La question de la pollution de l’eau du robinet est une source récurrente de préoccupation en France. En septembre 2022, le quotidien Le Monde révélait des données inquiétantes collectées auprès des agences régionales de santé (ARS) concernant la qualité des eaux potables distribuées en France.
Des données qui indiquaient qu’en 2021, environ 12 millions d’habitants de l’Hexagone se seraient vus distribuer régulièrement ou épisodiquement une eau du robinet n’étant pas en conformité avec les normes de qualité en vigueur. En proportion, cela aurait représenté environ 20 % des Français.
Ces inquiétudes concernant la qualité de l’eau touchent aussi la Bretagne : au mois de mai 2022, l’association Eau et Rivières de Bretagne tentait d’alerter une nouvelle fois les pouvoirs publics sur le sujet en lançant une pétition en ligne.
Deux ans plus tard, le sujet est toujours d’actualité. Selon un article publié par le magazine 60 Millions de consommateurs le 16 octobre dernier, « la pollution de l’eau du robinet serait très sous-estimée en France ».
Pour dresser un tel constat, la publication s’appuie sur un rapport émis le 15 octobre par l’association Générations Futures. Cette dernière s’est plus particulièrement intéressée à la présence des métabolites dans l’eau potable. Il s’agit de produits de dégradation des substances actives pesticides dans l’environnement.
Dans un Hexagone où « près des deux tiers des volumes prélevés pour l’eau potable sont issus de captages souterrains », la surveillance de la qualité de l’eau du robinet serait « très insuffisante ». Générations Futures explique que « 71 % [de ces] métabolites de pesticides à risque pour l’eau potable n’ont fait l’objet d’aucun suivi dans les eaux souterraines ou l’eau potable ».
En travaillant à partir des données compilées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans le cadre des dossiers d’évaluation des produits avant leur mise sur le marché, l’association a évalué à 56 le nombre de métabolites n’ayant fait l’objet d’aucun suivi dans les eaux souterraines et dans l’eau potable. Alors que ces métabolites sont susceptibles « de dépasser parfois largement la norme de 0,1 µg/l pour l’eau potable », précise 60 Millions de consommateurs.
Sur ces 56, 12 seraient « particulièrement à risque, notamment huit d’entre eux issus de substances actives cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR) ou perturbatrices du système endocrinien ».
Quelles sont les raisons potentielles de ce manque de suivi ? Générations Futures a évoqué plusieurs causes. À commencer par le « manque de pertinence » de la méthodologie utilisée pour sélectionner les métabolites. Mais les « lacunes » en matière de communication entre les services de l’Anses, de la Direction générale de la santé et des Agences régionales de santé seraient aussi à pointer du doigt. Enfin, certains industriels refuseraient de mettre à disposition les étalons analytiques pour de nombreux métabolites.
Rappelons cependant que la qualité des eaux en bouteille peut aussi laisser à désirer, comme en a encore témoigné le récent scandale dévoilé au printemps 2024 concernant la qualité des eaux minérales naturelles commercialisées par le groupe Nestlé, ce dernier étant suspecté d’avoir utilisé des traitements illicites de purification de ses eaux minérales naturelles.
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Une réponse à “Santé. L’eau du robinet, beaucoup plus polluée en réalité ?”
Moralité : Buvez du vin.