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Gilets jaunes et Bonnets rouges : en Bretagne le vent de la fronde se lève aussi

Comme dans le reste de la France où plusieurs centaines de milliers de gilets jaunes ont manifesté ce 17 novembre – 300 000 selon le ministère de l’Intérieur (qui ne cesse de réévaluer les chiffres) – à plus de 500.000 selon l’opposition de droite parlementaire – la Bretagne s’est elle aussi laissée gagner par une fronde qui tire sa force d’un ras-le-bol social beaucoup plus vaste que la seule question du prix des carburants. Nous étions sur le terrain aux côtés des manifestants, notamment porte d’Armor à l’entrée de Nantes.

Dès cinq heures du matin, des Gilets Jaunes étaient réunis en petit nombre à la Beaujoire. Mais c’est dans le Nord, l’Est et les Cévennes que les actions ont démarré le plus tôt ainsi qu’en Belgique où raffineries et dépôts de carburant sont bloqués depuis la veille. En Loire-Atlantique, la mobilisation a été très forte en Brière dont les habitants ont convergé vers Guérande – plusieurs centaines de personnes – Pontchâteau (jusqu’à 800 personnes selon les organisateurs), Herbignac (Leclerc), Guérande (rond-point de Villejames) ou encore Saint-Nazaire où la RN171 était bloquée à Trignac.


A Nantes, plus de 150 personnes étaient en place porte d’Armor vers 11 heures, et près d’une centaine porte de Rezé près du McDo. Les accès à Atlantis étaient fermés aussi porte de Saint-Herblain et du côté de la station service. Dans la matinée, les taxis ont bloqué l’aéroport (Porte de Grandlieu), d’autres gilets jaunes la porte des Sorinières, la porte d’Anjou, l’accès au centre commercial de Basse-Goulaine, la porte de Sautron…

Des blocages ont aussi eu lieu à Blain (Leclerc), Nozay (RN171 côté Châteaubriant), Saint-Philbert-de-Grandlieu, Pornic, Sainte-Pazanne, Ancenis (zone commerciale et opération péage gratuit), Savenay (la Colleraye) ainsi que dans les Mauges aux abords de Cholet. A chaque fois, les blocages réunissaient plusieurs dizaines de personnes, voire plusieurs centaines comme à Vallet.


La motivation des bloqueurs était généralement de filtrer, donc ralentir le trafic, et d’empêcher l’accès aux zones commerciales pour stopper la consommation, donc les rentrées d’impôts. Mission réussie : nombre de supermarchés ont du baisser le rideau ou attendre en vain le consommateur. En revanche l’action des Gilets Jaunes a profité au centre-ville nantais : les commerçants de la Petite-Hollande, ceux du moins qui ont réussi à venir, ont bien travaillé, et la braderie des archives de Loire-Atlantique a été prise d’assaut, avec une queue qui allait jusqu’à la rue Paul Bellamy à l’ouverture vers onze heures.

A partir de 13 heures, une opération escargot sur le périphérique de Nantes a conduit à son blocage total, qui se poursuit encore à 17h30. Il est à remarquer que le caractère apolitique du rassemblement a été respecté de tous, sauf de l’extrême-gauche qui a tenté une récupération, notamment en affichant une banderole sur le périphérique. Porte d’Armor vers midi, une quinzaine de zadistes habillés en noir, par l’odeur des saucisses alléchés, ont aussi tenté de se mêler au rassemblement.

De nombreux blocages ont aussi eu lieu aux abords des autres grandes villes bretonnes, notamment Vannes, Rennes, Saint-Brieuc ou Brest, ainsi que des noeuds routiers importants comme Redon.

Ci-dessous, photos prises à Langueux :

Partout, de Nantes à Brest, bonnets rouges, drapeaux bretons et Ramoneurs de Menhirs étaient de sortie, même si la colère dépassait largement le socle de la révolte contre l’écotaxe de 2013, etc ce malgré un bilan sur l’ensemble du pays endeuillé par la mort d’une manifestante en Savoie, 106 blessés – des voitures ont tenté de forcer le passage un peu partout, y compris au Cardo et à la Beaujoire dans la matinée – et une vingtaine d’interpellations. Ci-dessous, des photos prises à Quimperlé.

« Assez de taxes, assez de nous prendre pour des cons »

Porte d’Armor, des jeunes motards des Fous du Guidon 44 transportent des barrières de chantier, installent des canapés sur le rond-pint. Michel et Jacky en ont assez : « assez des taxes surtout, assez qu’on nous prenne pour des cons ». Ils sont déterminés : « l’objectif, c’est d’empêcher la consommation. Pas de consommation, pas d’impôts qui rentrent. Et si Macron n’a pas compris, on continue cette nuit, on continue dimanche, on continue lundi – cette fois avec les routiers et les agriculteurs ».

Un autre est lui aussi énervé. « Nous on se bat pour nous, mais aussi nos parents et nos enfants. Les services publics ferment – on se demande pourquoi on paie – on est en train de crever la dalle et la France s’endette, pendant ce temps Macron et compagnie s’en mettent plein les fouilles ; qu’ils dégagent tous ! ».

Le ravitaillement s’organise près d’un barbecue improvisé. Gillou, retraité du BTP, en a « contre Macron, les taxes, la totale. Y a des petits branleurs des cités qui ont essayé de mettre du bazar ce matin, on les a virés. Notre mouvement est pacifique, mais si on continue avec Macron ça ne va pas faire du tout ». Un autre manifestant en a « marre des taxes, mais aussi des fausses priorités. On prend de l’argent au peuple, pour aider les riches et les migrants. Quand on voit tous les faits divers avec les migrants maintenant à Nantes, à Rennes, ça craint, y en a assez. L’État subventionne la délinquance et ceux qui s’en mettent plein les fouilles puis délocalisent ».

Une manifestante en est à sa première manifestation : « Y en a assez de la baisse du pouvoir d’achat, de la hausse des impôts, du carburant. Y en a marre de nous prendre pour des cons. Eux, les ministres, ils n’oublient pas de s’augmenter et de nous dire qu’il faut que nous fassions des efforts ». Des solidarités se sont tissées : à Guérande, un agriculteur a amené une remorque de pneus. A la Beaujoire, un particulier a ramené brioche et cafés tôt ce matin, tous unis par le ras-le-bol général. « En France, l’écologie c’est de la taxe, y en a marre », commente un manifestant qui a ramené des vivres dans un blocage à Pontchâteau.

Olivier, ouvrier à Châteaubriant : « Aujourd’hui on ne vit pas, on survit »

Olivier est ouvrier à Châteaubriant. « Ce matin, y avait rien donc je suis venu à cinq heures du matin à la Beaujoire, je repars tout à l’heure embaucher à 14 heures ». Aujourd’hui, « pas de consommation, pas dans leurs magasins pourris, la vie est assez chère et ils nous dépouillent. Tout augmente, l’essence, les clopes, la viande, l’alcool, l’impôt à la source. Faut virer le Macron, la tête de c.. J’ai 874 € par mois et c’est le roi Macron qui en gagne des milliers qui va nous donner des leçons d’économie, non mais ça va ! ».

« Aujourd’hui on ne vit pas, on survit », poursuit-il. « Et on a un gouvernement qui ne sert à rien, Édouard Philippe n’est qu’un pion, comme les autres. C’est pour ça que Collomb et Hulot sont partis. Nous on veut un remaniement mais cette fois voulu par le peuple, pas par le jeu politique. La politique de Mélenchon, le Pen ou autre on s’en balance. On veut un gouvernement qui gère dans l’intérêt des français et qui nous donne plus de pouvoir d’achat. La, Macron est le roi et se f… de notre gueule ».

« Macron gouverne pour ses copains et sa presse essaie de nous faire peur »

Un autre ouvrier, de Bouguenais, est lapidaire : « Macron est de la haute et gouverne pour ses copains. Nous on ne compte pour rien. J’ai un ras-le-bol total. Ils ont essayé de censurer nos pages sur Facebook [l’événement national a été fermé, Facebook a plaidé l’erreur], sa presse a essayé de nous faire peur. Là, on a une manifestante qui est morte [en Savoie] parce qu’un automobiliste est passé en force, l’info, c’est pas le ras-le-bol des gilets jaunes ni même le chauffard, c’est la mort de la manifestante pour nous culpabiliser, c’est n’importe quoi. Certains médias qui font de la propagande devraient s’interroger… ».

Louis-Benoît Greffe

Crédit photos : Breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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