C’est la première grande victoire des bloqueurs. Alors que les partiels de lettres, sciences humaines et langues ont suivi tant bien que mal leur cours lundi et mardi – délocalisés à la Trocardière et sous haute surveillance policière, mercredi après-midi 150 étudiants ont bloqué la distribution des copies puis organisé un chahut. Dans un climat délétère, l’Université a jeté l’éponge et annulé toutes les épreuves pour jeudi, sauf celles de Sciences.
C’est par un très court communiqué en soirée que les étudiants ont été informés : « Compte tenu de l’impossibilité de tenir les examens dans le calme et la sécurité cet après-midi à La Trocardière, les examens se tenant demain sur les sites de la Halle XXL de la Beaujoire et du SUAPS sont reportés ». Le report a aussi été étendu au site de Launay Violette.
L’annonce étonnait dans la soirée des étudiants et en désemparait d’autres : « cela a déjà été assez difficile de récupérer les cours et d’arriver tant bien que mal de réviser. Si en plus c’est le bazar pour passer les partiels, ça ne va pas être possible », relève un étudiant en lettres.
L’ultra-gauche réagissait aussi à cette annonce : « Toutes les épreuves de demain sont annulées sauf celles de sciences ! Nous appelons donc à les soutenir dans le hall d’Alice Millat à 12h15 ». Une AG est prévue à 18h devant les amphis D et E du Tertre pour organiser la suite des blocages des partiels.
Elle affirmait aussi que deux de ses militants ont été arrêtés le 15 mai : « Mardi devant la Trocardière, deux personnes ont été embarquées et ont passé jusqu’à 30 heures en détention. L’une d’elle est poursuivie pour outrage sur un membre de la présidence et a été placée sous contrôle judiciaire, avec interdiction de pénétrer dans l’enceinte de l’université, jusqu’à son procès au mois de juin, une mesure complètement disproportionnée et inédite pour ce type d’infraction. L’autre a été arrêté alors qu’il s’en allait en voiture, klaxonnant au passage les étudiant-e-s pour manifester son soutien, un policier s’est alors jeté sur sa voiture pour l’interpeller, il est également convoqué au tribunal »
Des étudiants en sociologie – anonymement courageux – ont fait circuler une lettre collective qui appelle à perturber les partiels de vendredi. Si du moins ils ne sont pas reportés : « Nous, étudiants de L2 de Sociologie, appelons tous les étudiants des autres UFR, et notamment ceux passant leurs partiels en même temps que nous à la Beaujoire vendredi à 8h, à se mobiliser à nos côtés. Nous organisons une Assemblée Générale vers 7h15-7h30, en profitant du fait que la Présidence veut que l’on arrive 45 minutes avant le début de l’examen, afin de nous organiser pour une action conjointe avec vous tous. L’idée pour le moment serait d’imiter nos camarades de Licence 3 de Sociologie en empêchant les sujets et les copies d’être distribués »
Nantes étant une des seules universités qui a été très perturbée cette année – pour ainsi dire, les étudiants de lettres, langues et sciences humaines n’ont presque pas eu cours de tout le second semestre – il eût été étonnant que les partiels se déroulent comme un long fleuve tranquille. «D’autant que c’est la course à l’échalote entre bloqueurs – enfin entre emmerdeurs – de toutes les facs de France pour savoir qu’est-ce qui fera le mieux capoter les partiels », relève un étudiant de droit exaspéré. « Depuis que ceux de Nanterre, Paris VIII et Lyon II ont obtenu de les passer à la maison ou sur internet – des examens en chocolat quoi, tous les bloqueurs veulent y arriver. Ceux qui les laissent faire n’importe quoi sont irresponsables ».
Reste à savoir si les étudiants pourront passer tous leurs partiels – ou s’ils auront des examens en chocolat et un diplôme sans valeur par manque de volonté politique de mettre hors d’état de nuire les quelques dizaines de bloqueurs d’extrême-gauche qui imposent leur volonté aux milliers d’étudiants et aux institutions. Si Olivier Laboux, président de l’Université, est la cible préférée des militants d’extrême-gauche, pour bien des étudiants, ce sont ses atermoiements et ses reculades constantes qui ont permis aux bloqueurs d’en arriver à bloquer les partiels grâce à quelques chahuts.
Louis Moulin
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