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Theresa May enfonce-t-elle la Russie pour embellir son bilan ?

Retrouvez ci-dessous le journal de TV Libertés du 14 mars, qui revient notamment sur la crise ouverte par les dirigeants du Royaume-Uni avec la Russie pour l’affaire de l’empoisonnement de l’ex-espion russe – alors que dans le même temps ces dirigeants ne se sont pas manifestés concernant les révélations sur les viols, l’exploitation de jeunes blanches, les meurtres passés sous silence depuis des années au sein même du Royaume-Uni car commis par des gangs pakistanais.

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Theresa May joue les gros bras. Dix jours après le supposé empoissonnement de Sergueï Skripal, un ex-agent double, le premier ministre britannique accuse toujours Moscou d’avoir commandité le crime. Ce mercredi soir, une réunion du Conseil Sécurité de l’ONU devrait se tenir pour décider des sanctions à prendre. Mardi, Theresa May n’avait pas hésité à poser un ultimatum de 24h au Kremlin pour que les autorités russes fournissent des explications, notamment sur leur programme d’armes chimiques .

Vladimir Poutine, occupé par la campagne électorale, n’a pas jugé utile de répondre directement à la dirigeante britannique. En revanche, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a joué la carte de l’apaisement tout en rejetant les accusations de Londres et en refusant de se plier aux exigences britanniques. De son côté, le porte-parole du ministère des affaires russes, Maria Zakharova a usé d’un ton plus menaçant, estimant qu’on ne posait pas d’ultimatum de 24 heures à une puissance nucléaire .

Les accusations de Theresa May reposent en réalité sur l’idée que le poison utilisé contre Skripal serait du Novichok, un puissant agent innervant inventé par les services secrets russes dans les années 70. Il n’en fallait pas plus pour la locataire du 10 Downing Street pour monter au créneau .

L’affaire est volontairement rapprochée de celle d’Alexander Litvinenko, un autre ancien espion russe empoisonné au Polonium 210 en 2006. Et tout porte à croire que le rapprochement est très opportun. En effet, cette autre affaire comportait de nombreux volets non élucidés et de nombreux détails très troublants. La photo d’Alexander Litvinenko sur son lit d’hôpital avait par exemple été publiée par une agence de communication londonienne appelée Bell Pottinger, la même structure qui aurait servi à produire des fausses vidéos de djihadistes pendant la dernière guerre en Irak. Par ailleurs, au delà de ces implications douteuses, la traçabilité du Polonium pendant plusieurs semaines au point que l’on en avait notamment retrouvé dans un avion emprunté par Litvinenko apparaît un peu gros. En effet, on peut imaginer que si les services russes voulaient éliminer un agent, ils éviteraient peut être un poison dont les traces durent aussi longtemps.

Dans le cas de Skripal, les zones d’ombre sont aussi légion. Là encore, des traces de Novichok, évidemment russe, ont été détectées dans un restaurant et un pub à Salisbury, là où s’est produit l’empoisonnement.

Les établissements ont d’ailleurs été fermés, mais bien après la découverte des traces. Les preuves de Theresa May semblent donc davantage des suppositions opportunes pour entreprendre une opération de déstabilisation à l’égard de la Russie… Problème : dans ce type de manoeuvre, il faut des alliés. Et sur ce point, si les déclarations allemandes, françaises ou américaines laissent entendre un soutien sur le principe en condamnant les pratiques d’empoisonnement. La partie est plus complexe pour Theresa May.

En effet, d’un côté Angela Merkel se débat avec la constitution de son gouvernement fait d’alliances fébriles, de l’autre, la France, dont le poids diplomatique est réduit à peau de chagrin depuis l’affaire syrienne, n’a pas d’intérêt à porter la contradiction aux Russes… Même l’ancien premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, proche d’Emmanuel Macron, a considéré que Theresa May était allé trop loin dans ses accusations contre le Kremlin au vu de son manque de preuves… Du côté de Donald Trump, le jeu est plus complexe. Si ses propos publics fournissent un appui ténu à Londres… le limogeage de Rex Tillerson après des accusations très dures à l’encontre des Russes laisse entendre la véritable position du président américain.

Pour l’heure, Londres a annoncé le renvoi de vingt-trois diplomates russes de l’île et… la non participation de la famille royale ainsi que des ministres à la Coupe du Monde de football en Russie en juin prochain.

Des sanctions sans grande importance qui laissent penser que Theresa May mise sur les apparences pour redorer son blason sur la scène internationale. En effet, le premier ministre britannique présente un bilan de plus en plus critiqué avec un solde migratoire exponentiel, un soutien sans condition aux traités de libres échanges, l’enlisement du Brexit et surtout les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite embourbée dans la guerre au Yémen…

Crédit photo : DR
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