Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Nantes : le directeur des Machines de l’île n’est pas inquiet, les contribuables sont là

Les Machines de l’île(1) vont-elles faire faillite à cause de l’épidémie de covid-19 ? La réponse est non. Comme la plupart des entreprises vivant du tourisme et du loisir, ce parc d’attraction nantais aura souffert en 2020. Fermées en période de confinement, les Machines ont aussi vu leur fréquentation chuter cet été. Cela peut étonner puisque Nantes et la Bretagne ont connu une bonne saison estivale, mais c’est ainsi : leur fréquentation a baissé de plus de 23 % en juillet-août. Pour l’année entière, Pierre Orefice, directeur des Machines de l’île a déclaré au quotidien 20 Minutes qu’il s’attend à une baisse de 55 % du nombre de billets vendus par rapport à 2019. Ce nombre passerait de plus de 740 000 aux alentours de 333 000. Les recettes de billetterie chuteraient ainsi de plus de 2,5 millions d’euros.

La billetterie représente moins de la moitié des recettes des Machines de l’île. Environ 30 % proviennent d’activités annexes : bar, boutique, accueil d’événements organisés par des entreprises, etc. Mais ces activités partagent le sort de la billetterie : elles disparaissent en période de fermeture.

La mise au chômage partiel de la plupart des salariés permet d’amortir le choc. Mais il reste tel que bien des entreprises indépendantes auraient du mal à y survivre. Pourtant, contrairement aux patrons de ces entreprises, Pierre Orefice considère avec sérénité l’effondrement de son activité. « Heureusement, on a la chance d’avoir Nantes métropole comme tutelle », a-t-il dit à 20 Minutes. « Nantes métropole nous épaulera. Je ne suis pas inquiet. »

Une structure complexe

Les choses sont un peu plus compliquées en réalité. Nantes Métropole « épaule » les Machines de l’île depuis le premier jour, non seulement en payant leurs investissements mais en versant tous les ans une subvention d’exploitation. Celle-ci bénéficie à la société publique locale (SPL) Le Voyage à Nantes, également gestionnaire, entre autres, du château des ducs de Bretagne. Une SPL est une société commerciale de droit privé qui exerce des activités relevant du secteur public.

Nantes Métropole a confié l’exploitation des Machines de l’île au Voyage à Nantes dans le cadre d’une délégation de service public (DSP). Les risques sont donc à la charge du Voyage à Nantes. L’article 1121-1 du code de la commande publique précise : « La part de risque transférée au concessionnaire implique une réelle exposition aux aléas du marché, de sorte que toute perte potentielle supportée par le concessionnaire ne doit pas être purement théorique ou négligeable. » Des subventions restent possibles, à condition que cette rémunération soit dépendante des services rendus aux usagers. La jurisprudence est stricte là-dessus.

Subventions ou pertes, c’est toujours pour le contribuable

Nantes Métropole et Le Voyage à Nantes ont passé accord pour la période 2017-2025 sur la base d’un compte d’exploitation prévisionnel. En 2019, la subvention versée par la métropole au titre des Machines de l’île a été de 1,68 million d’euros H.T. Pour 2020, un montant de 1,83 million d’euros était initialement prévu. Il sera certainement très inférieur à l’insuffisance des recettes propres de l’établissement cette année. Mais, en principe, Nantes Métropole ne pourra pas l’augmenter puisque les services rendus aux usagers se seront réduits de plus de moitié.

Le Voyage à Nantes devra donc très probablement assumer les pertes des Machines de l’île pour 2020. Tant pis pour ses actionnaires, qui devront emprunter ou remettre de l’argent au pot. Ces actionnaires, qui sont-ils ? Pour l’essentiel, Nantes Métropole et la ville de Nantes, accompagnées de quelques minoritaires : la région des Pays de la Loire, le département de Loire-Atlantique, la ville de Saint-Nazaire et quelques autres communes. Au bout du compte, donc, ce sont toujours les contribuables locaux qui supporteront les pertes.

(1) Implantées sur l’île Sainte-Anne à Nantes sur décision de Jean-Marc Ayrault, elles comprennent le Grand Éléphant, la Galerie des Machines et le Carrousel des mondes marins.

Illustration : Photo BI, droits réservés
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

Les commentaires sont fermés.

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Justice, NANTES

Anticor révèle un recours de Nantes Métropole au secteur privé pour remédier à sa propre défaillance

Découvrir l'article

Justice, NANTES

 Nantes : un membre clé du système Ayrault mis en examen

Découvrir l'article

A La Une, NANTES, Politique

Nantes Métropole s’avoue incapable de bien contrôler les bénéficiaires de ses subventions

Découvrir l'article

A La Une, NANTES, Politique

Nantes Métropole a besoin d’aide pour gérer sa dette

Découvrir l'article

A La Une, Politique

Après le « scandale McKinsey », la gabegie des contrats publics de prestations intellectuelles : en Bretagne aussi

Découvrir l'article

NANTES, Politique

Nantes : Anticor conteste le projet d’Arbre aux Hérons

Découvrir l'article

A La Une, Politique

Réunification bretonne. Face aux réticences de sa vice-présidente Anne Gallo : l’autorité et la crédibilité de Loïg Chesnais-Girard en jeu

Découvrir l'article

NANTES, Société

LGBTQIA+ : Nantes Métropole recrute pour la MACOME un co-animateur du COPIL de la DIREGAL

Découvrir l'article

A La Une, Justice, NANTES

Les marchés publics de Grenoble inquiètent Nantes

Découvrir l'article

NANTES, Politique

Nantes : l’Arbre aux Hérons remis aux calendes grecques ?

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky