On s’attendait à un long transfert déguisé ; on a eu un scénario digne de la Vuelta. Entre Potenza et Naples (227 km), la 6ᵉ étape a basculé dans le chaos lorsqu’une descente rendue piégeuse par la pluie a couché la moitié du peloton à 70 km de l’arrivée. Plus de quarante coureurs à terre, Jai Hindley – vainqueur du Giro 2022 et lieutenant de Primož Roglič – contraint d’abandonner, et une neutralisation de la course le temps d’évacuer les blessés : l’organisation n’a eu d’autre choix que de geler les écarts au général.
Relancée à l’entrée des 60 derniers kilomètres, l’étape a vécu sur le baroud héroïque d’Enzo Paleni (Groupama-FDJ) et Taco Van der Hoorn (Intermarché-Wanty), repris seulement à 2,5 km du port de Naples. Dans un sprint disputé par un groupe resserré – Mads Pedersen ayant levé le pied par prudence –, Kaden Groves (Alpecin-Deceuninck) a réglé Milan Fretin (Cofidis) et le jeune Français Paul Magnier (Soudal Quick-Step), impressionnant troisième pour son premier Grand Tour.
Les bonifications étant annulées, Pedersen conserve son maillot rose avec 17″ d’avance sur Roglič et 24″ sur son équipier Mathias Vacek. Mais la course perd un acteur majeur avec la sortie de route d’Hindley ; les cartes du Slovène chez Red Bull-Bora Hansgrohe se réduisent à une seule.
Étape 7 – Castel di Sangro ▶ Tagliacozzo (168 km) : premier examen de montagne
Vendredi, le Giro quitte la côte pour s’enfoncer dans les Abruzzes : 3 424 m de dénivelé, trois cols répertoriés et une arrivée inédite au sommet de Tagliacozzo. Rien d’alpin, mais assez pour que les hiérarchies se dessinent.
Le parcours en un clin d’œil
- Km 0 : côte de Roccarraso (7,4 km à 6,1 %) – un départ au lance-flammes, idéal pour filtrer l’échappée.
- Km 95 : Monte Urano (4,5 km à 9,4 %) – véritable mur, point de bascule possible pour distancer un favori mal placé.
- Km 148 : Vado della Forcella (6,1 km à 7 %) – dernière véritable difficulté avant le final.
- Arrivée : montée de Tagliacozzo (11,9 km à 5,5 %) – première moitié roulante, puis les 2,4 km décisifs à 9-10 % avec des passages à 13 %. Rampe finale adoucie dans les 200 m, parfaite pour un punch.
Statistiquement, la première arrivée en altitude du Giro sourit aux baroudeurs : 9 victoires d’échappés sur les dix dernières éditions. La pente modérée jusqu’à l’avant-dernier kilomètre plaide encore pour cette option, d’autant que Lidl-Trek pourra laisser filer pour prolonger le règne rose de Pedersen un jour de plus.
Parmi les candidats à l’échappée, Lorenzo Fortunato (XDS-Astana) pour consolider son maillot bleu, Pello Bilbao (Bahrain-Victorious), Jay Vine (UAE Emirates-XRG) revenu à 4′ du général, sans oublier le Français Nicolas Prodhomme (Décathlon-AG2R) ou les jeunes Italiens Brenner et Frigo.
Parmi ceux pour le classement généeal, Roglič, Ayuso, Simon Yates et Ciccone pourraient tout de même lancer une banderille dans les 2 km à 10 %. Les écarts devraient rester contenus (10-20″), mais un leader en difficulté paiera cash
Côté classement général, la vraie question est de savoir qui débutera la montée finale avec des coéquipiers. Roglič en a moins qu’hier ; Ayuso et Del Toro pourraient donc tenter un coup de Poker. Rendez-vous à Tagliacozzo pour les premiers frissons d’altitude.
A noter la deuxième victoire en deux étapes de Van Poppel sur le Tour de Hongrie, et la victoire de Lewis Askey sur la deuxième étape des 4 jours de Dunkerque.
Crédit photo : Giro d’Italia
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine