 à 10 lux) peut perturber la structure du sommeil et la régulation de la glycémie. Chez les personnes âgées, une exposition nocturne régulière à la lumière augmente le risque de diabète de type 2 de façon significative.
En parallèle, des recherches ont révélé une corrélation entre la pollution lumineuse nocturne et certains cancers. Ainsi, vivre dans une zone très éclairée la nuit augmenterait le risque de cancer du pancréas ou du sein, en particulier chez les femmes préménopausées. Le mécanisme avancé ? Une perturbation hormonale durable et une altération des processus de réparation cellulaire.
Comment assombrir efficacement sa chambre
Les spécialistes recommandent une obscurité quasi totale durant la nuit. Il ne devrait pas être possible de distinguer sa main devant soi. Si cela est difficile, voici quelques conseils pratiques :
- Utiliser des rideaux occultants pour bloquer la lumière extérieure ;
- Couper ou recouvrir les sources de lumière des appareils électroniques ;
- Remplacer les ampoules blanches par des lumières douces et chaudes le soir ;
- Porter un masque de nuit, notamment en voyage ou en cas d’environnement lumineux non maîtrisable ;
- Préférer, si besoin, une veilleuse à lumière rouge, moins perturbante.
Dans une société qui dort de plus en plus mal, renouer avec une obscurité réparatrice est un geste simple, mais puissant. À l’heure où les maladies chroniques explosent, protéger nos nuits des lumières artificielles pourrait bien être un des leviers oubliés de la santé publique.
Dormir dans le noir complet n’est pas un luxe ou une mode, mais une nécessité biologique.
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