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God Save the Queen et nous avec…

Ce dimanche 5 avril 2020 à 21h, la reine Élisabeth II depuis le château de Windsor s’est adressée aux Britanniques. Une allocution historique, la quatrième depuis le début de son règne il y a soixante-huit ans. Cette prise de parole témoigne de la gravité de la crise traversée.

 A la veille de débuter notre quatrième semaine de confinement, j’entends l’annonce de cette communication. Mon esprit vagabonde : un discours de la reine, quel évènement ! Petite fille, je revois ma mère parlant de cette reine avec beaucoup de respect.  Sans doute une manifestation de son admiration, je suis née la même année que la princesse Anne, je porte le même prénom. J’ai souvent entendu louer le courage manifesté par cette femme auprès de son peuple durant la dernière guerre.

Bien sûr, je ne suis pas anglaise mais à cet instant- là, je me dis  ce qui peut être bon pour son peuple peut l’être aussi au-delà du Channel. Je me promets alors de l’écouter, enfin plus précisément d’en écouter la traduction simultanée. En effet, la simple confiance de ma mère en cette reine me semble à prendre en compte. De plus, il ne me parait pas avoir grand-chose à redouter d’une dame aussi âgée. Il faut bien le reconnaître, elle a marqué son règne par l’autodiscipline, la rigueur mais aussi l’empathie avec son peuple. Malgré les turbulences de l’histoire le peuple anglais ne doute pas que sa reine place son devoir au-dessus de tout.

Une certitude, dans l’adversité, le bateau a besoin d’un capitaine qui sache mener tout l’équipage à bon port. Dans la situation actuelle, sa crédibilité lui donne une position très enviable. Les anglais lui reconnaissent l’autorité morale, lui accordent leur confiance. Sa fonction n’est pas de gouverner mais elle incarne la voix de la raison. Ses recommandations de bonnes règles de vie, de discipline, d’entraide, de courage sont alors audibles par tout un chacun. L’effet est réel, l’impact concret et aux quatre coins du pays, du plus humble au plus nanti, chacun se sent porté par ce message d’humanité collective.

La reine ne laisse rien au hasard. Souvent source d’étonnement voire d’amusement affectueux, nul n’ignore aujourd’hui que chacune de ses tenues est un message adressé à la foule. Dimanche soir, le vert de sa robe se veut délibérément printanier et vivifiant. Son regard droit, sa coiffure et son maintien impeccable appuyant, s’il le faut, son propos de résistance et sa volonté de ne pas plier. Je le sais bien, on ne refait pas l’histoire, mais je ne suis pas loin de penser que pouvoir s’appuyer sur un tel roc serait d’un précieux soutien pour nous tous, des plus hauts responsables jusqu’au dernier des gilets jaunes. Nous, français qui voulons tant être aimés à défaut d’être aimables, mais aussi guidés par une main de fer dans un gant de velours.

C’est pour cela, qu’au-delà du fait d’être anglaise ou française, en écoutant la reine remercier le personnel soignant, je me sentais concernée. Impossible d’être indifférente à l’évocation de la « douleur » et des « difficultés financières » causées par cette crise et comment ne pas qualifier cette période de « perturbée ». Comment ne pas se tenir droit quand elle affirme : « j’espère que dans les années à venir, tout le monde pourra être fier de la manière dont nous avons relevé ce défi. » Prononcé de l’autre côté de la Manche, par une reine de 93 ans, ce discours réveille en nous ce qu’il y a de plus noble.

Juste avant de trouver le sommeil, alors que je luttais contre des  impressions, des inquiétudes sournoises, une scène s’impose, les images sont précises. C’est un lundi matin, j’ai juste huit ans, je porte une blouse à petits carreaux vert et blanc. Au tableau noir, la phrase de morale qu’il faut recopier impeccablement sur le cahier du jour. J’ai les doigts engourdis, le porte-plume à portée de main et l’encrier plein à ras bord de cette encre violette qui ne demande qu’à couler. Mon buvard, rêche, ne me sera d’aucun secours, il est du style à écraser la tache plutôt qu’à l’absorber. La phrase se détache, avec ses pleins et ses déliés que je me sens bien impuissante à recopier impeccablement :

C’est le devoir qui crée le droit et non le droit qui crée le devoir. (François-René de Chateaubriand)

Anne MESDON

Crédit photo : Capture d’écran Youtube
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