Les élections législatives anticipées organisées le 29 octobre 2025 aux Pays-Bas ont débouché sur un résultat d’une rare incertitude. Selon les chiffres provisoires communiqués par l’agence de presse ANP, avec 97,7 % des bulletins dépouillés, le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders et le parti centriste pro-européen D66 dirigé par Rob Jetten arrivent à égalité parfaite, totalisant 26 sièges chacun sur les 150 que compte la Chambre des représentants.
Un duel serré entre deux visions du pays
Donné battu dans les premières projections, Geert Wilders — figure emblématique de la droite identitaire néerlandaise — a finalement refait son retard. Son PVV, qui prônait notamment un moratoire sur l’immigration et la fin des aides aux demandeurs d’asile, perd cependant 11 sièges par rapport à sa victoire historique de 2023 (où il en avait obtenu 37).
Face à lui, le D66, formation centriste libérale et fervente défenseure de l’Union européenne, réalise une progression spectaculaire, passant de 9 à 26 sièges.
L’écart entre les deux formations n’excéderait pas 2 300 voix sur l’ensemble du pays. Les derniers bulletins restants — notamment ceux d’Amsterdam, des territoires caribéens (Bonaire, Saba, Saint-Eustache) et des électeurs à l’étranger — pourraient encore influencer légèrement le résultat final, attendu d’ici à la fin de la semaine.
Un nouveau visage pour La Haye ?
À 38 ans, Rob Jetten apparaît désormais en position favorable pour former le prochain gouvernement, dans un pays où les négociations de coalition durent souvent plusieurs mois. Ouvertement pro-européen, il incarne une génération de dirigeants acquis à la mondialisation, mais a durci sa ligne sur la question migratoire durant la campagne, cherchant à capter une partie de l’électorat préoccupé par la crise du logement et l’afflux de migrants.
Dans son discours de victoire, Jetten a salué « le choix du possible » et promis de bâtir dix nouvelles villes pour répondre à la pénurie immobilière. Il a également souligné sa volonté de « battre les populismes » et de « redonner confiance dans l’avenir européen des Pays-Bas ».
De son côté, Geert Wilders, 62 ans, a reconnu une déception relative, tout en promettant de poursuivre le combat :
« Les électeurs se sont exprimés. Nous espérions un autre résultat, mais nous sommes restés fidèles à nous-mêmes. »
Même affaibli, le chef du PVV reste incontournable sur l’échiquier politique. Mais aucun des grands partis traditionnels (D66, VVD, CDA) n’envisage à ce stade de former une coalition avec lui, jugeant ses positions trop radicales ou son style trop imprévisible.
Vers une longue bataille politique
Derrière ce duel, le VVD (libéraux de centre-droit, ancien parti de Mark Rutte) devrait obtenir 22 à 23 sièges, tandis que l’alliance Verts-Travaillistes (GroenLinks-PvdA) de Frans Timmermans s’effondre à 20 sièges, entraînant la démission immédiate de son chef de file, ancien commissaire européen au climat.
La participation s’établit à 78,4 %, légèrement supérieure à celle de 2023, avec un pic dans la province d’Utrecht (82,2 %) et un plancher à Flevoland (73,8 %).
Pour les observateurs européens, ce scrutin confirme à la fois la poussée durable des droites identitaires et le recentrage tactique des partis centristes, obligés d’intégrer les thèmes migratoires et sécuritaires pour ne pas être balayés.
Les semaines à venir diront si les Pays-Bas basculeront vers un compromis centriste ou s’ils confirmeront leur ancrage dans la vague populiste qui traverse l’Europe depuis plusieurs années.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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