Il y a des polémiques qui en disent plus long que les faits eux-mêmes. À Saint-Nazaire, un érable planté pour célébrer les 120 ans de la loi de 1905 a été déterré et remplacé par un sapin de Noël, accompagné d’un « Joyeux Noël ». Un geste anodin ? Une plaisanterie potache ? Une critique symbolique ? Peu importe, car la réaction municipale révèle quelque chose de beaucoup plus profond que l’incident lui-même : la transformation de la laïcité française en un dogme quasi religieux, susceptible de provoquer l’indignation sacrée de ses adeptes.
Le maire socialiste, David Samzun, a dénoncé un acte d’une « grande gravité », parlant d’une atteinte aux « valeurs fondatrices » de la République. Les mots sont pesés. On ne parle plus d’une incivilité ou d’un acte de vandalisme banal, mais d’une véritable profanation. Et c’est bien cela qui interpelle. La laïcité, censée garantir la neutralité de l’État, s’érige ici en religion d’État, avec ses symboles à protéger, ses clergés commémoratifs, ses arbres sacrés et ses hérésies à pourchasser.
L’érable n’est plus un simple végétal, mais un totem civique. Et le sapin, pourtant symbole traditionnel enraciné dans la culture européenne bien avant la République – symbole païen, chrétien et familier – devient soudain un acte de « subversion ».
La République comme foi civile
Depuis des années, la laïcité a glissé d’un principe juridique à une idéologie, une nouvelle religion même. Ce nouvel épisode le démontre avec une clarté redoutable : on ne « discute » plus la laïcité, on la célèbre on lui érige des monuments, on la défend avec passion, et l’on condamne ceux qui la contestent comme des ennemis.
Le vocabulaire du maire et de ses soutiens municipaux – « gravité », « atteinte », « violence symbolique » – n’a rien à envier aux réactions religieuses face au sacrilège.
Arracher un arbre n’est plus une dégradation. C’est un blasphème.
Planter un sapin de Noël, arbre familier des foyers français ? Une provocation quasi hérétique.
Le paradoxe est criant : ceux qui invoquent en permanence la neutralité et la tolérance la ressentent comme une agression dès qu’un symbole républicain est tourné en dérision.
Cette crispation trahit bien une chose : la laïcité n’est plus un cadre, mais une croyance. Pour certains élus, elle se vit comme une foi civile, avec ses commémorations, ses rituels scolaires et désormais ses « reliques végétales ».
Le sapin, symbole de ce que la République refuse
Le message implicite du sapin est limpide : rappel d’une tradition européenne, enracinée, populaire, symbole culturel pré-républicain, référence festive et familiale
Bref, tout ce que la République universaliste et abstraite a tenté de remplacer par sa morale laïque.
En déposant un sapin à la place d’un érable civique, l’auteur inconnu du geste n’a pas seulement fait une farce.
Il a exposé ce que beaucoup pensent tout bas : la laïcité est devenue une religion séculière, jalouse de ses symboles et incapable d’accepter qu’on les moque.
Car quand un pouvoir politique se pense détenteur d’une vérité morale supérieure, quand il sacralise ses valeurs, et qu’il condamne toute contestation comme une attaque « grave », on n’est plus dans la neutralité. On est dans l’orthodoxie.
Ce qui devait protéger la liberté devient un instrument d’inquisition symbolique.
À Saint-Nazaire, ce n’est pas l’arbre qui est en cause. C’est la réaction. Et elle montre une République qui n’assume plus d’être un cadre juridique, mais rêve d’être une religion de substitution.
Une religion sans Dieu, mais avec ses rites, ses symboles et ses indignations. Une religion qui ne supporte pas qu’on lui préfère un simple sapin de Noël.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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Une réponse à “Saint-Nazaire : quand la laïcité devient un dogme religieux et que le sapin de Noël devient un sacrilège”
S’agit-il d’une religion sans Dieu, ou d’un grand remplacement? Quant on voit les sapins, les crèches disparaitre. Les calvaires non remplacés. Et les menorah d’hanouka fleurir partout même par les instances européennes.