Serge Dassault est sans doute mort au mauvais moment. Le 28 mai 2018, la classe politique et médiatique n’avait en effet qu’un seul nom en tête : celle de Mamoudou Gassama, cet immigré entré clandestinement en France (il n’a jamais fait de demande d’asile) et qui a fait preuve d’un grand courage samedi 26 mai pour sauver un enfant qui menaçait de tomber dans le vide, à Montreuil.
Invité par le président de la République en toute urgence, promis à l’acquisition de la nationalité française – et à une possible carrière de pompier à Paris – voici donc un nouvel « héros de la République » qui tombe à pic, alors que la population française semble jour après jour de plus en plus réticente au phénomène d’immigration incontrôlée que connait le pays.
Cette affaire donne l’occasion de se pencher sur le cas de tous ces citoyens qui ont sauvé des vies, ne serait-ce qu’en 2018, et qui n’ont pas eu les honneurs et la mobilisation générale de la caste politique et médiatique. Des citoyens « de seconde zone » en quelque sorte, dans une République que seul « l’autre » – c’est à dire tout sauf le « mâle blanc » – semble désormais intéresser.
Ainsi, le 21 mai dernier, en Bretagne, un homme a pris tous les risques au volant pour aller sauver sa compagne, qui avait commencé à se donner la mort, à côté de Callac, en Bretagne. Son intervention ainsi que celle des gendarmes qui l’avaient arrêté pour excès de vitesse ont sauvé la vie de la jeune femme. Hormis quelques mots dans la presse locale, pas de réception du couple prévue à l’Élysée.
À Fougères, en mars, un homme a sauvé une fillette de 3 ans qui tombait d’une fenêtre. Là encore, hormis la presse locale, cette histoire n’a pas suscité l’émotion ni d’Anne Hidalgo ni de Ian Brossat.
Pas une légion d’honneur non plus, pour cet homme qui sauva, en janvier, l’homme qui voulait voler la voiture de son frère. Rien non plus sur cet homme qui, grâce à un massage cardiaque et à l’application Staying Alive, a sauvé une vie à Agen.
Cet enfant de 5 ans qui a eu le réflexe d’appeler la gendarmerie pour sauver son père, victime d’un coma diabétique le 13 mai, dans l’Orne, n’aura sans doute pas non plus de service civique attitré à sa majorité, au sein des pompiers de Paris. Tout comme cet adolescent de 13 ans, qui, dimanche 8 avril, a sauvé grâce à des points de compression un adolescent de 15 ans agressé et poignardé par une bande à Dunkerque, dans le Nord.
Dans l’Aveyron, un homme a risqué sa vie pour sauver un bébé de la noyade, en début d’année.
Sans que François Molins, procureur de la République de Paris, ne le félicite comme cela a été le cas pour Mamoudou Gassama au micro d’une Ruth Elkrief presque en transe à ce sujet.
À Fourtou dans l’Aude, ce garçon qui a lui aussi risqué sa vie pour sauver sa grand-mère des flammes cette année, n’a pas suscité plus qu’un article dans la presse locale.
Certains sur les réseaux sociaux, se sont interrogés à savoir pourquoi le jeune Marin, tabassé et laissé pour mort en 2016 alors qu’il défendait un couple importuné par un repris de justice qui se scandalisait d’un baiser, n’a jamais lui non plus reçu les sentiments de la classe politique et médiatique française. Cela alors même qu’il a désormais un handicap lourd et que le procès de son agresseur se tenait en cette année 2018.
Mais à cette interrogation, la multitude de ces faits, courageux, héroïques, survenus ne serait-ce que sur cette année 2018 partout en France, prouvent que sciemment, le geste de Mamoudou Gassama est exploité en plus haut lieu.
Exploité comme le fût le décès du petit Aylan il y a quelques temps, à une fin et une seule : imposer l’immigration et l’acceptation que des migrants peuvent venir sur le territoire de manière illimitée, sans consultation de la population accueillante et qu’ils seraient tous des « chances pour la France » pour reprendre le communiqué du maire de Montreuil du lundi 28 mai.
Les nombreuses affaires (viols, meurtres, agressions) mettant en cause des migrants en Europe de l’Ouest depuis la « crise migratoire » qui s’est déclenchée il y a quelques années déjà pourraient pourtant amener à tirer d’autres conclusions, diamétralement opposées.
Mais dans une société devenue hystérique, réagissant uniquement à l’émotion et plus à la raison, une société où les réseaux sociaux (de plus en plus contrôlés et censurés) empêchent de prendre de recul, d’analyser de manière globale, dans une société contrôlée par la presse dominante et ses riches patrons, dans une société verrouillée avec autoritarisme par une petite caste médiatique et politique intéressée, un Mamoudou Gassama vaut généralité tandis qu’un Mohamed Lahouaiej-Bouhlel ne vaut pas d’amalgame.
« L’Esprit républicain » sans doute …
Yann Vallerie
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