Au Royaume-Uni, des réductions d’impôts…mais une hausse de l’immigration record qui saborde le bilan du Gouvernement

La plus importante réduction d’impôts pour les entreprises depuis 50 ans décidée par le chancelier (équivalent de notre ministre des finances) Jeremy Hunt au Royaume-Uni a donné lieu aujourd’hui à ce qui doit être le premier article de presse favorable au gouvernement depuis le désastreux remaniement. Mais les chiffres de l’immigration, qui n’ont pas encore été officiellement publiés, laisseront certainement une impression plus durable sur la plupart des électeurs, et ils ne sont pas bons.

L’immigration nette a atteint un record de 745 000 personnes l’année dernière, malgré des années de promesses des conservateurs de réduire le nombre d’immigrés. L’Office des statistiques nationales a déclaré jeudi que l’immigration nette pour 2022 était supérieure de 139 000 personnes à ce qu’il avait estimé précédemment, notant une forte augmentation post-pandémique des personnes originaires de pays non membres de l’Union européenne qui viennent travailler dans le pays.

L’ONS a déclaré que 1,2 million de personnes ont immigré à long terme au Royaume-Uni au cours des 12 mois précédant juin 2023, dont près d’un million de ressortissants de pays non membres de l’UE, tandis que l’émigration s’est élevée à 508 000 personnes. Le rapport ajoute que l’augmentation de l’immigration non européenne est en grande partie due aux migrants qui viennent travailler, en particulier dans les secteurs de la santé et des soins, et qui amènent avec eux un nombre croissant de personnes à charge.

Trente-neuf pour cent des immigrés non européens – la cohorte la plus importante – sont venus au Royaume-Uni pour étudier, soit la même proportion que l’année précédente.

Le dernier manifeste électoral des conservateurs promettait d’utiliser moins de main-d’œuvre immigrée bon marché et de réduire l’immigration nette à partir de son niveau de 226 000 en 2019 – depuis lors, le chiffre total a plus que triplé. Cette forte augmentation a fait monter la pression sur le nouveau ministre de l’intérieur, James Cleverly, qui prépare des mesures visant à réduire les visas de travail. Parmi les mesures envisageables figurent le relèvement du seuil de rémunération des travailleurs qualifiés et la limitation du nombre de personnes à charge que les aides-soignants étrangers peuvent emmener avec eux.

L’ancienne ministre de l’intérieur Suella Braverman a qualifié ces chiffres de “gifle au public britannique qui a voté en faveur du contrôle et de la réduction de l’immigration à chaque occasion”.

Un groupe de conservateurs de droite a averti M. Sunak que la réduction de l’immigration nette était une question majeure avant les élections prévues l’année prochaine, tandis que le chef du parti travailliste, Sir Keir Starmer, a déclaré que les chiffres étaient “scandaleusement élevés”.

La hausse de l’immigration avait déjà entraîné la croissance démographique la plus rapide en Angleterre et au pays de Galles depuis plus de 60 ans. La population de ces pays a augmenté de 1 % entre la mi-2022 et l’année suivante pour atteindre 60,2 millions d’habitants, soit l’augmentation la plus rapide depuis 1962. Enoch Powell avait donc totalement raison, il y a des décennies, lui qui a été mis au ban du pays pour avoir dit la vérité sur l’immigration.

Si les prévisions se confirment, le nouveau chiffre représentera une augmentation significative par rapport au chiffre record de 606 000 enregistré l’année dernière. Les chiffres bruts de l’immigration n’ont pas encore été dévoilés, mais ils en diront plus sur l’année de changement écoulée car, comme l’expliquait il y a quelque temps Melanie McDonagh dans The Spectator, “c’est le nombre d’arrivées, et non le nombre de départs, qui a un effet sur la cohésion de la communauté”.

Ces dernières années, de telles histoires ont toujours semblé plus vivantes que les déclarations économiques de l’automne. Les Britanniques risquent également d’être sceptiques quant au fait de savoir si l’extension permanente du “full expensing”, qui permet aux entreprises de récupérer jusqu’à 25 pence pour chaque livre investie, et la réduction de l’impôt sur le revenu et de l’assurance nationale feront suffisamment d’effet sur les difficultés actuelles liées au coût de la vie.

Suella Braverman, qui vient d’être évincée et qui semble vouloir prendre la tête des conservateurs, s’assurera probablement que les nouveaux chiffres de l’immigration marquent l’esprit des électeurs en s’en servant comme d’un bâton pour frapper la première ministre. Il convient toutefois de rappeler qu’elle a été ministre de l’intérieur pendant la majeure partie de la période couverte par ces chiffres.

Mme Braverman a critiqué son ancienne patronne pour avoir ignoré “sa” demande de “réduction de l’immigration légale globale” (aucune précision n’est donnée) en renforçant les conditions d’obtention des visas. L’augmentation des prolongations de visas de travail, d’études et familiaux serait en partie à l’origine de cette dernière hausse, le Mail faisant état de 105 000 prolongations supplémentaires au cours des six premiers mois de cette année par rapport à la même période en 2022. Mais les chiffres seraient bien plus élevés que ce que de nombreux électeurs ont clairement indiqué vouloir, même si les plans de l’ancien ministre de l’Intérieur avaient été suivis.

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