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Pénuries organisées : après la moutarde, l’huile d’olive et le lait ?

S’il est assez difficile de trouver actuellement de la moutarde de Dijon ou d’Orléans en France – mais que les touristes français rentrant d’Italie ont eu la surprise de découvrir des pots Amora plein les rayons des supermarchés locaux, on trouve, difficilement il est vrai, mais pas beaucoup plus cher qu’avant la crise, de la moutarde de Dijon bio (direct producteur), voire de la moutarde russe forte mise en boîte en Allemagne.

Les restaurateurs, eux, gardent précieusement les maigres réserves pour les sauces et les vinaigrettes – « nous avons un seau de 10 litres pour faire la saison », confie un serveur d’une affaire sur la côte. « Donc plus de moutarde sur les tables, sauf sur demande, et encore. Et on y va avec parcimonie, faut tenir jusqu’en septembre ».

D’autres restaurants ne craignent pas la pénurie ; « gouverner, c’est prévoir », balaie un restaurateur du centre-ville. « J’ai de la viande, bon, elle a augmenté certes, j’ai du poisson, je vais le chercher au marché de Talensac, et j’ai de la moutarde, aucun problème, mes fournisseurs m’en mettent de côté au fur et à mesure ». Du coup, c’est une des rares affaires de Nantes où il y en a toujours sur les tables, à disposition des clients.

En France et en Italie, la production d’huile d’olive prévue en nette baisse

Du côté des pénuries qui commencent à être annoncées – et qui vont être aussi prétextes à de nettes hausses de prix, l’huile d’olive, dont la production devrait être moindre de 30% à la moyenne en Italie, à cause de la sécheresse (qui impacte aussi la production céréalière, le riz, l’élevage) et de 30 à 50% inférieure à la moyenne en Provence, à cause du coup de gel cet hiver et du déficit pluviométrique depuis – dans certains terroirs, il est tombé à peine un quart des précipitations habituelles, et les nappes ne se sont pas rechargées non plus. Les olives sont donc petites, sèches… et produiront moins d’huile. L’Espagne, autre grand producteur, connaît elle aussi une sécheresse historique.

Le prix des bouteilles a déjà commencé à grimper – au Royaume-Uni chez Tesco le litre est passé de 2.85 à 7.05 livres en quatre semaines. Et en France, l’étude A3 Distrib des éditions Dauvers, publiée mi-juillet, montre des augmentations de 25% de l’huile d’olive Puget qui est maintenant vendue 9.23€.

Adieu lait, œufs, viande, beurre, fromage ?

L’interprofession laitière prévient, par la voix de Benoît Rouyer, directeur économique du centre national interprofessionnel de l’économie laitière, de nouvelles hausses sur les produits laitiers, qui ont déjà augmenté de 4.5% depuis juin 2021 sur les yaourts et le lait demi-écrémé en briques, et de 9.8% pour le beurre.

Or, la sécheresse pèse là encore – les éleveurs attaquent les stocks de fourrage pour l’hiver, la production de maïs et d’herbe est prévue en nette baisse et le prix des aliments a explosé (+26% en un an). Certains éleveurs, en Espagne ou en France, réduisent leur cheptel pour limiter la casse, ce qui va se traduire par une diminution de la production de lait, donc de beurre, crème, fromages etc.

S’ajoute à cela un bras de fer sur le prix du lait, passé de 390 € les 1000 litres en 2021 à 421 euros en mai 2022 – mais cette hausse ne couvre pas celle des prix de production, selon les agriculteurs, qui demandent aux distributeurs un alignement sur les prix consentis ailleurs en Europe (480 euros en Allemagne, 500 en Belgique, 540 aux Pays-Bas). Ces derniers font pour l’instant la sourde oreille – au prétexte commode de « maintenir le pouvoir d’achat » des consommateurs, quant aux agriculteurs, ils commencent à envisager des actions fortes pour parvenir au juste prix pour leur labeur.

Louis Moulin

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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12 réponses à “Pénuries organisées : après la moutarde, l’huile d’olive et le lait ?”

  1. ubersender dit :

    Comme nous l’avons déjà dit et écrit, la recette est relativement simple ; orchestrée à partir de la règle “ce qui est rare est cher”, la pénurie organisée a pour seul but l’augmentation acceptée du nouveau prix de distribution (rétro-spéculation : le terme nouveau est de nous, merci de nous référencer en cas de réutilisation). En cas de pénurie annoncée à grand renfort de bandes-annonces média, le consommateur se précipite sur le produit cible ; les rayons se vident ; l’inquiétude monte, et, avec elle, les prix ; ceux-ci atteignent un plafond préalablement défini ; puis le réapprovisionnement revient progressivement, au nouveau tarif (vous pourrez vérifier avec la “pénurie” d’huile), et le consommateur apaisé est heureux de payer l’objet de son angoisse 30 à 50 % plus cher … pourvu qu’il en trouve ! Un ami nous confiait récemment avoir trouvé du gas-oil “bon marché” …. à 1,80 € le litre ! Dans quel sens voulez-vous qu’on vous la refasse ?

  2. O.S.A dit :

    La grande blague étant, que la France est LE pays d’Europe qui produit 7 fois plus d’huile de tournesol qu’elle n’en consomme !
    -Idem pour la moutarde.
    -Idem pour le lait, on en produit tellement encore aujourd’hui qu’on est obligés de le transformer pour le conserver.

    Pour un peu nos corrompus nous feront croire que l’Ukraine produisait absolument tout, l’huile de tournesol, la moutarde de Dijon, le lait et même les très célèbres oliveraies Ukrainiennes ^^

    Pendant ce temps là tous mes amis résidant dans des pays d’europe de l’est prennent un malin plaisir à m’envoyer les photos de leurs rayons bourrés de ces produits, qui n’ont subi aucune augmentation.
    Moutarde de dijon à gogo, huiles à gogo etc…

    Pour l’huile d’olive là on se fout de nous ouvertement, comme si notre huile d’olive venait uniquement d’espagne, que ce n’était pas l’époque de la mondialisation et ses marchés mondiaux1…

    PS : Je trouve assez facilement de la moutarde MAIS de la moutarde “made in Pologne” c’est à mourir de rire ^^

    • Giverdon dit :

      Vous avez tellement raison c’est dingue de voir autant de paresseux made in France .
      Je suis français de souche et je me désole de voir notre décadence.
      Aucune manifestation contre les grandes magouilles de la distribution alimentaire.
      Quasi aucune manifestation pour les retraites,la santé, la liberté dans tous les sens.
      La mafia, la vraie est au pouvoir c’est une réalité en 2022.
      Il n’y a pas de fumée sans feu, toutes ces mises en cause des politiques dans le groupe politique de Macron et quasiment pas un françaisqui bouge.
      Mon père c’est battu par amour pour ce pays il doit être fou la où il est.

      • Gratplanêth dit :

        Pour certains produits il est clair que la guerre a bon dos ,par contre pour le lait ,la viande ,les volailles et dérivés,il faut vraiment être un urbain hors sol ,pour ne pas se rendre compte à quel point la sécheresse actuelle va impacter les rayons des super marchés dans pas longtemps….

      • JClaude dit :

        Effectivement je me posais la même question pendant le Covid voyant tous mes amis, familles et voisins courrir ” à l’abattoir ” notamment les vieux de mon âge sans se poser de questions sur la qualité de ces vax à l’autorisation de mise sur le marché conditionnelle. Pour ceux de mon âge c’était soit par peur face au discours officiel, soit pour ” s’acheter” une liberté : à quoi ont servi le sacrifice des poilus en ’14, celui de la Bataille de France (150.000 morts) et des résistants en ’40 ?

      • SCHWEITZER dit :

        Personne se rappelle de la pénurie de sucre des années 70… De Gaulle avait comparé les français à des veaux les années lui donnent raison. Les dirigeants de la France se trouvent à la Défense en haut des tours, en ce moment ils patientent et vont lâcher tous les produits en péniries avec une grosse augmentation Le pouvoir n’est pas à l’Élysée et encore moins chez nos députés. La world compagnie rigole.

    • O.S.A dit :

      Gratplanêth
      Je ne suis pas du tout un urbain, si vous saviez …

      D’accord sur vous propos portant sur les conséquences de ce que nous vivons actuellement MAAIS pas du tout d’accord pour dire que ce que nous vivons actuellement y est lié pour ce qui est du tournesol, de la moutarde etc..)

      Mon propos portait sur les produits issus des récoltes de l’année précédente.
      Dans ce cadre, les augmentations sont bidons, les récoltes 2022 n’ont pas encore été faites.

      Pour ce qui est des produits d’élevage, là il existe plusieurs facteurs et pass uniquement la sécheresse .
      L’espagne qui récolte son bétail mort au sol actuellement paye le prix de certaines expériences pharmaceutiques, même si ce n’est pas le seul facteur il n’y a aucune raison d’écarter ce facteur.

      Il ne suffit pas de changer les codes couleurs des bulletins météo pour que tout devienne réalité.
      En 2015 les codes couleur de 30°C étaient en orange, désormais ils sont en rouge moiré …sic

  3. Lairy dit :

    Fabriquez du beurre à partir de lait que vous n’avez pas, et vous verrez si c’est une pénurie organisée.
    En Allemagne, le prix du lait payé aux producteurs flirte avec les 600€, en Belgique il les a dépassé.
    Les consommations n’auraient ils pas eu l’habitude de remplir leurs assiettes à pas cher au point d’en oublier de valoriser le travail de ceux qui les nourrissent ?

    • Giverdon dit :

      Cela fait des années que le lait est stocké en poudre à cause de la surproduction c’est connu depuis bien longtemps.

  4. Isabeilles dit :

    Se souvenir de la pénurie de sucre dans les années 70 (il me semble). cela a été très rentable pour certains !

  5. Gaëtan dit :

    cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus de stocks de poudre de lait. renseignez vous un peu mieux !

  6. Jean Bidel dit :

    Nombreux témoignages sur les réseaux sociaux – avec photos des rayonnages à l’appui – sur la présence de moutarde dans tous les pays frontaliers de la France , même en Roumanie ( ! ) et en Suède .
    Un témoignage édifiant avec vidéo à l’appui ( pour préserver l’anonymat on ne voit que les pieds et le transpalette du contributeur ) sur un entrepôt en France , bourré à craquer de palettes de pots de moutarde entassées les unes sur les autres , et ce commentaire en accompagnement : nous avons interdiction de laisser une palette sortir !

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