Andrej Poglajen est député national en Slovénie du SDS, le principal parti national-conservateur du pays, présidé par l’ancien Premier ministre Janez Janša. À seulement 27 ans, il incarne une jeune génération enracinée, fidèle aux valeurs chrétiennes et patriotiques de la droite slovène. Interrogé par Lionel Baland pour Breizh-info, il revient sur son engagement politique précoce, sur les chances de retour au pouvoir du SDS en 2026, et dénonce sévèrement la politique du gouvernement actuel, qu’il accuse d’hostilité envers Israël et de dérives néo-socialistes. Il évoque également l’héritage communiste toujours vivant dans une partie de la société slovène, l’immigration illégale, ainsi que les relations complexes avec la Russie ou le positionnement du SDS au sein du Parlement européen.
Breizh-info : Avez-vous appartenu, avant de rejoindre le SDS, à un autre parti politique ?
Andrej Poglajen : Je n’ai été membre que d’une seule formation politique au cours de mon existence. En effet, j’ai rejoint le SDS à l’âge de 15 ans. J’ai d’abord été membre de l’organisation de jeunesse du parti, puis j’ai été élu conseiller municipal à 18 ans. J’ai commencé ensuite ma carrière en politique.
Breizh-info : De quelle partie de la Slovénie êtes-vous originaire ?
Andrej Poglajen : Je viens de la ville d’Idrija, qui est connue pour abriter la deuxième plus grande mine de mercure au monde et qui est reconnue par l’UNESCO pour son patrimoine minier et son art de la dentelle.
Breizh-info : Le SDS siège en ce moment dans l’opposition. Pensez-vous qu’il gagnera les prochaines élections législatives et qu’il reviendra au pouvoir ?
Andrej Poglajen : Oui, le prochain scrutin aura lieu en mars ou en avril 2026. Nous sommes donnés premiers dans les sondages. Le président de notre parti, Janez Janša, est présent en politique depuis que le pays a vu le jour en 1990 et a été un des fondateurs de celui-ci. Il a été ministre de la Défense pendant la guerre d’indépendance.
Le SDS est un parti qui a apporté énormément à la population et nous sommes très optimistes pour les prochaines élections. Les sondages indiquent une tendance positive et nous recevons de plus en plus de soutien de la part de la population. Nous sommes donnés devant le parti Gibanje Svoboda du Premier ministre Robert Golob et je pense que les gens en ont assez de ce gouvernement antisémite et néo-socialiste qui dirige le pays.
Breizh-info : En quoi les membres du gouvernement sont-ils antisémites ?
Andrej Poglajen : Vous pouvez voir les mesures qu’ils ont adoptées contre Israël, y compris celles qui vont à l’encontre des intérêts de la Slovénie. Ils parlent constamment de l’État d’Israël, de l’État juif, et je pense que c’est un signe clair du fait qu’ils ont hérité des idées totalitaires et antisémites du régime communiste précédent. Cela constitue un énorme problème et nous espérons que, en mars prochain, nous pourrons changer la donne, surtout à propos de l’embargo sur les armes. Israël a toujours été un grand ami de la Slovénie. Même en 1991, lors notre guerre pour l’indépendance, ils nous ont soutenus. Israël a été un des premiers États à reconnaître la Slovénie indépendante et a toujours été un grand ami de la Slovénie.
Breizh-info : Mais lors du scrutin législatif de 2018, le SDS n’a pas perdu l’élection. Le problème a résidé dans les partis centraux. Il n’était pas possible pour le SDS de faire une alliance avec ces formations politiques à ce moment-là. Est-ce que vous pensez que, la prochaine fois, vous aurez des alliés pour aller au pouvoir ?
Andrej Poglajen : Le SDS avait gagné les élections en 2018, mais nous n’avions pas pu former un gouvernement et, bien sûr, cela a constitué un problème. Cette situation montre que, parfois, la volonté exprimée par le peuple dans les urnes ne conduit pas à l’avènement du Premier ministre correspondant.
C’est malheureux. Ce sont les charmes de la démocratie. Mais concernant les autres partis, je dis toujours que chaque formation politique doit réaliser son propre résultat. Nous avons nos alliés en Slovénie, bien sûr, et nous disposons toujours d’une bonne coopération avec eux, mais notre travail est d’obtenir un bon résultat pour le SDS, d’emporter autant de sièges au Parlement que possible et d’avoir un bon pourcentage lors du scrutin. Et d’autres partis doivent faire la même chose. C’est comme cela que les élections peuvent être gagnées. Nous ne pouvons pas sacrifier notre propre position pour que d’autres l’obtiennent pour ensuite mettre en place une coopération avec eux. La politique ne fonctionne pas ainsi.
Breizh-info : Et quelle est la position de votre parti sur l’immigration ?
Andrej Poglajen : Notre parti a toujours été fortement opposé à l’immigration. Nous avons aussi attiré l’attention sur la situation à la frontière entre la Slovénie et la Croatie quand la crise de l’immigration a débuté en 2015-2016.
Et, bien sûr, nous avons toujours dit que les lois de la Slovénie permettent d’entrer légalement dans le pays. Si un individu veut venir, il peut le faire par cette voie. Beaucoup d’emplois en Slovénie ne sont pas pourvus. En revanche, si quelqu’un entre illégalement dans le pays, il n’a que deux droits : être arrêté ou être déporté.
Breizh-info : Au Parlement européen, le SDS siège au sein du groupe du Parti populaire européen (PPE). Mais vous êtes peut-être plus proches des Conservateurs et réformistes européens (ECR) ou d’autres groupes patriotiques ?
Andrej Poglajen : Le PPE s’éloigne des valeurs démocrates-chrétiennes. Des opportunités existent de voir le PPE et les groupes réunissant des partis patriotiques former un bloc au sein du Parlement européen. Malheureusement, le PPE, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du groupe PPE au Parlement européen et du parti éponyme Manfred Weber n’ont pas décidé cela. Ils ont leurs propres raisons. Mais, cela est étrange car ce parti a établi les fondements de l’Union européenne avec Robert Schumann, Konrad Adenauer et d’autres personnes qui étaient des personnalités fortes de cette tendance idéologique. Mais, bien sûr, cela constitue un problème. En ce moment, le PPE n’est pas ce qu’il doit être et les conséquences de cela se voient dans les résultats électoraux, mais aussi dans le fait que l’administration de Donald Trump n’accorde pas beaucoup d’attention à Ursula von der Leyen, mais bien au Premier ministre italien Giorgia Meloni. Presque personne n’évoque la Commission européenne et sa présidente. Nous espérons que le PPE trouvera son chemin afin de retourner vers les valeurs de droite conservatrice.
Breizh-info : Et en Slovénie, où sont les gens qui étaient communistes auparavant ? Dans quel parti sont-ils ?
Andrej Poglajen : La transition slovène est une histoire spéciale, parce que certains individus étaient communistes et sont, du jour au lendemain, devenus les plus grands capitalistes. Partout dans le monde, ils étaient communistes juste parce qu’ils pouvaient gagner plus d’argent de cette façon. Plus tard, les élus sociaux-démocrates déclaraient pendant les discours qu’ils étaient fiers d’être, disons, légalement les héritiers du parti communiste.
C’est étrange. Il y a aussi des gens qui portent des vêtements avec le visage du maréchal Josip Broz Tito, qui était le dictateur de l’ancienne Yougoslavie responsable de nombreux meurtres. Des membres de certains partis, comme celui de gauche radicale Levica, le parti néo-communiste, soutiennent la mise en avant de symboles de l’État totalitaire de la Yougoslavie, qui, après la Seconde Guerre mondiale, a tué plus de 100.000 Slovènes, alors que les responsables de ces faits n’ont jamais été jugés pour ces actes.
La Slovénie a le plus grand problème avec les gens qui croient encore aux idées erronées du régime précédent. Ces personnes sont communistes, titistes, pour la Yougoslavie. Elles ne sont pas pour une Slovénie communiste, mais nostalgiques de la Yougoslavie. Elles ont une mentalité yougoslave, pas slovène. La Slovénie n’a jamais constitué leur première option.
Lors de la guerre d’indépendance, elles se sont cachées ou enfuies. Les patriotes, les gens qui aiment la Slovénie, ont pris part au conflit armé pour libérer la Slovénie.
Puis les autres sont revenus et se sont appuyés sur les liens établis durant l’existence de la Yougoslavie, parce que le parti communiste en avait partout. Ils ont disposé des entreprises dirigées par les communistes en Slovénie et de l’argent qu’ils ont placé à l’étranger. Ils ont acheté des médias et des usines et ont commencé à propager leur idéologie.
Breizh-info : Quelle est la différence entre votre parti, le SDS, et le parti nationaliste SNS ?
Andrej Poglajen : Le SDS et le Parti nationaliste SNS de Zmago Jelinčič Plemeniti, qui n’est en ce moment pas représenté au Parlement, ont des vues similaires en ce qui concerne la lutte contre l’immigration illégale et l’idéologie anti-woke.
Nous, au SDS, nous sommes fiers de porter aussi l’héritage chrétien et démocrate-chrétien et je pense que la différence la plus importante entre le SDS et le SNS porte sur la vision de la Russie. Pour nous, elle ressemble à la dictature, au totalitarisme et même aux idées socialistes contre lesquelles nous avons lutté. Le SNS a une autre conception des choses.
Breizh-info : Ils sont plus pro-russes ?
Andrej Poglajen : Oui.
Breizh-info : Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose ?
Andrej Poglajen : C’est un plaisir de réaliser cette interview et je voudrais dire bonjour à tous vos lecteurs. Merci.
Propos recueillis par Lionel Baland
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