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Shaina émeut car elle a été brulée vive. Mais le calvaire d’autres filles des cités continuera dans l’indifférence et le déni

Le procès du meurtrier présumé de Shaïna Hansye a commencé ce lundi 5 juin, à la Cour D’Assise des mineurs de l’Oise. L’adolescente a été assassinée à 15 ans le 25 octobre 2019. Avant cela, elle a vécu un véritable calvaire, trahie, violée, tabassée, terrorisée pendant deux ans puis de nouveau trahie, violée, poignardée pour finir brûlée vive. Mais ce n’est que par sa fin indicible que son sort se différencie de celui d’un nombre incalculable de filles des banlieues.

En 2017, à l’âge de 13 ans Shaïna tombe amoureuse d’Ahmed* âgé d’un an de plus qu’elle. Ce dernier l’attirera dans une clinique désaffectée où il l’agressera sexuellement avec deux autres racailles. Ils filment la scène, s’en vantent, la publient sur Snapchat. Elle devient la pute – ou une des putes – du quartier. Sa réputation est faite,  et ouvre la porte à tout le reste. Pour avoir porté plainte, elle subira de constantes menaces de mort. Ahmed est mis en examen et placé en centre éducatif d’où il sort le mois suivant. Dès son retour à Creil, il ne cessera de la harceler. Un jour, toujours en compagnie d’autres racailles, il la passe à tabac : coups de pieds au visage, au corps, frappée avec une béquille. Le bourreau se félicitera publiquement de lui avoir mis “un penalty dans la bouche“. Une interdiction d’approcher Shaïna sera émise… un vulgaire bout de papier dont ils se contrefoutent. L’impunité dans les quartiers dits “sensibles”, c’est ça aussi (et surtout). Pour “agressions sexuelles et violences en réunion” et “enregistrement d’images pornographiques d’une mineure”, ce joli petit monde aura écopé de peines de huit mois à deux ans… avec sursis. Ahmed attend son procès pour le lynchage.

Deux ans après ce viol, la jeune fille tombe enceinte de son nouveau petit ami, Driss* : il la poignardera, l’arrosera d’essence et la donnera aux flammes, pour ne pas “avoir d’enfant avec une pute“. Tout comme Ahmed, il s’en gausse : “je l’ai fumée“. Charlie Hebdo, qui peut difficilement être accusé de faire dans l’amalgame rapporte :  “lorsqu’un voisin de cellule lui demande pourquoi il est en prison, il aurait répondu « fièrement avec le sourire », « qu’il était là car il avait tué sa copine qui était une pute qu’il avait mise enceinte et qu’il ne voulait pas que sa mère l’apprenne car il était musulman ».”

Pressentant la dégradation, la plaque commémorative à Shaïna sur le lieu de son massacre de ne sera pas posée. On le pressent car celles en hommage à Sohane Benziane, une autre jeune fille d’une autre cité, elle aussi brûlée vive, avaient été systématiquement profanées.

Le terrifiant destin de Shaïna a ému car il a été tronqué de la pire des façons. Mais Shaïna n’est que la partie émergée de l’iceberg. La partie émergée du cauchemar que vivent un nombre incalculable de filles à l’ombre des “quartiers sensibles” et dont seul un nombre infime ose dénoncer, telle Samira Bellil, auteur de Dans l’enfer des tournantes (Folio Documents, 2003) violée en réunion dès 13 ans et pendant plusieurs années, devant, pour survivre, se soumettre au rôle d’esclave sexuelle de la cité. C’est aussi Nina violée de 16 à 18 ans dans les caves d’un HLM par au moins vingt-cinq “jeunes” de Fontenay-sous-bois, et Aurélie, dans la cave d’à côté, c’est Sandra des Mordacs, ou encore Sabrina, Camille ou Laura. Quelques prénoms qui ont déchiré le silence. Mais combien sont-elles à subir le même sort dans ces zones de non-droit où l’on mesure sa “virilité” collectivement avec “des putes qui le méritent”. Et l’on sait que pour en être, il suffit de s’écarter des paramètres culturels des bourreaux. Un mix de déification de mères soumises et enfermées, d’addiction à la pornographie et de ressentiment envers l’Occident que payent ces filles. Les filles en général. Qui a connu les années 2000 en France ne peut avoir oublié ces tournantes qui occupaient alors la Une des journaux.

Le terme tournante, emprunté au jargon des petites racailles issues de l’immigration qui en on fait un passe-temps cool permettant de mesurer collectivement leur “virilité” et de disposer de “celles qui le méritent” – des babtous ou des descendantes d’immigrés trop occidentalisées – sera d’ailleurs vite abandonné : trop stigmatisant.

Le viol collectif n’est, certes, ni nouveauté et ni une exclusivité de peuples dont la conception de la femme est peu reluisante. Mais, il faut bien admettre que ce dernier point joue pour quelque chose. Si “elles le méritent” comme les auteurs de ces viols, mais aussi les habitants des quartiers qui savent mais se taisent, ou pire, ricanent, aiment à le répéter, c’est bien qu’ils partagent une certaine vision de la gente féminine. L’absence totale de remords vis-à-vis de leurs victimes , la banalisation d’une violence répétée et perpétuée en groupe, le harcèlement et les insultes continuels envers ces proies déshumanisées en sont une preuve ultérieure.

Au nom du politiquement correct, on ferme les yeux et les portes des cités. Mais nier les évidences, ignorer les problèmes empêche d’y apporter des solutions. Traduit en noms propres, cet immobilisme donne : Shaïna, Aurélie, Laura, Sabrina, Nina, Sandra, Camille etc. Et toutes les autres, qui, dans les banlieues de France vivent un enfer dans le silence total, les militantes féministes ayant trop à faire avec les stéréotypes de genre dans les magasins de jouets.

Une tribune de Xavier Eman

Audrey D’Aguanno

http://amoyquechault2.over-blog.com/2023/06/mon-j-accuse-a-moi.html

*Pour éviter tout problème avec la justice et toute accusation de racisme, les prénoms inventés des agresseurs ont été et empruntés à Charlie Hebdo.

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4 réponses à “Shaina émeut car elle a été brulée vive. Mais le calvaire d’autres filles des cités continuera dans l’indifférence et le déni”

  1. Roland de la Tour dit :

    Merci Madame d’Aguano
    Continuez votre guerre. Vous êtes bien seule à dénoncer ces barbaries ( sans parler de notre merveilleux pays) mon administration vous est totale

  2. Mousse dit :

    A gerber ! Et a désespérer du genre humain.
    Comment peut-on vivre à côté de telles horreurs dans l’indifférence quasi generale ? Et comment peut-on défendre ces ordures jusqu’à les absoudre ?
    “Je sens monter en moi la haine….”

  3. andré dit :

    Ils ont donc un ” ressentiment vis à vis de l’ Occident ” ? Quels sont nos politiques qui envoient ces messages dans la tête de ces idiots , incapables de la moindre empathie, se vantant de leur virilité malsaine et sauvage alors qu’ils sont redevables d’un psychiatre sur ces questions ! Un de ces jours, on en retrouvera, enfin, quelques uns par terre, et on conclura à un règlement de compte de ces cités où il fait bon vivre appelées ” zones de non droit ” !

  4. patphil dit :

    ah si cette fille s’était soumise à la loi coranique … 4:34 quant aux femmes dont vous craignez la désobéissance, admonestez les, chatiez les
    le gars sera condamné (j’espère) mais il sortira dans quelques années, la petite sera 6 pieds sous terre à vie

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