Les « lourdingues » peuvent-ils gagner ?

En revenant de Marseille, je me suis arrêté près de la fontaine aux fées. Ces dames tricotaient en papotant. Ça m’a changé des vociférations entendues plus avant où la vulgarité le disputait à l’ignoble. Je ne sais pas si la « colère » jouée par un nombre maintenant restreint de manifestants justifie les propos répandus par les « tv », lesquelles ont désormais atteint le niveau supérieur entre le cucul et le gniaka.

Toujours est-il que le petit roi est désormais atomisé, perforé, ruiné, dépouillé et sodomisé par un nombre important de croquants. C’est scandaleux ! Rien ne justifie une telle haine, pas même des trous dans le bas de laine. Gavés de mensonges et de supputations, ces gens ont oublié le raisonnable. Apparemment, rien ne les fera changer… à voir les excréments qui débordent de leurs chariots de supermarchés quand ils traversent les parkings.

Depuis que la partie des GJ précisément raisonnables ont accepté de s’asseoir autour d’une table de concertation, restent, sur le « terrain », les « lourdingues »: terroristes de l’échafaud obligatoire, manipulateurs de la combine, économistes de bistrot et adeptes du faukon. Dans le journal auquel je suis abonné, on se gausse de quelques « génies des carpettes » et autres « pleurnicheurs professionnels » – et c’est juste raison – pour parler de ceux qui font la lèche aux porteurs de « chasubles ».

Une interview serait passée inaperçue dans ce fatras momentané : celle de mon excellent ami Sloterdijk (la fin, ça se prononce « daïke, comme je l’ai déjà fait remarquer). En tout cas, ce sera l’honneur de Breizh-info d’être pratiquement le seul « organe » de Bretagne et de France d’en relever l’intérêt.

Sloterdijk : « Macron n’est pas Louis XVI !  »

Qu’est-ce qu’il raconte, ce bon philosophe de Karlsruhe ? Que « Macron n’est pas Louis XVI !  ». Et alors commence sur trois pages du Point[1], une série de réponses à des questions pertinentes.  La première de ces réponses est un rappel du « Brennt Paris ? » demandé, anxieux, par un « Hitler, en rage, » au général von Choltitz. Les flammes et les crachats autour de l’Arc représentent en minuscule les espoirs dudit Führer. La seconde est une constatation au crédit de Macron : la destruction du « statut » des cheminots entendue comme la fin de « privilèges extraordinaires, du jamais vu à l’échelle mondiale en dehors des aristocraties ». La troisième réponse analyse la défense des privilèges par les GJ : ces GJ sont des gens qui « expriment la quasi-précarité de leurs modes de vie entre fausse urbanité et fausse ruralité ». Ensuite Sloterdijk charge la mule du populisme français. « Chez vous, on a l’habitude de s’autoérotiser en s’appelant le peuple. Chaque groupuscule théorisant peut devenir un comité de salut public. Et comme la France se veut, en plus, le peuple des peuples le risque d’une crise hystérique collective est assez élevé. Vous êtes les surdoués de la révolte… »

Que faire quand on est un intellectuel honni par les GJ ? Soit descendre dans la rue et se faire discrètement (gare aux coups !) observateur… soit « se retirer dans sa bibliothèque et rouvrir les livres qui semblent entretenir un rapport avec ce qui se passe dans l’actualité. » Sloterdijk a rouvert le Mikhaïl Bakhtine[2] sur Rabelais « qui décrit la fonction du carnaval dans une société stratifiée »… ce qui est très bien vu. Car le « décembre français est aussi le moment des pitres, poussés par les réseaux sociaux qui accélèrent encore la carnavalisation de l’affaire. » Et d’achever sa pensée par cet adage : « Quand tout le monde est chef ou auteur, il n’y a ni l’un ni l’autre. Il n’y a que dans le carnaval que tout le monde peut être roi – pour une journée ou cinq minutes, sur une chaîne d’information. »

Un autre livre fait la nourriture du bon Peter en ces jours d’hiver : Le Mal français d’Alain Peyrefitte, dont le diagnostic est « proverbial » : Peyrefitte parle, approuvé par Sloterdijk, de « l’immobilisme convulsionnaire » des Français qui n’ont toujours pas pu se débarrasser de « l’héritage absolutiste qui remonte à Colbert et aux grands cardinaux ».

Et alors Macron ? Lui coupe-t-on la tête ou pas ? Telle est la question… Sloterdijk rejette la comparaison avec Louis XVI. Il lui préfère la personne de Henri IV, un prince « intelligent, flexible et érudit, doué de visions globales de l’avenir, et d’une activité monstrueuse qui fatiguait ses collaborateurs. » Un roi qui a survécu à 17 attentats « pour ne succomber qu’au dix-huitième » (par Ravaillac).

En dépit des injures et des blasphèmes, notre petit roi n’a pas fini de nous étonner. Que Dieu le garde !

MORASSE

[1] Le Point, n°2415, interview de Peter Sloterdijk par Christophe Ono-Dit-Biot.
[2] Mikhaïl Bakhtine, L’oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance.

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